Gaz de couche en Moselle : quatre associations écologistes attaquent le décret d'autorisation

  • AFP
  • parue le

Quatre associations écologistes ont annoncé lundi attaquer devant le Conseil d'Etat le décret gouvernemental pris en novembre autorisant l'extraction de gaz de couche en Moselle par la société La Française de l'Energie.

Selon les associations Amis de la Terre France, APEL57, Lorraine Nature Environnement et le Collectif de Défense des Bassins Miniers Lorrains, l'exploitation de ce gaz retenu prisonnier dans les veines de charbon est "fortement émettrice de gaz à effet de serre" et a un impact "considérable sur l'artificialisation des sols et la ressource en eau".

"Alors que la France s'était engagée à sortir progressivement de l'exploitation des hydrocarbures, ce projet est à rebours complet de l'histoire et des préconisations scientifiques", a déclaré Marieke Stein, de l'APEL57, citée dans un communiqué.

Les associations s'inquiètent également des conditions d'exploitation du gaz de couche, estimant que La Française de l'Energie "n'a pas démontré ses capacités techniques" à recourir à une autre méthode que la fracturation hydraulique, interdite en France.

"Cela fait des années que la Française de l'Energie s'acharne sur ce projet alors qu'aucune des techniques d'extraction qu'elle a testées ne s'est révélée sûre pour l'environnement ni à même d'extraire ce gaz de façon rentable", pointe Juliette Renaud, des Amis de la Terre France.

Dans un premier temps, en avril, l'Etat avait refusé d'octroyer un permis d'exploitation à l'entreprise, arguant notamment que les "essais de production" n'avaient pas été "probants", et que La Française de l'Energie n'avait pas démontré sa capacité technique à mener à bien le projet.

Mais la société avait contesté en justice cette décision. Le tribunal administratif de Strasbourg lui a donné raison en juillet, et le gouvernement a finalement octroyé un permis en novembre. C'est contre ce permis que les quatre associations forment un recours devant le Conseil d'Etat.

Parallèlement, l'Etat ayant fait appel de la décision du tribunal administratif de Strasbourg, les quatre associations s'associent à la démarche et devraient présenter une "intervention volontaire" devant la Cour administrative d'appel de Nancy. "Il est très inquiétant de voir que la justice ait contraint l'État à accorder un permis jugé déraisonnable par des services qui en ont étudié la teneur pendant des années", a déploré dans un communiqué le Collectif de Défense des Bassins Miniers Lorrains.

En 2021, une soixantaine d'élus locaux avaient signé une pétition demandant au gouvernement l'arrêt de ce projet.

Commentaires

Weider Guy
Je relève ds ci-dessus: “….. ce gaz retenu prisonnier dans les veines de charbon est "fortement émettrice de gaz à effet de serre"” La question à se poser : si on ne fait rien, et si on ne capte pas ce méthane associé aux filons de charbon, ce gas de couche risque de s’échapper ds l’atmosphère, car le côté “prisonnier” n’est pas tj très efficace . Un survol par drone équipé de capteurs ad hoc pourrait démontrer ça ! A investiguer ! Slts Guy
Blaizot
Il faut faire attention à ce dont on parle. Il s’agit ici principalement de gaz de veine (CBM coal bed methane en américain ou CSG coal seam gas en australien) : le méthane est adsorbé dans le charbon retenu prisonnier dans la maille moléculaire du charbon. Pour le produire il faut le désorber en diminuant très fortement la pression par pompage :au début que de l’eau ( qu’en fait on ? De cette eau très salée) puis progressivement le méthane. On a bien augmenté de facto un gaz qui ne serait jamais arrivé en surface puis à l’atmosphère . Dans ce cas les écologistes ont raison Ne pas confondre avec le gaz de galerie qui lui se trouve présent dans les anciennes galeries sous forme libre et qui lui arrivera un jour ou l’autre à la surface. Dans ce cas les écologistes ont tort. Cette deuxième option est exploitée dans le Nord de la France par la Française de l’Energie mais dans le cas de la Lorraine il me semble qu’on parle de la première option ( CBM).
Energie+
Le sujet est très documenté au plan scientifique puisque plusieurs pays, dont historiquement les Etats-Unis parmi les premiers, utilisent le gaz de charbon Le méthane de houille se forme généralement en raison de la maturation thermique du kérogène et de la matière organique. Les variables dépendent de la porosité du charbon de telle ou telle mine, des conditions d'environnement (eau, pression etc), des taquets de retenue des veines etc Si on ne capte que le méthane qui s'échappe et si on capte le C02 de l'éventuelle combustion très bien, d'autant que l'on peut dire, même si ce n'est pas exact à terme, que c'est d'une certaine manière "renouvelable" grâce au processus bactérien souvent lié à la présence d'eau (mais pas recyclable donc ne répondant pas à la définition exacte renouvelable) Ce processus est d'autant plus actif en présence d'eau. Lors de l'exploitation elle est pompée, peut être filtrée par osmose et utilisée ou réinjectée avec ses sels souvent polluants dans la mine et on peut trouver des usages aux composants mais çà dépend des coûts Malheureusement et hormis le cas de la production naturelle du méthane des mines de charbon et de son exploitation bénéfique pour éviter des émissions naturelles et éviter des risques d'explosion, quand on commence à faire des forages et autres types d'exploitation comme dans le cas des gaz de schistes, on a des fuites de méthane, des risques de pollution, des vidanges d'aquifères sains, des surcoûts, et pas vraiment de solution pour obtenir une exploitation satisfaisante. La géothermie EGS mieux que l'exploitation invasive du méthane de charbon Tout dépend des puits et des variables locales mais il est probable que dans la région concernée et malgré les problèmes rencontrés lors de forages géothermiques qui ont été menés trop rapidement par une entreprise pressée qui a dû changer de nom vus ses déboires et ont eu des conséquences néfastes, il soit bien plus pertinent de faire de la géothermie EGS (enhanced geothermal systems) avec toute la technologie la plus avancée et la prudence nécessaires et récupérer si possible des minéraux utiles plutôt que de chercher à faire produire plus de méthane à des puits de mines par des méthodes dont on n'arrive pas à traiter tous les problèmes générés alors que l'on ne manque pas d'expérience depuis le temps Les écologistes ont donc très probablement raison même si il faut regarder chaque site et les méthodes précisément employées car parfois il peut y avoir des confusions
ant
En effet Guy, tout l'intérêt de capter ce gaz c'est qu'à terme le méthane va se retrouver dans l'atmosphère... avec un pouvoir de réchauffement bien supérieur au CO2 qui sera émis par sa combustion ! Mais ça, nos apprentis écolos NIMBY ne veulent pas l'entendre. Ils sont décroissants par idéologie, il s'opposent à l'énergie comme moteur de la croissance par principe.
Gilles
Il vaut mieux acheter du gaz aux USA, en Algerie ou... en Russie plutôt que de le produire en France. C'est une logique APEL57 ou peut-être qu'ils veulent qu'on le produise un peu plus loin. C'est comme le TGV ou l'autoroute qui ne doit pas passer près de chez soi, mais pas trop loin.
freudon Saké
Super, c'est tellement mieux d'importer du gaz du Qatar et des chaudières et des gazinières, d'avoir des serres au gaz et des PMI... Pays de bouffons !

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