Le prix du pétrole en baisse, l'économie l'emporte sur la géopolitique

  • AFP
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Les prix du pétrole restaient dans le rouge jeudi, les investisseurs se concentrant sur les perspectives économiques américaines mitigées alors que les tensions géopolitiques persistent et que de nouvelles séries de sanctions sont imposées.

Augmentation des stocks de brut américain

Vers 09h30 GMT (11h30 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en juin perdait 0,63% à 86,74 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en mai, baissait de 0,68%, à 82,13 dollars.

Les prix des deux références mondiales plient "face aux préoccupations macroéconomiques générales", commente Ole Hvalbye, analyste chez Seb.

Si l'analyste admet que "la récente chute des prix peut paraître quelque peu surprenante", il rappelle que la veille, l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), a fait état d'une quatrième hausse hebdomadaire d'affilée des stocks de brut aux Etats-Unis, de 2,7 millions de barils cette fois.

L'augmentation des stocks américains a tendance à peser sur les prix du brut.

Sanctions

Les investisseurs gardent également en tête le récent rebond de l'inflation aux États-Unis, ce qui pourrait conduire à un prolongement de la politique monétaire agressive de la banque centrale américaine (Fed), faute d'avoir jugulé la hausse des prix. Néanmoins, les tensions géopolitiques après l'attaque lancée contre Israël le week-end dernier restent scrutées par le marché.

Les États-Unis vont imposer de nouvelles sanctions visant l'Iran, a annoncé mardi la Maison Blanche, indiquant "s'attendre" à ce que ses alliés fassent bientôt de même. Le G7 doit montrer "une réaction" après l'attaque "sans précédent" de l'Iran contre Israël, a aussi estimé jeudi la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock lors d'une réunion du forum en Italie.

Ole Hvalbye souligne cependant "l'incertitude entourant l'application de ces sanctions", jetant un doute sur la probabilité d'un arrêt complet des exportations iraniennes. "Environ 80% des exportations iraniennes sont destinées à des raffineries indépendantes en Chine, ce qui suggère que les sanctions américaines pourraient avoir une efficacité limitée si la Chine ne s'y plie pas", explique-t-il.

En parallèle, les États-Unis ont annoncé mercredi réimposer des sanctions contre les secteurs pétroliers et gaziers vénézuéliens, estimant que le gouvernement du président Nicolas Maduro poursuivait sa politique de répression de l'opposition.

L'administration du président Joe Biden revient ainsi sur l'allègement des sanctions annoncé dans le sillage d'un accord conclu en octobre entre les représentants du président Maduro et ceux de l'opposition sur la tenue, au cours du 1er semestre, d'une élection présidentielle libre et équitable.

Les exportations vénézuéliennes "devront être vendues avec une décote pour attirer les acheteurs chinois de pétrole brut, étant donné que les raffineurs indiens et les grandes sociétés chinoises éviteront à nouveau les cargaisons vénézuéliennes", affirment les analystes de DNB.

"La réimposition des sanctions américaines est un revers évident pour l'industrie pétrolière nationale", notent-ils, bloquant selon eux les perspectives de croissance de la production.

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