Shell suspend la construction d'une usine de carburant "durable" aux Pays-Bas

  • AFP
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Le géant pétrolier britannique Shell a annoncé mardi suspendre la construction d'une immense usine de biocarburants au Pays-Bas, qui doit produire du "carburant durable d'aviation" (CDA) et du "diesel renouvelable" à partir de déchets.

Shell "va suspendre temporairement les travaux de construction" sur ce site situé à Rotterdam qui doit produire à terme 820.000 tonnes de biocarburants par an, et se trouve présenté comme l'un des plus importants projets de ce type en Europe.

Le groupe dit vouloir "assurer la compétitivité future" du site "compte tenu des conditions actuelles du marché".

Shell, qui n'a pas précisé combien de temps durerait cette pause, a rétro-pédalé ces derniers mois, comme son compatriote BP, sur certains objectifs climatiques, au grand dam des militants écologistes, mettant d'avantage l'accent sur le pétrole et le gaz pour doper ses bénéfices.

BP avait lui aussi suspendu le mois dernier deux nouveaux projets de production de "CDA et diesel renouvelable".

Shell avait en outre baissé en mars son objectif de diminution de "l'intensité carbone nette (ratio des émissions sur les volumes, ndlr) des produits énergétiques vendus d'ici 2030".

Le groupe avait déjà été fortement critiqué par les organisations écologistes l'an dernier pour avoir indiqué qu'il ne réduirait plus sa production de pétrole d'ici 2030, affirmant avoir déjà atteint, en avance, un objectif de diminution de production de 1 à 2% par an, dévoilé en 2021.

"Nous sommes déterminés à atteindre notre objectif de zéro émission nette d'ici 2050, les carburants à faible teneur en carbone étant un élément clé de la stratégie de Shell" visant à "décarboner de manière rentable", a toutefois assuré mardi Huibert Vigeveno, qui dirige notamment la branche énergies renouvelables du groupe.

Produits à partir d'huiles usagées, résidus de bois ou algues, les carburants durables d'aviation (CDA) sont utilisables en complément du kérosène (jusqu'à 50%) dans les avions actuels.

Ils sont considérés comme le principal levier de décarbonation d'un secteur qui contribue actuellement à quelque 3% des émissions mondiales de CO2, mais leur production reste balbutiante et très chère, et leur carctère durable est contesté.

La principale association de compagnies aériennes, l'Association internationale du transport aérien (Iata), a jugé le mois dernier "extrêmement ambitieux" l'objectif mondial d'une incorporation de 5% de produits d'origine non fossile dans le carburant d'aviation à l'horizon 2030.

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