L'Opéra de Paris aussi fait sa transition énergétique

Grande salle du Palais Garnier

Grande salle du Palais Garnier (©Leiber-Bauer-OnP)

« L’art naît de la contrainte : intégrer les enjeux environnementaux à nos activités n’est pas une entrave à la liberté de création, cela constitue à l’inverse une occasion d’enrichir notre manière de penser le spectacle », affirme le directeur général de l'Opéra national de Paris, Alexander Neef. L'institution opère un premier bilan de cette mue, à quelques jours de la journée mondiale de l'environnement (5 juin).

Consommation d'électricité : l'équivalent d'une ville de 8 000 habitants

Avec ses 4 sites (Opéra Bastille, Palais Garnier, École de danse de Nanterre, Ateliers Berthier dans le 17e arrondissement), l'Opéra national de Paris dispose de 185 000 m2 de surfaces à chauffer et ventiler. L'institution fait notamment état d'une consommation annuelle d'électricité avoisinant 17,8 GWh, soit l'équivalent d'une ville de 8 000 habitants.

Entre septembre 2022 et avril 2023, les sites de l'Opéra de Paris ont toutefois réduit de 11% leurs consommations d'électricité et de 27% leurs consommations de chauffage (par rapport à la même période la saison précédente). Sur une période de temps plus large, l'institution indique avoir réduit de 10% sa consommation d'électricité au cours de la dernière décennie grâce à un « pilotage raisonné des consommations ».

Parmi les actions classiques mises en œuvre figure l'installation d'éclairages LED à basse consommation, en zone publique sur le site de l'Opéra Garnier (dès 2015) et de l'Opéra Bastille (2017).

L'Opéra national de Paris indique par ailleurs avoir souscrit une fourniture en électricité 100% renouvelable depuis 2016, via un contrat avec le fournisseur Volterres et des garanties d'origine(1).

Eclairage LED à l'Opéra Bastille

Eclairage LED à l'Opéra Bastille (©Eléna Bauer-OnP)

Un bilan carbone alourdi par...

En 2022, l'Opéra de Paris a réalisé un bilan carbone portant sur l'année 2019 (« année représentative avant la crise sanitaire ») : les émissions de l'institution se sont élevées cette année-là à 44 654 tonnes d'équivalent CO2 (en prenant en compte les scopes 1, 2 et 3).

Le scope 3 qui correspond aux émissions indirectes de l’établissement compte pour 95% des émissions de gaz à effet de serre de l’Opéra de Paris, avec une part très importante liée aux... déplacements des visiteurs étrangers (« en partant de l’hypothèse que 10 % des trajets des spectateurs internationaux sont motivés par la venue à l’Opéra de Paris »).

L'Opéra de Paris s'est dotée d'une feuille de route pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, sur la base de ce bilan carbone et d'un audit énergétique, qui a entre autres abouti à :

  • la modification des consignes de température et de refroidissement : 19°C en hiver dans les locaux et espaces publics depuis octobre 2022, à l’exception des espaces occupés par les artistes à 22°C (salles de répétition, plateaux, loges), refroidissement des locaux à 24°C en période estivale (contre 18°C avant 2022) ; 
     
  • l'amélioration de l'efficacité des réseaux de chauffage et de refroidissement : désembouage des circuits, remplacement des pompes obsolètes, raccordement au réseau de froid urbain Fraîcheur de Paris ;
     
  • la poursuite de la campagne de déploiement des éclairages LED : à fin 2023, les éclairages LED avaient été déployés sur 55% des installations lumineuses des bâtiments des 4 sites (ainsi que 70% de l’éclairage scénique de Bastille et 85% de l’éclairage scénique du Palais Garnier).

Encadrement de la mobilité des artistes et conseils au public

Dans les années à venir, « des travaux de rénovation technique importants contribueront à réduire encore les consommations énergétiques des bâtiments », indique l'Opéra national de Paris.

De nombreuses autres actions sont actuellement menées comme l'éco-conception des décors ou l'encadrement de la mobilité des artistes : « une clause incitative a été intégrée dans les contrats d’artistes qui interdit le remboursement des frais de déplacement pour les artistes invités prenant l’avion s’il existe un trajet en train équivalent de moins de cinq heures ».

L'Opéra indique également vouloir sensibiliser son large public (815 956 spectateurs toutes salles confondues durant la saison 2022/2023 avec 400 représentations annuelles(2)) aux enjeux de développement durable.

Cette sensibilisation passe entre autres par le développement d’une page dédiée aux engagements de l'Opéra sur son site internet et par « une évolution de l’expérience du spectateur (offres proposées par les bars d’entracte, bornes de tri sélectif, rappel des bonnes pratiques in situ et sur les billets de spectacle) ».

Une enquête sur les déplacements des publics est menée cette année : l’Opéra pourra par la suite « proposer et encourager des alternatives bas carbone pour se rendre dans ses théâtres »(3).

Agriculture urbaine Opéra Bastille

Agriculture urbaine sur le toit de l'Opéra Bastille (©E. Bauer-OnP)

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Sources / Notes

  1. « Un fournisseur tiers gère l’alimentation du site des ateliers Berthier grâce à un marché basse tension, également 100 % vert ».
  2. Et 1 175 177 visiteurs au Palais Garnier.
  3. Un simulateur de l’impact carbone des transports (créé par l’Ademe) devait être mis en ligne sur le site internet de l’Opéra début mai afin de sensibiliser les publics de l'institution.