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La tarification du carbone est nécessaire pour financer la transition énergétique dans un contexte de forte inflation et d'endettement élevé, a alerté mercredi la numéro deux du FMI, Gita Gopinath, mettant également en garde contre une escalade des subventions "vertes".
"Nous devons vraiment mettre la tarification du carbone sur la table, malgré tous les problèmes politiques qui l'entourent", a déclaré la directrice générale adjointe du Fonds monétaire international. "Nous ne pouvons pas considérer les subventions comme un substitut complet aux taxes sur le carbone", a-t-elle souligné, lors d'une conférence au Peterson Institute for International Economics (PIIE) à Washington, regrettant que "les discussions (ne) semblent porter sur les seules subventions et non sur les prix".
Or, "sur le plan budgétaire, la tarification du carbone fait une énorme différence par rapport aux subventions", a-t-elle détaillé, car cela fait augmenter les revenus, qui pourront être utilisés "pour aider les ménages et les entreprises touchés par cette transition", et cela permet de réduire la dette.
Le prix du carbone est aussi "très efficace pour canaliser les investissements là où ils doivent aller et fournir les bons types d'incitations aux acheteurs pour qu'ils passent d'un type d'énergie à un autre", a relevé Mme Gopinath.
Une tarification du carbone équivaut à acheter un "permis de polluer" pour couvrir les émissions de CO2. L'Union européenne, notamment, vient d'élargir son marché carbone, le plus ambitieux du monde, créé en 2005 et qui s'applique pour l'heure à 40% des émissions du continent.
Par ailleurs, a noté Mme Gopinath, le risque de voir les taux d'intérêts continuer à augmenter "dépend beaucoup de la manière dont nous finançons la transition verte" : "Le faisons-nous en empruntant ? Ou en appliquant un prix au carbone ?" La numéro deux du FMI juge néanmoins qu'"il y a lieu de fournir des subventions" et "pense que personne ne peut le contester". Elle a notamment évoqué le "besoin de beaucoup plus d'innovation". Mais "nous devons vraiment éviter une course aux subventions", a-t-elle mis en garde.
Le risque ? Que les pays riches "déploient largement des ressources" conduisant à "des subventions beaucoup plus coûteuses (...) que nécessaire" et laissant "sur la touche" les pays plus petits ou avec moins de moyens financiers.
Le grand plan climat du président Joe Biden aux États-Unis avait ainsi provoqué l'ire de l'Union européenne, en accordant des subventions pour l'achat de véhicules électriques neufs fabriqués aux États-Unis. Au terme de plusieurs semaines de négociations, ces conditions ont été élargies à certains véhicules produits à l'étranger.