En pouvant être installées plus au large que leurs cousines « posées », les éoliennes flottantes sont susceptibles de capter des vents plus importants et plus réguliers tout en limitant les réactions de type Nimby. (©Ideol)
La ministre en charge de l’énergie Ségolène Royal a annoncé le 22 juillet les deux premiers lauréats de l’appel à projets français sur l’éolien flottant. Présentation des projets retenus.
Gruissan en Méditerranée (Quadran)
EolMed est un projet de ferme pilote de 4 éoliennes flottantes à plus de 15 km au large de Gruissan (Aude) en Méditerranée. Fournies par la société allemande Senvion, ces éoliennes (de type 6.2M152)(1) auront chacune une puissance de 6,12 MW. Le diamètre de leur rotor atteindra 152 m et la nacelle au sommet de l’éolienne pèsera près de 350 tonnes, soit autant qu’une soixantaine d’éléphants d’Afrique.
Piloté par Quadran (PME française spécialisée dans les énergies renouvelables), le consortium en charge de ce projet comprend également les sociétés Bouygues et Ideol pour l’ingénierie, la construction et l’installation du système de flotteur en béton(2). Ce dernier a été breveté par Ideol en forme d’anneau carré, creux en son centre(3). Le même système sera utilisé dans le cadre du projet Floatgen (qui doit tester un démonstrateur de 2 MW sur un site d’essai au Croisic dès 2017)(4).
Selon Quadran, les études, demandes d’autorisations et la construction devraient durer 4 ans avant la mise en service des éoliennes flottantes d’EolMed à l’horizon 2020. Après une « phase de fonctionnement expérimental » de 2 ans, elles devraient être exploitées pendant 15 à 20 ans(5).
Groix en Bretagne (Eolfi)
Le projet au large de l’île de Groix consiste en une ferme de 4 éoliennes de 6 MW de puissance unitaire. Fournies par l’américain General Electric, ces éoliennes (de type Haliade) auront des dimensions proches de celles du projet EolMed et seront situées de 13 à 14 km de la côte la plus proche.
La PME Eolfi qui a remporté l’appel à projets dans cette zone avec l’énergéticien CGN Europe Energy s’est également associée à DCNS et Vinci pour la conception et la fabrication de flotteurs semi-submersibles (et à Valemo pour la maintenance). Précisons ici que les flotteurs constituent le coeur des recherches en matière d'éolien flottant : il faut trouver un bon compromis entre la stabilité d’un flotteur et son coût (en cherchant notamment à ce qu'il ne bouge pas trop pour ne pas occasionner de fatigue excessive en tête de mât). Les éoliennes flottantes devraient être ancrées au large de l’île de Groix à partir de 2021.
Deux lauréats supplémentaires à la rentrée
Pour rappel, ces deux premiers lauréats ont été sélectionnés dans le cadre d’un appel à projets lancé par l’Ademe en août 2015(6). Celui-ci portait sur la réalisation en mer de fermes pilotes à l’échelle 1, comptant entre 3 et 6 éoliennes (avec une puissance unitaire minimum de 5 MW), dans 4 zones choisies par l’Etat : Gruissan et Groix donc mais aussi la zone du Phare de Faraman en Provence-Alpes-Côte d’Azur et au large de Leucate en Occitanie.
Les lauréats de ces deux dernières zones (avec respectivement 2 et 3 consortiums candidats à Faraman et Leucate) devraient être annoncés « à la rentrée » selon le ministère en charge de l’énergie. Tous ces projets vont bénéficier d’aides dans le cadre du programme des investissements d'avenir et d'un tarif d'achat garanti pour l'électricité produite. L’investissement d’EolMed avoisine par exemple 200 millions d’euros selon Quadran, dont 50 millions devraient provenir de subventions publiques.
Ségolène Royal a rappelé les différents objectifs fixés en matière d'éolien en mer posé et flottant : à l'horizon 2023, l'ambition est d'atteindre en France des capacités en service de 3 000 MW d’éolien offshore posé et de 100 MW d'hydrolien et d'éolien flottant. Ces objectifs sont inscrits dans la PPE actuellement en consultation(7).