Cet été, une « occasion unique » de parler de l'avenir énergétique de la France, selon la Commission nationale du débat public

  • AFP
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Une concertation organisée par le gouvernement après les élections législatives devrait fournir aux Français "une occasion un peu unique" de s'exprimer sur l'avenir énergétique de leur pays, notamment sur le sujet du nucléaire, a souligné lundi Chantal Jouanno, qui préside la Commission nationale du débat public (CNDP).

Alors qu'EDF a demandé la tenue d'un débat public pour construire deux réacteurs EPR à Penly (Seine-Maritime), la CNDP avait souhaité la tenue préalable d'une concertation nationale plus générale sur l'énergie en France, abordant toutes options et questions.

Le Premier ministre lui a répondu le 11 février, annonçant "une grande concertation nationale" sur les choix énergétiques, qui devrait avoir "lieu juste après les élections législatives" de juin, sur trois à quatre mois, a indiqué Mme Jouanno lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'environnement (AJE). "C'est bien, parce que c'est vraiment utile", a-t-elle commenté. "Le gouvernement reste l'organisateur de ce débat", la CNDP n'est pas saisie mais le conseille.

Le public s'exprimerait ainsi sur le système énergétique et la production mais aussi la consommation, la place du nucléaire, ou encore la question du gaz, a expliqué Ilaria Casillo, vice-présidente de la CNDP. Avec parmi les critères, prône-t-elle : "sortir du débat d'experts, et toucher ceux qui seront là dans 40 ans". Pour Chantal Jouanno, "c'est une occasion un peu unique, une vraie occasion de se mettre autour de la table et d'en parler, à un moment très stratégique".

Ensuite alors le débat sur Penly pourra avoir lieu, qui abordera aussi l'ensemble des projets d'EDF, la question des coûts, des déchets etc., explique la CNDP. Ces concertations devraient servir en vue de la loi de programmation attendue d'ici juillet 2023. Le 10 février, le président Emmanuel Macron a annoncé son intention de construire six nouveaux EPR, avec des études sur huit de plus. Le seul réacteur EPR en construction actuellement est celui de Flamanville (Manche), très en retard.

Sujet très sensible, le nucléaire a jusqu'ici donné lieu en France à des débats qui le sont tout autant, selon un bilan que la CNDP vient de publier des concertations consacrées au sujet depuis 17 ans. "Dans quasiment tous les débats publics, on a systématiquement eu cette position du public qui dit la décision est déjà prise, votre débat ne sert à rien", résume Mme Jouanno, et "dans tous les cas, il y a une énorme suspicion sur les informations mises à disposition du public, que ce soit par le porteur de projet, notamment EDF, ou l'État".

