En 2021, la climatisation en France était responsable de près de 5% des émissions de gaz à effet de serre du secteur des bâtiments. (©Pixabay-Sly)
Alors que les températures recommencent à monter dans l'hexagone, le guide publié récemment par l'Agence de la transition écologique (Ademe) sur les moyens de « garder son logement frais tout l'été » devrait susciter une attention croissante.
Les gestes simples
Comme souvent dans ses guides pratiques, l'Ademe s'attache d'abord à rappeler quelques gestes de bon sens. Dans ce cas précis, l'Agence souligne ainsi que « le meilleur moyen de garder son logement frais est d’empêcher la chaleur d’y entrer », c'est-à-dire en fermant les fenêtres en journée avant que la température extérieure ne dépasse celle du logement (et en fermant les volets avant que le soleil ne tape sur les fenêtres) mais aussi en laissant les portes intérieures fermées pour garder au frais les pièces au nord, moins exposées au soleil.
L'Ademe recommande sans surprise d'aérer au contraire la nuit (en créant des courants d'air) pour évacuer l'air chaud et « ne pas créer d'effet thermos ».
L'Agence évoque également les protections solaires extérieures à privilégier pour préserver les logements de la chaleur (et des rayons du soleil en fin d'après-midi et en début de soirée arrivant quasiment à l'horizontal sur les façades orientées sud-ouest et nord-ouest) : volets roulants micro-ajourés, stores et brise-soleil orientables, auvents aux couleurs claires, etc.
Rappels théoriques : inertie thermique, effet d'albédo et évapotranspiration
L'importance de « l'inertie thermique » d'un bâtiment (chaleur stockée dans ses murs, son toit, ses planchers) est également rappelée : « Plus elle est forte, plus le bâtiment se réchauffe et se refroidit lentement. Bien isoler permet d’augmenter l’inertie et donc d’améliorer le confort d’été sans avoir besoin de recourir à la climatisation ». Cette isolation intervient au niveau des murs (« par l'extérieur plutôt que par l'intérieur ») et de la toiture (avec des isolants comme la laine de bois).
Parmi ses rappels théoriques, l'Ademe souligne également l'importance de l'effet d'albédo qu'elle définit comme suit : « Plus une surface est claire, plus elle réfléchit le rayonnement solaire et moins elle stocke de chaleur ». L'Agence indique toutefois que le fait de peindre son toit en blanc, pratique qui fait l'objet d'une attention croissante, « n'aura qu'un effet limité si la toiture est bien isolée ».
À proximité de son logement, les végétaux contribuent à rafraîchir la température, naturellement en apportant de l'ombre mais également par évapotranspiration : l'eau puisée par les racines des arbres (petites tailles à privilégier(1)) est rejetée par les feuilles sous forme de vapeur d’eau, les gouttelettes d’eau captant alors « les calories de l’air et le refroidissent ». Avec un impact loin d'être neutre : « 1 arbre mature évapore 450 litres d'eau par jour, soit l'équivalent de 5 climatiseurs fonctionnant 20 heures par jour »(2).
Les surfaces minérales (en pierre ou béton) sont à limiter dès lors qu'elles restituent la nuit la chaleur qu'elles stockent pendant la journée.
Risques de la climatisation
Tous les gestes et solutions mentionnés précédemment doivent permettre de limiter les recours à la climatisation : la consommation d'électricité en France liée à cet usage pourrait tripler d'ici à 2050 par rapport à 2020 « si les équipements de climatisation se généralisent sans effort de sobriété », met en garde l'Ademe.
Pour les consommateurs, l'Agence souligne également, parmi les inconvénients liés à la climatisation, qu'« outre un coût d’achat non négligeable, le coût à l’usage peut être important compte tenu de la consommation d’électricité engendrée » et que « le rejet de chaleur par des climatiseurs de plus en plus nombreux en ville augmente encore la température dans un environnement urbain surchauffé et difficile à refroidir »(3).
L'Ademe appelle ainsi à regarder en détail les caractéristiques des équipements de climatisation installés (avec notamment, comme point d'attention, le fait que ceux ayant une étiquette énergétique de classe A sont les moins performants).
À quel coût ?
L'Ademe détaille dans son étude les différents systèmes de climatisation (climatiseur mobile monobloc, climatiseur fixe ou mobile split, système centralisé, etc.), en rappelant quelques données chiffrées sur le coût à l'usage. L'Agence recommande entre autres d'éviter les climatiseurs mobiles qui « peuvent consommer 2,5 fois plus d'électricité que les climatiseurs fixes ».
La consommation électrique d’un climatiseur mobile monobloc peut s'élever à « environ 30 € pour 12 heures d’utilisation quotidienne pendant 2 semaines (16 c€/h de fonctionnement pour une puissance de 2 500 W, pour rafraîchir une pièce de 25 m²) », estime l'Ademe, tandis que le coût pour un climatiseur split fixe (avec deux unités : l’une à l’extérieur pour évacuer l’air chaud, l’autre à l’intérieur pour souffler l’air rafraîchi) « s’élève à environ 45 € entre juin et septembre » (prix estimé par mois).
Il est souligné qu'un ventilateur « consomme quant à lui très peu : moins d’1 € pour 12 heures d'utilisation par jour pendant 2 semaines ».
« Consommation climatisation : combien coûte 1h de climatisation ? » (Site jechange.fr)
Seulement en 2014 et 2021...
L'Ademe rappelle également l'intérêt des systèmes géothermiques pour se rafraîchir (de façon passive par « géocooling », qui produit 50 kWh de froid par kWh d'électricité consommée) et des pompes à chaleur.
Tous ces systèmes doivent être associés aux gestes de bon sens évoqués précédemment pour une bonne efficacité : « si vous n'évacuez pas l'air aux heures les plus fraîches, vos besoins de climatisation peuvent augmenter de 20 à 85% » en maison et de 20 à 120% en appartement, souligne l'Ademe.
Ces gestes devraient être de mieux en mieux intégrés dans un contexte global de réchauffement : depuis 2010, « seules les années 2014 et 2021 n'ont pas connu de vagues de chaleur » selon Météo-France et « 2 fois plus de vagues de chaleur sont à prévoir d'ici 2050 » avec une plus forte intensité de surcroît.