BP voit son bénéfice chuter au 1T avec les prix des hydrocarbures

  • AFP
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Le géant pétrolier britannique BP a dégagé un bénéfice en forte baisse au premier trimestre en raison de prix des hydrocarbures en repli qui ont pesé sur les recettes et marges.

Le bénéfice net part du groupe a chuté de 72% sur un an à 2,3 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires qui a reculé de 13% sur un an à 50 milliards de dollars, d'après un communiqué mardi.

Le bénéfice sous-jacent aux coûts de remplacement, mesure hors éléments exceptionnels qui est la plus scrutée par les marchés, a pour sa part diminué de près de moitié à 2,7 milliards de dollars.

Les cours du pétrole, qui ont reflué depuis les sommets de 2022 au début de l'invasion russe de l'Ukraine, ont rebondi après le 7 octobre avec la guerre entre Israël et le Hamas.

Les prix du gaz en revanche ont plongé depuis leurs records du début de la guerre en Ukraine, d'où un effet de comparaison désavantageux avec la même période en 2023.

"Nous simplifions et réduisons la complexité à travers BP et prévoyons de générer au moins 2 milliards de dollars d'économies d'ici la fin 2026 à travers les évaluations de notre portefeuille, des transformations numériques, des efficacités de chaîne d'approvisionnement", entre autres, a relevé le directeur général Murray Auchincloss, cité dans le communiqué.

Le groupe annonce un nouveau programme de rachat d'actions de 1,75 milliard de dollars pour les trois prochains mois ainsi qu'une augmentation de sa dette en raison d'investissements.

Les organisations écologistes dénonçaient mardi les profits de BP.

- Critiques climatiques -

"Au lieu d'aider à reconstruire l'Ukraine" après avoir vu leurs comptes dopés au début de l'offensive russe par la flambée des prix des hydrocarbures, "et d'aider à apaiser le fardeau des factures élevées, ou encore de soutenir les pays touchés par la crise climatique, BP rend les riches plus riches", décrie Global Witness.

"Et cela va continuer jusqu'à ce que nous fassions la transition urgente vers un système énergétique plus propre", insiste l'ONG, affirmant que les distributions aux actionnaires de BP depuis le début de la guerre en Ukraine s'élèvent à 22,3 milliards de livres.

Au total, les 5 "majors" pétrolières occidentales, à savoir TotalEnergies, Chevron, Shell, ExxonMobil et BP, ont accumulé des bénéfices de plus de 29 milliards de dollars au premier trimestre.

Le géant pétrolier Saudi Aramco a pour sa part annoncé à lui seul mardi un bénéfice net de 27,27 milliards de dollars au premier trimestre, en baisse de 14,5% sur un an à cause de réductions de production d'or noir.

L'action de BP creusait ses pertes à la bourse de Londres vers 14H00 GMT, les investisseurs sanctionnant des résultats moins bons qu'attendu: -1,14% à 504,60 pence.

L'ex-patron Bernard Looney, parti avec fracas l'an dernier pour des relations personnelles non pleinement dévoilées au sein de l'entreprise, avait commencé son mandat en mettant l'accent sur la transition énergétique, promettant de mener l'entreprise vers la neutralité carbone avec une stratégie plus ambitieuse que celle de ses pairs.

Le groupe avait mis un coup de frein l'an dernier, espérant doper son action.

BP avait alors indiqué compter gonfler ses bénéfices d'ici à 2030 en investissant davantage à la fois dans les énergies renouvelables et dans les hydrocarbures.

"BP recherche des économies à l'heure où ses marges sont comprimées", remarque Darren Nathan, analyste de Hargreaves Lansdown.

Murray "Auchincloss chante le même refrain que ses pairs chez Shell (...) lorsqu'il s'agit de la transition énergétique", commente Russ Mould, analyste de AJ Bell.

"En bref, l'entreprise va faire des investissements verts si c'est rentable", ajoute-t-il.

"Revenir en arrière sur un engagement vers la neutralité carbone n'est pas sans risque vu les pressions qui pourraient venir des politiciens, de certains investisseurs et du public" mais les dirigeants de Shell comme BP veulent avant tout réduire l'écart de valorisation avec leurs rivaux américains, ajoute l'analyste.

Lors d'une conférence d'analystes mardi, M. Auchincloss a par ailleurs écarté la possibilité d'une cotation aux Etats-Unis comme la rumeur a couru à propos de Shell: "ce n'est pas à l'ordre du jour. Ce qui l'est, c'est une performance sûre trimestre après trimestre".

Interrogés sur les possibles économies possibles, les dirigeants du groupe ont évoqué notamment une modération de la croissance des salaires.

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