Le « Pacific Egret » va transporter 16 assemblages de combustible « MOX » jusqu'au Japon. (©Cédric Helsly/Areva)
Un chargement de combustible nucléaire « MOX(1) » quitte Cherbourg aujourd’hui pour le Japon. Rappels sur ce combustible et explications sur cette opération pointée du doigt par les organisations anti-nucléaires.
De l’usine Melox dans le Gard à la centrale de Takahama au Japon
Un convoi contenant plusieurs tonnes de combustible MOX(2) a quitté l’usine d’Areva de Beaumont-Hague (Manche) ce matin. Il a rejoint Cherbourg où la cargaison de combustible a été chargée à bord d’un navire de la Pacific Nuclear Transport Limited (PNTL) qui doit rejoindre le Japon dans un peu plus de deux mois. Cette livraison est destinée à la centrale de Takahama, située dans le sud-ouest du pays.
Pour rappel, le « MOX » est un combustible nucléaire composé à près de 90% d’oxyde d’uranium mais aussi d’oxyde de plutonium (dans des proportions de 3% à 12%). Fruit du recyclage de combustibles usés, il permet de réduire la quantité de déchets « ultimes » et de limiter jusqu’à 25% la consommation d’uranium naturel par rapport à un combustible classique enrichi en uranium 235 selon Areva(3). Le groupe français dispose de la seule usine au monde fabriquant actuellement ce combustible sur le site de Marcoule dans le Gard (usine « Melox »)(4).
Près de 10% de réacteurs « MOXés » au niveau mondial
Sur les 447 réacteurs opérationnels dans le monde(5), une quarantaine de réacteurs nucléaires à eau légère peuvent utiliser en partie du MOX comme combustible à des fins de production électrique. Le parc nucléaire français compte notamment 22 réacteurs « MOXés »(6) sur les 58 en service.
Au Japon, seuls 5 réacteurs nucléaires sont actuellement en service sur un parc de 42 tranches « opérationnelles » selon l’AIEA (contre 54 avant l’accident de Fukushima Daiichi en mars 2011). Parmi ces 5 réacteurs, 3 peuvent utiliser du combustible MOX. La France effectue ce mercredi le 6e transport de MOX vers le Japon depuis 1999.
Un transport sous surveillance
La cargaison en transit vers l’archipel nippon contient 16 « assemblages » de combustible (ensembles de « crayons » au sein desquels sont empilées des pastilles de combustible), répartis en 2 grands emballages. Selon Areva, un assemblage MOX permettrait d’alimenter en électricité une ville de 100 000 habitants pendant un an.
En raison de sa concentration en oxyde de plutonium, le combustible MOX est bien plus radioactif que du combustible « classique » uniquement enrichi en uranium 235. Les déplacements de ce combustible suscitent ainsi des protestations particulières des associations anti-nucléaires, au premier rang desquelles Greenpeace qui a déployé une vingtaine de militants à Cherbourg.
Areva ne souhaite pas communiquer les caractéristiques détaillées de ce transport « pour des raisons de sécurité » mais évoque les moyens « très importants » dont dispose le groupe britannique PNTL qui est spécialisé dans le transport maritime de matières nucléaires (et dont Areva est actionnaire). Alors que Greenpeace s'inquiète des risques liés au transport maritime (piraterie notamment), Areva souligne le caractère « ultrasécurisé » des navires assurant le transport de MOX (double coque, systèmes de commande du navire et de propulsion redondants, duplication de tous les systèmes essentiels de sûreté, etc.)
Greenpeace dénonce par ailleurs un risque de prolifération si la cargaison « tombait entre de mauvaises mains ». De son côté, Areva juge « impossible » la fabrication d’armes au plutonium à partir du combustible MOX transporté. Le groupe souligne par ailleurs qu’une partie du combustible MOX devrait être fabriquée dans le futur à partir de surplus de plutonium d’origine militaire(7).
Chargement d’un emballage de combustible MOX à bord du « Pacific Egret ». (©Cédric Helsly/Areva)