En Guyane, un projet de centrale thermique d'EDF fait débat

  • AFP
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Un projet de centrale thermique, convertible au gaz, porté par le groupe EDF dans la commune de Matoury en Guyane, fait débat dans le territoire français d'Amérique du sud, où il sera situé dans une zone soumise aux inondations

Ce projet de centrale au fioul de 500 millions d'euros classée "Seveso seuil bas", a fait l'objet d'une enquête publique qui s'achève ce lundi. Il a été codécidé par la préfecture de Guyane, la collectivité territoriale de Guyane (CTG) et validé par l'ancien ministre de la transition énergétique Nicolas Hulot.

La centrale dite du "Larivot", d'une capacité de 120 MW, n'a pas encore obtenu d'autorisation environnementale. Elle doit remplacer l'actuelle centrale "extrêmement vétuste et obsolète", selon la préfecture de Guyane, mise en service en 1982 à Rémire-Montjoly et maintenue grâce à des dérogations successives jusqu'à 2023 malgré des fortes émissions polluantes.

EDF annonce "des retombées économiques de l'ordre de 100 millions d'euros pour la Guyane", "environ 250 emplois" en phase de construction, "dont au moins 20 % d'emplois locaux", notamment pour des postes de coffreurs, monteurs, tuyauteurs-soudeurs.

Un oléoduc sous-terrain de 14 kilomètres traversant Cayenne, Rémire-Montjoly et Matoury permettrait l'approvisionnement de la centrale en combustible importé d'Europe et déchargé au Grand port maritime de la Guyane.

"Par ce projet, nous rendons notre modèle de production et de consommation dépendant des énergies fossiles importées à grands frais et peu résilient face aux crises", a déploré Guyane nature environnement. L'Autorité environnementale avait craint dans un avis de décembre 2019 que ce projet isolé d'une centrale au fioul ne "présente un risque élevé de non-respect de la loi" sur la transition et l'autonomie énergétiques voulue dès 2030 dans les Outre-mer.

Mais pour EDF "plus que dans d'autres territoires, la production thermique d'électricité joue un rôle crucial en Guyane" pour "compenser les fluctuations" de la production du barrage hydroélectrique de Petit-Saut (40 à 60% de la production électrique) et du solaire.

La localisation du site en zone naturelle et marécageuse, sous risques d'inondations et de submersion marine fait aussi débat. "Le site a été retenu" sans "évaluation environnementale et enquête publique" préalables, a objecté l'autorité environnementale.

EDF s'est engagé à "éviter, réduire et compenser" les impacts environnementaux. Mais le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel de Guyane et le Conseil national de la protection de la nature ont rendus un avis défavorable au projet.

Le comité de l'eau et de la biodiversité de Guyane s'inquiète également de la manière dont "EDF prévoit la préservation de la continuité écologique, compte-tenu de la richesse écologique de cette zone". L'Autorité environnementale estime aussi que cette centrale "risque de rendre dissuasif économiquement l'appel à des moyens alternatifs de production à partir d'énergies renouvelables (Enr)".

EDF, qui prévoit d'associer un parc solaire à sa centrale, avait racheté en 2017 pour 15 millions d'euros ce patrimoine foncier (110 hectares) à la Société sucrière et agricole de la Guyane. La localisation présente "un environnement favorable au projet", selon la CTG.

Commentaires

Serge Rochain
Encore du fossile et de plus importé à grand frais depuis l'autre rive de l'Atlantique !!! Tout ça pour alimenter en électricité, non pas une ile sans ressources, mais UN CONTINENT qui ne dispose de moins de richesse que celui d'où lui viendra sa source d'énergie….. on est chez les fous. Serge Rochain
Valentin Mathieu
La Guyane est bien une "île électrique" son réseau est comparable à celui d'une île, non interconnecté et relativement peu maillé. Sur ce type de système il est compliqué d'arriver à 100% d'EnR sauf si on accepte d'avoir plus de coupures d'électricité (en l'état actuel du réseau). Le remplacement d'une vieille centrale thermique par une autre pourrait apporter plus de stabilité à ce système et donc au final permettre plus de production EnR.
Serge Rochain
Le fait d'être un continent et non une île, permet d'importer de beaucoup plus près que d'Europe… la Guyane des voisins producteurs d'hydrocarbure, sans compter que ceux importés d'Europe, seront déjà importés du moyen orient…. on n'est pas loin de faire faire le tour le la Terre au mazout guyanais… je suis perplexe.
Blaizot
Pourquoi “de l’autre rive de l’Atlantique””? L’Amérique du Sud est riche en pétrole : Colombie, Venezuela et depuis peu les énormes découvertes offshore du Guyana tout proche.Exxon parle de 8 Milliards de barils récupérables. Et l’exploration de Total semble en bonne voie aussi au Suriname . Donc possibilité de projets complets locaux avec exploitations offshore, raffineries vénézuéliennes ou nouvelle au Guyana et consommation dans la région dont Guyane Fr
Serge Rochain
Pourquoi "de l'autre rive de l'Atlantique "? Ce n'est pas moi qui le dit, c'est dans l'article : Un oléoduc sous-terrain de 14 kilomètres traversant Cayenne, Rémire-Montjoly et Matoury permettrait l'approvisionnement de la centrale en combustible importé d'Europe et déchargé au Grand port maritime de la Guyane.
blaizot
oui j'ai bien vu et répondais aussi à l'auteur de l'article : EDF prendra le pétrole/fioul disponible le moins cher ; pas de raisons, vu les nouvelles découvertes américaines d'aller chercher cela en Europe ; il faudrait d'ailleurs arrêter cette économie coloniale et insérer la Guyane Fr.en...Amérique. EDF l'a bien fait à la Guadeloupe puisque la centrale thermique de Moule (Pointe à Pitre) est désormais alimenté en charbon colombien et non plus européen.
Romain
La centrale thermique du Moule appartient à Albioma et non EDF. Et question interconnexion, on repassera, les autres pays d'amérique du sud ne sont pas soumis au réglementation européenne sur les rejets atmosphériques, pas de réduction de NOx, et combustible très fortement soufré.
Roland CHARLOU
Continuons à marcher sur la tête... de nos enfants...
Blaizot
Je n’ai pas parlé d’interconnections électrique mais d’intégration régionale. C’est principalement du charbon aujourd’hui mais la conversion aux déchets de canne à sucre est en bonne voie...et c’est bien EDF qui rachète ce courant. Bien sûr il serait plus judicieux d’augmenter les capacités de la géothermie à Bouillante mais la dessus la France n’a plus la main, le BRGM ayant vendu l’operating et une grande partie de ses parts aux américains ( ORMAT) . C’est la seule centrale électrique géothermique française. Un petit bijou (16 MW) qui tourne comme une montre suisse ( dispo de 95% ; 100 GWh par an). ORMAT veut faire une extension à 25 MW puis une autre Centrale pour 45 MW en tout. Mais est ce que les écologistes vont les soutenir ? Plusieurs nouveaux forages profonds seront nécessaires....

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