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Les réacteurs nucléaires passent tous les dix ans une visite approfondie à l'occasion d'un arrêt de plusieurs mois, une étape indispensable pour leur permettre d'avoir l'autorisation de continuer à fonctionner.
La "visite décennale" a lieu lors d'un arrêt du réacteur pour une période plus longue - de l'ordre de six mois - que les arrêts habituels pour recharger le combustible nucléaire.
Ces arrêts prolongés ont lieu en général pendant l'été, lorsque les besoins en chauffage et donc en électricité sont moindres dans le pays.
À cette occasion, "EDF va effectuer des contrôles que l'on ne fait que tous les dix ans", explique Frédéric Ménage, directeur de l'expertise de sûreté à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Par exemple : des contrôles de la cuve du réacteur et des essais pour vérifier l'étanchéité de l'enceinte de confinement, la structure en béton destinée, en cas d'accident, à retenir les produits radioactifs qui seraient libérés.
"Comme l'arrêt dure longtemps, EDF va en profiter pour faire un certain nombre de modifications qui, elles, sont liées au réexamen de sûreté", souligne Frédéric Ménage.
La visite décennale est en effet une étape de ce réexamen, qui permet de vérifier que l'installation est conforme à son référentiel de sûreté mais aussi de mettre en oeuvre des éventuelles améliorations.
En France, l'autorisation d'exploiter un réacteur nucléaire est délivrée sans limitation théorique de durée mais elle est remise en question tous les 10 ans à l'occasion du réexamen. C'est à la suite de ce dernier que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) décide si elle autorise la poursuite du fonctionnement de l'installation pour une nouvelle décennie.
Mais le passage des 40 ans est particulièrement important: certains matériels avaient été conçus sur la base d'une hypothèse de quarante années de fonctionnement, alors qu'EDF souhaite désormais pousser ses réacteurs jusqu'à 50 et même 60 ans pour la plupart.
L'ASN veut aussi qu'un certain nombre de mesures prises après l'accident de Fukushima soient finalisées.
Hormis les réacteurs de la centrale de Fessenheim, qui est promise à la fermeture, ceux du Tricastin sont les plus anciens du parc français avec ceux de Bugey. C'est le réacteur numéro 1 du Tricastin, mis en service en 1980, qui inaugure actuellement le nouveau cycle des quatrièmes visites décennales.
L'ASN devrait se prononcer sur le Tricastin environ 18 mois après la fin des travaux, soit vers 2021. Elle pourrait alors éventuellement demander des travaux complémentaires, qui seraient réalisés lors d'un arrêt prévu en 2023.