Hausse des signalements de fraude ou de contrefaçons dans la filière nucléaire en 2024

  • AFP
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En 2024, 71 situations d'irrégularités liées à des contrefaçons, falsifications ou suspicions de fraude dans la filière nucléaire ont été examinées par l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), un chiffre en forte hausse par rapport à 2023, mais qui traduit, selon le gendarme des centrales, une surveillance améliorée au sein du secteur.

3 irrégularités signalées à la justice

Parmi ces cas, "les plus marquants", au nombre de trois, comme en 2023, ont fait l'objet d'un signalement "à la justice". Sur le total, 71 situations d'irrégularités ont été instruites par l'ASNR en 2024, une hausse importante par rapport aux 43 cas signalés en 2023, mais paradoxalement vue comme positive par l'ASNR.

"Cette augmentation entre 2023 et 2024 doit plutôt être vue comme une bonne nouvelle, car la grande majorité des dossiers que nous avons instruits nous ont été apportés par les exploitants" d'installations nucléaires, a souligné mardi Stéphanie Guénot-Bresson, commissaire à l'ASNR lors de la présentation des vœux à la presse de l'autorité.

"Ce qui signifie que le travail avec eux pour améliorer la surveillance de la filière a porté ses fruits", a-t-elle indiqué.

Ces cas peuvent être remontés soit par les exploitants eux-mêmes, comme EDF ou Orano (ex-Areva), soit par le biais du système d'alerte interne de l'autorité.

Parfois « des écarts à la qualité »

En 2024, les cas les plus courants, comme en 2023, ont concerné par exemple "des gens dans des centrales qui déclarent avoir fait tel ou tel geste technique", comme un resserrage de boulon ou un contrôle de radioactivité, "et quand on contrôle, on s'aperçoit qu'ils ne l'ont pas fait", a illustré Christophe Quintin, inspecteur en chef à l'ASNR.

"Nous n'étions pas toujours sur des fraudes, mais parfois sur des écarts à la qualité", a relevé Mme Guénot-Bresson.

Début 2024, l'Autorité de sûreté nucléaire (devenue ASNR) avait alerté sur le fait de voir ce risque de fraude devenir "potentiellement plus important" sur fond de relance de l'atome en France. Le gendarme de la sûreté avait notamment évoqué parmi les cas "des résultats d'essais qui sont modifiés pour pouvoir être déclarés conformes".

"L'ASNR restera encore vigilante quant à la mise en œuvre des engagements pris par EDF et la filière pour améliorer la qualité et le bon du premier coup aux standards du nucléaire", a déclaré Pierre-Marie Abadie, président de la nouvelle autorité unique issue de la fusion au 1er janvier de l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et de l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).

Commentaires

Serge Rochain
C'est la premiere raison qui rend le nucléaire dangereux. Une négligeance restera toujours sans grande consequence que n'importe quel autre systeme de production d'électricité, mais dans le nucléaire, une négligence de même importance par elle même que la précédente peut conduire à des catastrophes d'une ampleur sans comparaison possible avec ce que peut occasioner la même négligence dans un autre système de production d'électricité.
Marfaing
Loi de Murphy et coût des externalités du nucléaire civil Cette loi stipule : « S'il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu'au moins l'une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu'un quelque part pour emprunter cette voie. » Ce n’est ni sarcastique ni pessimiste mais la réflexion naturelle de tous les ingénieurs dans leurs projets industriels. Essayer d’envisager toutes les éventualités. Sauf que, entre une usine agroalimentaire et un réacteur nucléaire les risques amont et aval ne sont pas les mêmes en terme de coûts. Quelques exemples : Qui peut dire avec exactitude les coûts de stockage des déchets nucléaires ? La centrale nucléaire de Hamm-Uentrop, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, à l'arrêt depuis 1989, est en train de devenir une charge historique coûteuse pour les pouvoirs publics. Le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (NRW) doit maintenant s’en occuper et mandater des entreprises pour organiser le démantèlement de l'installation à la place de la société exploitante en faillite. Selon les estimations, le coût du démantèlement s'élève à un milliard d'euros. En France une provision de 400 millions est dans les comptes d’EDF pour le démontage et démolition d’une centrale. Or la France n’a à ce jour encore aucune expérience d’un démantèlement complet ! Les estimations du gouvernement japonais pour les coûts liés à la catastrophe de Fukushima couvrant le démantèlement, la décontamination et les compensations, s’élevaient 223,1 milliards d’USD 2021. Un institut japonais indépendant et réputé, le JCER, publie en 2019 des estimations qui vont de 322 à 758 milliards d’USD 2021. Où va-t-on réellement aujourd’hui ? En Allemagne, l'exploitation minière de Bismuth en RDA destinée au développement de l’arme atomique soviétique est cédée en 1991, après la réunification de l’Allemagne par l’URRS. Cette dernier accepte en échange d'une exemption totale aux travaux de réhabilitation et de réparations des dégâts environnementaux. L'assainissement a coûté jusqu'à présent 6,9 milliards d'euros, payés bien sûr par les impôts et non par la facture d'électricité.

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