
Ligne électrique reliant Aigueblanche à Saint-André. (©RTE/Seignette-Lafontan)
En 2024, la consommation d'électricité française a légèrement augmenté pour la première fois depuis la crise énergétique.
Un rebond de la consommation brute d'électricité
En 2024, la consommation brute d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 442,2 TWh, soit une hausse de 0,9% par rapport au niveau de 2023 (438,5 TWh).
Une fois ces données brutes de consommation mesurées et compilées, RTE « réalise systématiquement une correction [...] afin de permettre une comparaison d’une année sur l’autre indépendamment de la variabilité météorologique, et une identification des effets structurels qui affectent le niveau de consommation », rappelle Maïté Jauréguy-Naudin, directrice en charge des statistiques et de la valorisation des données de RTE(1).
Une partie de la hausse de la consommation électrique en 2024 était liée à un « effet calendaire », puisque l’année 2024 était bissextile, rappelle RTE : en enlevant ainsi la demande du 29 février 2024 (1,4 TWh) la hausse de la consommation brute d'électricité l'an dernier était de seulement 0,5%.
Dans le même temps, les températures en 2024 ont été « en moyenne supérieures aux normales de saison, ce qui a réduit les besoins de consommation électrique pour le chauffage en hiver, et augmenté la consommation électrique en été, pour les besoins de climatisation ». Sachant que la consommation électrique est plus « thermosensible » en hiver qu’en été, « l’effet de la réduction des besoins de chauffage en hiver a été prépondérant ».
Le niveau de la consommation « corrigée » en 2024
Corrigée des aléas météorologiques et calendaires, la consommation d'électricité en France métropolitaine en 2024 est supérieure à la consommation brute (puisque cette dernière aurait été plus importante avec des températures plus proches des normales saisonnières) : elle est estimée à 449,2 TWh en 2024, soit 0,7% de plus qu'en 2023 (+ 3,1 TWh).

La hausse de consommation « corrigée » est liée à « un contexte macroéconomique légèrement plus favorable », explique RTE. La consommation des grandes industries et consommateurs tertiaires raccordés au réseau à haute et très haute tension de RTE a ainsi davantage progressé que celle des autres clients (+ 2,4%).
Appel de puissance : une « pointe » à 86 GW
Les niveaux de consommation journalière d'électricité les plus élevés de l’année 2024 ont été observés « entre le 8 et le 20 janvier », période durant laquelle les températures étaient inférieures de 3°C aux normales de saison(2), précise RTE.
La « pointe » d'appel de puissance sur le réseau de RTE en 2024 a été « enregistrée le mercredi 10 janvier à 19h, à hauteur de 86 GW ». Bien que plus élevée que la pointe de 2023, elle « s’inscrit – avec les pointes de consommation des années 2014 et 2020 (caractérisées par des hivers doux) – parmi les plus faibles des dix dernières années », indique le gestionnaire de réseau. Très loin du pic d'appel de puissance historique de 102,1 GW atteint le 8 février 2012.

Toujours un faible niveau de fond
Si la hausse de consommation en 2024 « rompt avec la tendance à la baisse observée ses dernières années », le niveau de consommation reste « très inférieur à celui observé au cours des années 2010 (de l’ordre de -30 TWh, soit -6 %, par rapport à la moyenne de la consommation au cours de la période 2014-2019) », constate RTE.
Cette évolution de la consommation d’électricité dépend de différents leviers, souligne Maïté Jauréguy-Naudin, avec un effet à la baisse liés aux efforts d'efficacité énergétique et sobriété (« mieux et moins consommer partout où c’est possible ») et un effet à la hausse liée à l'électrification des usages nécessaire dans le cadre de la transition bas carbone (60% de l’énergie consommée en France repose encore sur les énergies fossiles alors que la production électrique abondante est désormais décarbonée à près de 95%).
« Avec un solde net exportateur de 89 TWh en 2024, on voit qu’aujourd’hui les exports offrent un débouché à cette électricité abondante, décarbonée et compétitive », souligne Maïté Jauréguy-Naudin, cette électricité permettant également « d'accompagner de nouveaux usages comme les data centers et les électrolyseurs sur le sol français ».