Commentaires

APO
En Allemagne, apparemment ils n'attendent pas quoi que ce soit pour faire un terminal de GNL dans l'Embouchure de l'Elbe (avec un gouvernement comprenant un forte représentation de Verts Allemands!) !? Oui, on peut débattre, évidemment, mais il faut aller aux fonds des choses sur tous les sujets de A à Z (y compris sur le panneau PV "Made in China" et sa proportion dans les panneaux installés en France et sur l'impact de sa production... !). Il n'y a pas d'énergie propre (juste des avantages et des inconvénients/impacts/...).
Denis Gourgouillon
Et la réouverture de Fessenheim faut-il en débattre? Les Belges envisagent de retarder la fermeture de leurs centrales nucléaires
APO
@Denis Gourgouillon, Je pense que Oui (si c'est encore possible), il faut débattre de rouvrir Fessenheim. + Avec comme Arguments l'alimentation d'une bonne partie de l'année de l'Allemagne/BeneLux en électricité peu chère et décarbonée !!! - Et en contre-arguments le cout économique de Qui paye Quoi ??? Si c'est pour 5 mois, ça pourrait couter très cher !!! Si c'est pour 5 ans !? Et si c'est pour 10 ans...
FLUCHERE
Jouanno en bonne antinucléaire va tout faire pour retarder le débat sur Penly. Elle a déjà réussi à gagner 6 mois. Ensuite, elle va nommer un bon Président antinucléaire pour la CPDP. On connait ses pratiques. En outre elle vit bien dans son fromage à plus de 10 000 €/mois.
Michel Davancens
La crise ukrainienne montre à quel point l'Europe s'est placée dans une dépendance de la Russie extrêmement dangereuse. Cette situation est variable selon les pays : la France a la chance, grâce aux décisions visionnaires du général de Gaulle, d’être beaucoup plus indépendante pour son approvisionnement énergétique que la plupart de nos voisins. A contrario, la situation de l'Allemagne et dramatique, car sa dépendance de la Russie est suicidaire. C'est le résultat, pourtant parfaitement prévisible, de plusieurs décennies de politique énergétique inepte ; la plus dramatique des décisions étant probablement celle d'Angela Merkel de sortir précipitamment du nucléaire sous le coup de l'émotion crée par la catastrophe de Fukushima. Décision irrationnelle, purement électoraliste pour flatter le dogmatisme des Verts. Décision d'autant plus coupable qu'Angella Merkel est une scientifique, apte à comprendre les enjeux des problèmes énergétiques et du nucléaire, apte à ne pas confondre risque et danger. En tous cas, l'Allemagne a apporté la preuve qu'une transition énergétique fondée sur les énergies renouvelables est condamnée à l’échec sur tous les fronts : économiquement elle est très pénalisante, écologiquement c'est une catastrophe et en matière d'indépendance nationale c'est un désastre. Soulignons que depuis qu'elle existe, l'énergie nucléaire civile a tué et handicapé moins de personnes que la guerre menée pas Poutine en Ukraine depuis 3 semaines ; guerre financée par les ventes de gaz russe que les énergies renouvelables imposent de consommer massivement. Forts de ces enseignements, que devons nous faire ? Poursuivre la politique énergétique gaullienne, car l'énergie est la source de tous les progrès : économiques, sanitaires, culturels et sociaux ; car l'indépendance énergétique est la condition nécessaire de notre indépendance et notre sécurité en tant que peuple et en tant que nation. Il devient donc urgent : 1) d'investir fortement, mais de manière rationnelle dans les économies d'énergie. Rationnelle, au sens où il faut évaluer le "retour sur investissement" de chaque action en termes d'énergie économisée et de CO2 évité, rapportés au coût. A ce titre, les nouvelles normes d'isolation sont un contre exemple ; il serait évidemment bien plus efficace d'isoler modérément tous les bâtiments mal ou non isolés, plutôt que de sur-isoler les constructions neuves. 2) d'électrifier massivement tous les usages de l'énergie qui peuvent l’être 3) de faire sur les centrales nucléaires existantes les travaux nécessaires pour allonger leur durée de vie au delà de 60 ans 4) de lancer la construction d'un nombre suffisant de nouvelles centrales nucléaires : EPR dans l'immédiat, de nouvelle génération dès que ce sera possible 5) accroître fortement l'investissement dans la recherche sur le nucléaire du futur : petits réacteurs modulaires, réacteurs à sel fondu, thorium, surgénérateurs, fusion 6) d’investir dans les moyens de stockage de l’électricité, indispensables pour électrifier le secteur des transports, notamment la filière hydrogène 7) développer les énergies renouvelables pilotables et offrant une densité énergétique suffisante pour être compétitives : hydraulique (mais la plupart des sites potentiels sont déjà équipés en France), géothermie, énergie des marées ? 7) cesser toute subvention aux énergies renouvelables intermittentes et à faible densité énergétique (éolien, solaire), qui détourne inutilement des capitaux précieux et rares au détriment des investissements cités plus haut Ce n’est qu’à ces conditions que nous pourront : - lutter efficacement contre le réchauffement climatique - assurer à la France un approvisionnement énergétique fiable, sûr, économique et indépendant - contribuer à enlever à nombre de dictateurs et tyrans de ce monde l’arme essentielle de leurs richesses en hydrocarbures - préserver notre environnement : faune, sols agricoles et paysages
Agnès de la Ro…
Bonjour M. Davancens, Pourriez vous développer en quoi la France est "beaucoup plus indépendante pour son approvisionnement énergétique que la plupart de nos voisins" svp ?
jean michel germa
