Cases africaines du site (©Ferme aux Crocodiles)
Située à Pierrelatte dans la Drôme, la Ferme aux Crocodiles a ouvert ses portes en 1994. Elle a bénéficié, durant de nombreuses années, de chaleur provenant d’une usine d’enrichissement d’uranium. Aujourd’hui, le site a fait sa mue en adaptant ses outils de régulation de température et d’humidité.
Une source de chaleur inédite
Avec près de 318 000 visiteurs en 2011, la Ferme aux Crocodiles est le 5e site touristique le plus visité en Rhône-Alpes(1). En 18 ans d’existence, elle s’est agrandie à plusieurs reprises et est aujourd’hui constituée d’une sphère tropicale géante de 8 000 m2 et d’un espace extérieur de 4 000 m2. Plus de 400 animaux y cohabitent : de nombreuses espèces de crocodiliens (10 des 23 existantes dans le monde) mais aussi des tortues géantes et des oiseaux exotiques. Des espèces rares comme le Gavial du Gange ou le caïman noir y sont notamment préservées, dans un environnement maintenu à une température de l’ordre de 26°C à 30°C.
C’est justement dans sa source de chaleur qu’a longtemps résidé la particularité de ce parc, outre son espace unique dédié aux crocodiliens (le plus grand d’Europe) : la Ferme aux Crocodiles a été installée à proximité de l’usine d’enrichissement d’uranium de Georges Besse I, dite « Eurodif » afin de bénéficier de ses rejets thermiques offrant une source de chaleur bon marché. Cette usine, utilisant la technologie de diffusion gazeuse, intégrait des compresseurs nécessaires à la haute pression du procédé. Les calories des circuits de refroidissement de ces compresseurs étaient valorisées par un réseau de chaleur auquel était connecté la Ferme aux Crocodiles.
En juin 2012, Georges Besse I a cessé sa production. L’usine qui la remplace, George Besse II, enrichit l’uranium par ultracentrifugation, une autre technologie qui ne permet plus d’alimenter le réseau de chaleur de la Ferme aux Crocodiles. Cette dernière est aujourd’hui alimentée grâce à une chaufferie au gaz avant la mise en service d'une centrale de cogénération biomasse(2).
Une gestion à distance pour optimiser la consommation
La Ferme aux Crocodiles a entre-temps modernisé ses systèmes de régulation de température, d’aération et d’humidité. La consommation d’énergie du site était mal adaptée par le passé pour faire face aux variations climatiques. Une PME drômoise, Topaza-Pella, a cartographié la Ferme aux Crocodiles afin d’agréger les conditions hygrométriques et thermométriques exactes requises. Des capteurs d’humidité et des sondes de températures, répartis sur le site, permettent désormais de suivre en temps réel ces conditions.
Un système de gestion et de supervision à distance génère automatiquement des consignes afin d’assurer les conditions souhaitées sur le site. Par exemple, les 15 panneaux d’aération sur le toit de la Ferme aux Crocodiles s’ouvrent et se ferment automatiquement en fonction des données recueillies. Des algorithmes de calcul permettent d’anticiper la montée de température dans la journée et prennent en compte l’inertie thermique des circuits de chauffage.
Le personnel peut intervenir sur trois contrôleurs « Millenium 3 Smart Crouzet », des modules connectés au système de supervision central par une extension Ethernet. Deux à trois années seront nécessaires pour chiffrer les économies d’énergie réalisées. D’ici là, la Ferme aura probablement à nouveau évolué, à l’image de ses hôtes qui seraient apparus il y a plus de 65 millions d’années(3) sur Terre.