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L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a indiqué mardi discuter avec EDF d'un changement du planning des arrêts pour maintenance des réacteurs nucléaires, retardés par la crise sanitaire, afin de garantir une production d'électricité suffisante cet hiver.
"La difficulté actuelle à intervenir et à mobiliser les prestataires fait que les tranches qui sont à l'arrêt ont des arrêts qui sont plus longs, beaucoup plus longs que prévu", a observé Bernard Doroszczuk, président de l'ASN, devant la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat.
Au 21 avril, EDF comptait treize réacteurs (sur 57) en arrêt pour maintenance, selon l'ASN. Trois avaient en outre connu un arrêt fortuit à cette date, et encore trois autres étaient arrêtés pour économiser le combustible. Les arrêts des réacteurs pour maintenance sont habituellement effectués pendant le printemps et l'été, permettant un redémarrage pour l'automne et l'hiver, lorsque la demande en électricité est la plus forte.
"C'est cette disponibilité des tranches nucléaires à partir de novembre et jusqu'en février qui risque d'être compromise par le fait que les réacteurs qui devaient être mis à l'arrêt au printemps ne peuvent pas l'être dans les temps qui étaient prévus et que les arrêts sont plus longs", a poursuivi Bernard Doroszczuk.
Le décalage dans le planning "peut poser un problème en terme d'équilibre en termes d'offre et de demande d'électricité" cet hiver, a-t-il reconnu. L'ASN juge d'ailleurs que le décalage actuel des arrêts se fera sentir jusqu'en 2021/22.
Le gouvernement, qui avait réuni la filière nucléaire vendredi, s'est d'ailleurs inquiété de cette question cruciale dans un pays où la production d'électricité est à plus de 70% issue de l'atome.
Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne, a ainsi souligné "l'importance d'une bonne coordination des arrêts de réacteurs nucléaires dans les semaines et mois à venir pour travaux de maintenance et rechargement en combustible, afin de maximiser la disponibilité du parc de production pendant l'hiver", selon un communiqué publié mardi.
Face à ces difficultés, EDF a présenté à l'ASN une stratégie consistant en un report de quelques mois de certains arrêts ou encore à "sauter" d'autres arrêts prévus pour un simple rechargement partiel du combustible.
"Le report de l'arrêt ne pose pas difficulté du point de vue de la sûreté" et le saut de certains rechargements est "envisageable" et "pas particulièrement défavorable en matière de sûreté", a jugé M. Doroszczuk. "Nous discutons" de ces éléments, a-t-il ajouté.
Il a en revanche jugé "essentiel" que "EDF maintienne des marges" dans ses prévisions pour passer le pic de consommation hivernal, afin de prendre en compte la possibilité d'un problème grave sur un ou plusieurs réacteurs.