Maquette du Polar Pod face à la formation d'une houle simulée de 20 m à l'échelle 1/41, dans le bassin de l’École Centrale de Nantes (©Polar Pod)
Le navire Polar Pod, imaginé par le navigateur Jean-Louis Etienne, doit permettre de mieux connaître l’océan Austral qui entoure l’Antarctique (autour du pôle Sud). Avant d’affronter les conditions extrêmes de ce milieu très peu étudié, une maquette a été testée face à une forte houle… simulée à l’Ecole Centrale de Nantes.
Un bassin recréant les conditions de l’océan Austral
C’est dans un bassin de 50 mètres de l’Ecole Centrale de Nantes qu’une maquette du Polar Pod à l’échelle 1/41 a été soumise à de nouveaux tests début mars : face à des trains de houle équivalents à 20 m de haut pour le futur navire (près de 50 cm de haut dans le bassin) et des houles croisées équivalentes à 7 m et 11 m. Ces essais doivent notamment permettre d’ajuster l’emplacement des flotteurs pour que le futur navire océanographique soit le plus stable possible en conditions réelles. En décembre 2014, la maquette avait déjà effectué des essais dans le bassin de l’Ifremer à Brest sur des houles simulées de 7 m et 11 m. Il avait alors été constaté que la maquette avait une très bonne stabilité verticale.
Ces tests sont essentiels pour s’assurer que la structure finale résistera aux conditions extrêmes de l’Océan Austral au niveau des cinquantièmes hurlantes (entre le 50e et le 60e parallèle) : les creux de houle, de 3 à 6 m en moyenne, peuvent s’élever à 20 m et les vents y dépasser 180 km/h. Les études sur maquette doivent se poursuivre jusqu’au mois de juin 2015. Après avoir intégré les enseignements de ces tests, la construction du navire final devrait ensuite débuter à l’automne (pour un coût évalué à 10 millions d’euros).
Un navire précieux pour la recherche océanographique
Le Polar Pod est un navire vertical flottant composé de 4 étages dont 2 d’habitation. La partie émergée du vaisseau mesure 30 m de haut mais celui-ci possède également un tirant d’eau de 70 mètres assurant sa stabilité. Le navire pourra accueillir 3 marins et 4 scientifiques à son bord. Ceux-ci devraient effectuer de nombreuses mesures pour mieux comprendre l’océan Austral : échange entre l’océan et l’atmosphère et capacité de l’océan à absorber le gaz carbonique, étude de la biodiversité, données acoustiques, etc. La vitesse du Polar Pod qui se laisse lentement dériver et son caractère silencieux offrent des conditions idéales pour réaliser ces différentes mesures.
Le Polar Pod aura une autonomie énergétique quasi-totale alors que les navires océanographiques traditionnels peuvent consommer près d’une tonne de fioul par heure. Le vaisseau de Jean-Louis Etienne disposera d’une très bonne isolation thermique et possèdera ses propres unités de production énergétique embarquées : 4 éoliennes associées à des batteries lithium-ion pour stocker de l’électricité et des panneaux solaires thermiques pour préchauffer de l’eau (avant désalinisation). L'exploitation d'une plateforme houlomotrice de 1 kW est également à l'étude.
Le navire de Jean-Louis Etienne dépendra d’un remorqueur pour être acheminé jusqu’à l’océan Austral, puis sera basculé à la verticale. Le Polar Pod pourra alors enfin commencer sa dérive à partir de janvier 2017, durant l’été austral. D’après les simulations réalisées par Météo France et Mercator Océan(1), son tour de l’Antarctique devrait durer près de 3 ans.
Présentation du Polar Pod par Jean-Louis Etienne en 2013 dans la série « Ruptures » de Connaissance des Énergies