Pour avoir été à l'origine de la première CPDP pour la centrale éolienne offshore du Tréport, je pense qu'on ne peut qualifier Madame Jouanno d'antinucléaire. A voir comment les centrales nucléaires civiles deviennent des enjeux de pouvoir et de menace dans la guerre en Ukraine, je suis inquiet sur ce qu'il peut advenir du nucléaire civil en période de guerre. A l'inverse, qui aurait intérêt à prendre en otage un parc éolien ou photovoltaïque ? Personne. Lorsqu'on regarde le temps qu'il a fallu pour construire la centrale nucléaire de Flamanville (plus de 10 années de retard), il est certain que la construction de nouveaux EPR ne permettra pas la production d'électricité décarbonée dont nous avons besoin pour satisfaire la réduction des émissions de CO2 de l'humanité à horizon 2030, puis 2050. Ne parlons même pas des SMR qui ne sont encore que sur la planche à dessin. Lorsqu'on observe la dérive des coûts des EPR (plus de trois fois le budget initial), nous sommes certains que l'électricité des EPR n'est plus compétitive, quel que soit la manière de tourner les chiffres. Le DG de l'AIE, qu'on ne peut soupçonner d'être antinucléaire, a écrit que l'électricité photovoltaïque et éolienne est la moins chère que l'humanité ait jamais eue à sa disposition. Les faits sont là : 1,4c€/kWh pour le dernier appel d'offres photovoltaïque au Portugal, 3,0c€/kWh pour le dernier appel d'offres éolien au Maroc (850MW), 4,2c/kWh pour les centrales nucléaires amorties en France (ARENH), plus de 11,0c/kWh pour la future centrale nucléaire d'Hinkley Point en Angleterre si son coût ne dérape pas... Le débat sur l'énergie et la décarbonation des activités humaines est un débat important. Est-il normal de laisser les marchands du temple faire de la désinformation et diffuser des "fake new" comme celles qui sont publiées dans certains de vos commentaires ?
PP
Grossier profil du consommateur d'électricité : - 0,1% consomme 40% du produit électricité (compteur>250KVA) - 86 % consomme 37% du produit (compteur<36KVA) - environ 13% consomme le reste (compteur entre 36 et 250 KVA). Source IAE. En fait, ceci n'est pas inexact mais imprécis. En raisonnant depuis les ressources utilisée à la production électrique et non sur la consommation(cela vaut pour toutes les énergies), entre le rendement énergétique de transformation et le transport, il faut bien "brûler" 3KWh de ressources pour atteindre 1KWh à l'usage. On béatifie trop facilement l'électricité. S'il est vrai que le rendement énergétique d'un moteur ou d'un transformateur électrique est excellent, cela ne vaut pas pour toute la chaîne des transformations qui lui est indispensable. Une ampoule électrique ne fait ni fumée ni odeurs en apparence seulement, la fumée et l'odeur ont été déportées. Le grand gagnant est en fait la perte énergétique : - 2/3 de pertes, - 1/3 d'usage. Sans oublier que dans ce dernier tiers, il y a toujours ce relatif 0,1% (0,03% en absolu) qui use toujours 40% de la ressource. Il est toujours intéressant de préciser de quel point de vue on s'exprime et, pour faire suite à APO, c'est peut-être à destination du 0,1% qu'il faudrait poser toutes ces questions énergétiques. Mais il y a peu de chances d'obtenir des réponses intelligibles. On pourrait par exemple supprimer les emballages à usage unique, les gadgets et autres colifichets de pétrole. Enfin, s'interroger sur cet appétit sans fin qui conduit à transformer tout et n'importe quoi, y compris les corps vivants. Un peu de sobriété est-il envisageable ? Non, dans un monde gouverné par la seule économie qui plus est centralisée en peu de mains (3 pour 10000). La France achète du solaire le jour et vend du nucléaire la nuit à l'Allemagne (d'où l'enjeu Fessenheim*). L'industrie lourde ne saurait caler son régime de production sur les caprices solaires (le solaire justifie par ailleurs le recours aux centrales à gaz). Les deux larrons totalisent à eux seul les deux tiers du réseau THT européen. Ils pourraient aussi s'entendre pour rythmer tout ça sur le soleil et le vent, ça nous ferait une bonne grosse sobriété mais ça tuerait l'économie au sens où l'on veut bien l'entendre... Bon courage pour une consultation (une de plus !) qui probablement cherche un assentiment général qui vaudra plébiscite pour un programme déjà décidé, s'il n'aborde pas la question technique ET politique au sens large des infrastructures ! * On ne peut pas transporter bien loin l'électricité, la puissance se perd en ligne (pas forcément la tension). Il est donc incontournable de soutenir la tension du réseau et la puissance disponible de place en place en fonction des puissances absorbées dans les places environnantes. Un camion-citerne de pétrole arrivant d'Arabie aurait le même problème s'il ne trouvait pas des stations service en cours de route.
PP
Complément Sur l'hydrogène et la valorisation des surplus éolien ou solaire. - rendement énergétique d'électrolyse au mieux à 70%, - rendement d'une centrale à gaz, 40 % c'est bien. Ce qui nous fait un rendement cumulé de 28% quand la centrale brûlera le gaz issu du surplus pour pallier au manque de soleil ou de vent. Je ne parle même pas de la méthanation (production de méthane à partir d'hydrogène et CO2) : rendement global vers 10%. Et que dire des rejets atmosphériques et aqueux ? A ce régime, on est parti à tourner pour faire tourner. Cela a de quoi faire tourner la tête et ne dit toujours pas ce qui advient de ces déchets d'une durée de vie si longue qu'il n'y a plus de raisons de s'en inquiéter.

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