La hausse de la demande mondiale de pétrole d'ici 2035 pourrait provenir pour moitié de la Chine. (©photo)
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) présente actuellement son World Energy Outlook, qui analyse les récentes évolutions du système énergétique mondial et délivre sa vision des grandes tendances à l’horizon 2035. En voici les principaux enseignements.
Une hausse de la consommation mondiale de 4 350 Mtep
Répartition de la consommation d'énergie primaire par zone (d'après ©World Energy Outlook – International Energy Agency)
L’AIE envisage une hausse de la consommation mondiale d'énergie primaire d’un tiers d’ici à 2035. Celle-ci atteindrait alors 16 730 Mtep contre 12 380 Mtep en 2010. La hausse de la consommation mondiale proviendrait à 60% de la Chine, de l’Inde et du Moyen-Orient. Elle serait bien moins impactée par les pays de l’OCDE qui consommeraient en 2035 près de 3% d’énergie en plus qu’en 2010. La principale évolution dans ces pays proviendrait davantage des sources d’énergie sollicitées : la part du pétrole et du charbon devrait baisser de 57% à 42%.
L’AIE place les mesures d’efficacité énergétique au cœur de ses recommandations. Ces mesures pourraient permettre de diviser par 2 la hausse de la consommation d’énergie mondiale envisagée d’ici à 2035. Elles sont à l’heure actuelle largement insuffisantes selon l’AIE, alors qu’elles ne nécessitent pas de rupture technologique.
Les États-Unis, premier producteur de pétrole d’ici 2020
Dépendance aux importations de pétrole et de gaz (d'après ©World Energy Outlook – International Energy Agency)
Deux pays font l’objet d’une attention particulière dans le secteur des hydrocarbures :
- les États-Unis qui pourraient, selon l’AIE, devenir le premier producteur de pétrole dans le monde, dépassant l’Arabie saoudite d'ici à 2020. L’Amérique du Nord pourrait globalement être exportatrice nette de pétrole autour de 2030 ;
- l’Irak, pays qui devrait le plus significativement contribuer à l’augmentation des capacités de production mondiales de pétrole. Selon les prévisions de l’AIE, la production irakienne de pétrole pourrait atteindre 6 millions de barils par jour en 2020 et dépasser 8 millions de barils par jour en 2035, soit près du triple de son niveau actuel. L’Irak pourrait ainsi devenir le second exportateur mondial d’ici les années 2030 (dépassant la Russie) et satisfaire une large part de la demande croissante de pétrole en Asie.
50% de la hausse de la production électrique mondiale concentrée en Chine et en Inde
Évolution de la production d'électricité entre 2010 et 2035 (d'après ©World Energy Outlook – International Energy Agency)
D’ici à 2035, la demande d’électricité dans le monde devrait croître deux fois plus vite que la demande globale d’énergie selon l’AIE. Cette tendance nécessite une attention d’autant plus particulière qu’une partie du parc électrique doit être remplacé. C’est sans surprise les pays en voie de développement qui devraient absorber près de 70% de la hausse envisagée à l’horizon 2035 (pour le développement de leurs économies ainsi que la hausse du niveau de vie). La hausse de la demande d’électricité en Chine d’ici à 2035 pourrait représenter l’équivalent de la consommation actuelle des États-Unis et du Japon réunis.
La part du nucléaire dans le mix électrique mondial devrait rester proche de 12% selon l’AIE, en dépit d’une augmentation des capacités nucléaires (principalement en Chine, en Corée du Sud, en Inde et en Russie). Les énergies renouvelables devraient poursuivre leur croissance et pourraient générer près de 31% de l’électricité produite dans le monde en 2035, contre 20% en 2010. Le charbon devrait toutefois rester la principale source d’énergie électrique, porté par la demande en Chine et en Inde.
Des problématiques humaines et environnementales persistantes
A l’heure actuelle, presque 1,3 milliard de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à l’électricité et 2,6 milliards ne peuvent pas cuisiner dans des conditions salubres. L’AIE estime les investissements nécessaires pour atteindre un accès universel à l’énergie d’ici à 2030 à 1 000 milliards de dollars.
L’AIE porte enfin une attention particulière dans ce World Energy Outlook à la ressource en eau dont le système énergétique est un important consommateur : en 2010, près de 583 milliards de m3 d’eau auraient été absorbés par ce système, dont 66 milliards de m3 ne sont pas retournés à la source. Or, la consommation d’eau par le système énergétique mondial pourrait augmenter de 85% d’ici à 2035 selon l’AIE. Cette dernière appelle ainsi à ce que la ressource soit mieux intégrée dans les réflexions sur les nouveaux projets énergétiques et que des technologies et politiques innovantes soient déployées pour réduire sa « vulnérabilité ».