Le Royaume-Uni, accusé par un centre de recherche de soutenir l'effort de guerre russe

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Kremlin

(©Pixabay)

Le Centre de recherche sur l'énergie et l'air (CREA) a dénoncé ce 13 juin le niveau élevé des importations britanniques de carburants d'aviation (jet fuel) produits à partir de pétrole russe. Et des « violations présumées du prix plafond du pétrole brut russe par huit pétroliers couverts par des assurances britanniques ».

Le « blanchiment » du pétrole russe, une échappatoire aux sanctions

Pour rappel, l'Union européenne, les pays du G7 et l’Australie(1) ont décidé en décembre 2022 de fixer un prix plafond sur les importations de pétrole russe (à 60 $/baril) : ce plafonnement des prix « permet aux opérateurs européens de transporter du pétrole russe vers des pays tiers, à condition que le prix de ce dernier soit strictement inférieur au plafond »(2).

Il existe ainsi une « échappatoire » qui modère le poids des sanctions occidentales contre le Kremlin : des pays n'imposant pas lesdites sanctions comme l'Inde, la Chine ou les Émirats arabes unis peuvent légalement importer du pétrole brut russe, le raffiner en produits pétroliers (notamment en carburants pour l'aviation, qui font l'objet de l'investigation du CREA) qui sont eux mêmes exportés vers des pays de l'UE et du G7.

Face au prix plafond et un embargo sur les livraisons par voie maritime de son pétrole à l'UE, la Russie a donc réorienté ses exportations vers ces pays tiers, ce qui constitue un moyen de « blanchir » le pétrole russe selon le CREA.

Un prix plafond non respecté 

Entre le début des sanctions le 5 décembre 2022 et début novembre 2023, près d'un tiers du pétrole russe (en volume) a été transporté par des navires pétroliers assurés au Royaume-Uni, ce pays ayant à ce titre « facilité le transport et le commerce du pétrole russe », souligne le CREA.

Sur 26 expéditions de pétrole brut russe depuis le port de Novorossiïsk en mer Noire (non loin de la Crimée) examinées par le centre de recherche entre octobre et décembre 2023, 8 ont été réalisées à bord de navires pétroliers sous assurance britannique selon le CREA. Or, « au cours de cette même période, aucune expédition de pétrole brut russe au départ de ce port n'a été négociée en dessous du prix plafond, ce qui suggère une violation directe des sanctions de l’UE et du G7 », indique le centre de recherche sur la base des données des Douanes.

Ces 8 navires pétroliers ont transporté au total près de 930 000 tonnes de pétrole brut russe, pour une valeur totale estimée à 411 millions de livres sterling. Si le prix plafond avait été respecté, la valeur des livraisons aurait avoisiné 324 millions de livres : autrement dit, le CREA estime que cette violation des sanctions a apporté des revenus « additionnelles estimées à 87 millions de livres au trésor de guerre du Kremlin ». 

Un appel à durcir les sanctions

Le CREA appelle le Royaume-Uni à bannir les importations de produits pétroliers provenant de raffineries étrangères ayant importé du pétrole brut russe.

Selon le rapport du centre, cette décision n'aurait pas d'impact significatif sur les prix des produits pétroliers pour les consommateurs britanniques, en raison d'une dépendance limitée vis-à-vis de ces importations (3%) et de l'avantage limité tiré desdites importations (le prix du jet fuel importé à partir des raffineries utilisant du pétrole brut russe ne serait par exemple que 2% moins élevé que le prix moyen d'importation)(3).

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