Débat public sur les projets d'éoliennes flottantes en Méditerranée : de la curiosité et des doutes

  • AFP
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Beaucoup de questions mais encore peu de réponses : le débat public sur le projet d'installation d'éoliennes flottantes en Méditerranée suscite de la curiosité mais aussi des doutes face à l'absence de retour d'expériences et à un calendrier très resserré.

La concertation, entamée le 12 juillet et prévue jusqu'au 31 octobre, a reçu "un accueil très positif", avec un public qui avait une "appétence pour les questions environnementales et l'énergie", a assuré auprès de l'AFP le président de la Commission particulière du débat (CPDP), Etienne Ballan, avant d'en dresser un premier bilan mercredi soir à Marseille.

Au cœur des discussions : l'implantation de deux sites de 750 mégawatts (MW) chacun, dans le Golfe du Lion, entre Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Perpignan (Pyrénées-Orientales), soit une cinquantaine d'éoliennes flottantes sur chaque site, de 260 à 270 mètres de haut chacune.

Selon les pouvoirs publics, ces installations pourront alimenter annuellement près de trois millions d'habitants, alors que pour lutter contre le réchauffement climatique et diversifier sa production électrique la France vise 40% d'énergie renouvelable en 2030.

Les éoliennes flottantes sont privilégiées en Méditerranée, où la mer est trop profonde pour accueillir des éoliennes posées comme à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), où le premier parc offshore de France devrait entrer en service fin 2022. "On est loin d'une opposition pour ou contre. On a eu beaucoup de questions nuancées", insiste M. Ballan, sociologue et urbaniste, à propos des "plusieurs milliers" de personnes qui se sont prononcées cet été autour de stands montés dans les villes du littoral et d'ateliers thématiques.

Trois fermes pilotes

"Ils n'achètent pas le projet comptant. Beaucoup se demandent si le jeu en vaut la chandelle et relèvent la fragilité du milieu méditerranéen", note-t-il: pour certains, "les objectifs climatiques ne doivent pas conduire à une perte de la biodiversité". Pourquoi pas aller vers plus de sobriété au lieu de construire de nouvelles centrales électriques, même s'il s'agit d'énergie renouvelable ? N'existe-t-il pas des solutions moins visibles ? Pourquoi ne pas attendre le retour d'expérience des fermes pilotes ? Les interrogations sont nombreuses et se heurtent au peu d'études sur l'impact de cette technologie encore récente.

En Méditerranée, trois fermes pilotes de trois éoliennes sont attendues d'ici 2022-2023 au large de Gruissan et Leucate, dans l'Aude, et de Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône). Pour cette dernière, l'Autorité environnementale a rendu un avis prudent en s'interrogeant sur l'impact sur la biodiversité, tandis que l'inquiétude monte chez les pêcheurs.

"Nous n'avons aucun retour d'expérience, il est donc difficile de se prononcer, mais ce qui est sûr c'est que cela représentera une perte de zone pour les pêcheurs", abonde auprès de l'AFP Bernard Perez, président du Comité régional des pêches d'Occitanie. "Les gens s'interrogent sur l'accélération du calendrier, alors que les fermes expérimentales ne sont même pas construites", concède M. Ballan.

La synthèse de ce débat public sera publiée en décembre et l'État devrait y répondre dès mars 2022, quelques semaines à peine avant l'élection présidentielle. À Caen (Calvados) ou encore Malo-les-Bains (Nord), aux portes de Dunkerque, des manifestations ont rassemblé en juin plusieurs centaines de personnes hostiles à des projets de parcs éoliens offshore. Les contestations sont aussi très vives dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) où doivent être érigées 63 éoliennes pour une mise en service prévue fin 2023.

Commentaires

Jean BLIN
Et aucune ferme "pilote" prévue devant l'une des stations balnéaires de la Côte d'Azur comme Nice, Cannes, Saint Trop' ou Monaco ? Pas plus qu'un futur site de éoliennes face à ces mêmes plages qui voient foncer canots Riva et régater yacht à voile de prestige devant des yacht à moteur à l'ancre plus longs et plus luxueux les uns que les autres ?
Leygonie
Avant tout est il pertinent de développer inconsidérément de soyons de production intermittents et cela dans un. milieu fragile.
Schricke
Toujours la même question, toujours sans véritable réponse: Quel est le coefficient de performance de ces éoliennes ? C'est à dire, en fait, combien de temps par an ces dispositifs produiront-ils de l'énergie ? Et comment remplit-on les "trous dans la raquette" ?... et à quel prix ? Combien de centrales à gaz faudra-t-il prévoir pour compenser les périodes improductives ?

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