Pétrole russe : une « flotte fantôme » pour contourner les sanctions...

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Navire dans le brouillard

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La Russie dispose d'une « flotte fantôme » qui lui permet de contourner les sanctions occidentales et qui risque d'entraîner une « catastrophe environnementale », alerte le CREA (Centre for Research on Energy and Clean Air) dans une nouvelle analyse.

Des navires « fantômes » face au prix plafond

Rappel des faits : suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'Union européenne, les pays du G7 et l’Australie ont décidé en décembre 2022 de fixer un prix plafond sur les importations de pétrole russe (à 60 $/baril) : ce plafonnement des prix « permet aux opérateurs européens de transporter du pétrole russe vers des pays tiers, à condition que le prix de ce dernier soit strictement inférieur au plafond ». 

Autrement dit, les revenus pétroliers de la Russie devaient de la sorte être « limités » sans pour autant perturber les marchés. Selon le CREA, la Russie a toutefois créé une « flotte fantôme » constituée de centaines de navires pétroliers changeant fréquemment de nom et de pavillon « qui opèrent en dehors du secteur organisé du transport maritime international et sont donc en mesure de contourner le plafonnement des prix du pétrole » et de contribuer à l'effort de guerre russe.

Entre février 2022 et juin 2024, la Russie a encore reçu 475 milliards d'euros grâce à ses exportations de pétrole (ce qui correspond à 68% de ses revenus liés aux exportations d'énergies fossiles sur cette période).

Entre 300 et 600 pétroliers concernés

Si la taille exacte de cette flotte de navires est inconnue, l'Organisation maritime internationale (OMI) l'évalue entre 300 et 600 navires pétroliers, pour la plupart anciens et n'ayant pas fait l'objet d'inspections récentes. En juin 2024, 289 vaisseaux ont exporté du pétrole brut ou des produits pétroliers provenant de Russie, dont 158 peuvent être considérés comme « fantômes », précise pour sa part le CREA.

Ces bateaux naviguent jusqu'à des ports hors de l'UE et des pays du G7, en évitant les services maritimes en désactivant fréquemment leurs systèmes d'identification automatiques (ce qui augmente fortement le risque de collisions). Ils transfèrent également souvent leur cargaison sur un autre navire dans des ports ou en pleine mer (ship-to-ship) pour masquer l'origine du pétrole.

Le CREA appelle ainsi à interdire cette activité de transfert dans les eaux territoriales et zones économiques exclusives, tout comme les importations de produits pétroliers provenant de raffineries utilisant du pétrole brut d'origine russe.

Précisons que le même phénomène de flotte « fantôme » est constaté pour le transport de gaz naturel liquéfié (GNL), indique le CREA dans une autre analyse publiée ce 23 août(1).

Consulter le policy briefing de la CREA « Tackling the Russian shadow fleet » (août 2024)

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