La motorisation entièrement électrique du Volocopter n’émet pas de CO2 en vol et est silencieuse. (©e-volo, by Nikolay Kazakov)
Le 30 mars dernier, la start-up allemande e-volo a réalisé le premier vol « habité » de son Volocopter VC200. Les concepteurs de ce prototype d’aéronef, à mi-chemin entre drone et hélicoptère, souhaitent en faire l’un des modes de transport de demain. Présentation de cet engin volant insolite.
18 rotors électriques et un joystick
Conçu par la société e-volo située à Karlsruhe, le Volocopter VC200 est un hélicoptère électrique biplace d’environ 450 kg(1). Certains le qualifient plus volontiers de « multicoptère » en raison de son grand nombre d’hélices, 18 au total situées au-dessus de la cabine et mises en mouvement par autant de petits moteurs électriques d’une puissance cumulée d’environ 50 kW. L’électricité nécessaire à la sustentation du Volocopter est stockée par des batteries embarquées d’une capacité totale de 15 kWh.
Comme pour de nombreux véhicules électriques, l’autonomie constitue un facteur limitant pour cet aéronef : elle avoisine 20 minutes à l’heure actuelle. Dans un « proche avenir », e-volo souhaite porter à 1 heure cette autonomie. Une version hybride (avec un moteur auxiliaire à combustion interne) est également à l’étude pour disposer de plusieurs heures d’autonomie.
Le Volocopter, dont l’envergure au niveau des hélices atteint presque 9 m, décolle et atterrit verticalement. Dans les airs, il peut atteindre une vitesse de près de 100 km/h. Pour le pilote, il présente surtout l’intérêt de pouvoir être dirigé d’une seule main à l’aide d’un joystick.
Un pilotage « enfantin » et sécurisé
Les consignes données par le pilote via le joystick sont assez basiques et se résument essentiellement à la commande du décollage et de l’atterrissage (via un bouton situé au niveau du pouce) et à l’indication des directions en vol. Toutes les opérations complexes sont prises en charge par le système électronique embarqué : le pilote ne gère notamment pas l’incidence (angle formé entre la direction du vent relatif(2) et l’axe longitudinal de l'aéronef), les vitesses minimales, le contrôle de l’assiette (position de l’axe longitudinal de l’avion) et autres données inhérentes au pilotage classique d’un hélicoptère. Selon ses concepteurs, le pilotage du Volocopter serait ainsi « enfantin » et accessible à tous.
Une redondance de l’ensemble des composants électroniques vise à assurer une poursuite du vol en cas de panne de l’un de ceux-ci. Un bouton d’urgence permet par ailleurs d’assurer un atterrissage automatique. Le nombre réduit de pièces mécaniques limiterait fortement l’entretien par rapport aux aéronefs classiques selon e-volo.
En février 2016, la société allemande a reçu un permis de vol expérimental de la fédération allemande d'ULM (DULV) pour son prototype VC200. Une centaine de vols pilotés à distance a été réalisée au cours des trois années précédant le vol habité qui a été homologué fin mars 2016. Lors de la production en série, le Volocopter devra faire l'objet d'une nouvelle autorisation.
Joystick du Volocopter (©e-volo, by Nikolay Kazakov)
Quelles émissions et quel prix de vente ?
En décembre dernier, le Volocopter a reçu le prix « champion COP21 du climat » lors de la manifestation « Solutions COP21 » qui s’est tenue au Grand Palais à Paris, en marge de la Conférence Climat. Il convient de rappeler ici que si cet aéronef n’émet pas de CO2 en vol, la production de l’électricité qui lui est nécessaire peut pour sa part en émettre. C’est en l’occurrence fortement le cas en Allemagne où les centrales à charbon(3) ont généré près de 42,2% de l’électricité en 2015(4).
La commercialisation du Volocopter pourrait débuter en 2018 selon e-volo qui a l’ambition de vendre plusieurs centaines d'aéronefs par an à moyen terme. Si chacun est censé pouvoir le piloter avec un brevet de vol dédié, peu de personnes devraient l’acheter à titre personnel : la start-up allemande envisage de mettre le Volocopter sur le marché à un prix de 250 000 euros (incluant les batteries). Dans les 18 mois prochains, 2 ou 3 autres prototypes devraient être développés par la société afin d’optimiser le modèle final.