Les différentes bases de données utilisées dans l’étude(1) de l’Ademe indiquent que les éoliennes sont implantées « majoritairement sur des communes rurales, où les revenus médians sont modestes ». (©Pixabay)
Habiter près d’un parc éolien terrestre nuit-il à la valeur de votre logement ? Une question « récurrente dans le débat public » à laquelle l’Agence de la transition écologique (Ademe) répond avec une première « analyse de référence »(2) sur le sujet publiée le 1er juin(3).
Un impact « nul » ou « très faible » sur le prix de l’immobilier
Selon l’Ademe, une analyse quantitative permet factuellement de trancher la question : l’impact de l’éolien terrestre sur les prix de l’immobilier en France métropolitaine est « très faible pour 10% des maisons vendues sur la période 2015-2020 » et « nul » pour les 90% de cas restants.
Ces conclusions reposent sur une étude statistique mesurant la variation du prix du m2 des maisons « par doubles différences » : cette méthode consiste à comparer la différence entre un groupe témoin (habitations n’ayant pas d’éoliennes à proximité) et un groupe ayant des caractéristiques proches, avant et après la mise en service d’éoliennes (groupe divisé en 4 catégories : habitations à moins de 5 km d’une éolienne, entre 5 et 10km, entre 10 et 15 km et entre 15 et 20 km).
Dans le détail, l’étude de l’Ademe fait état, pour les maisons situées à moins de 5 km d’éoliennes d’un impact moyen de « - 1,5% sur le prix par m2 (ce périmètre correspond à 10% des maisons vendues en France métropolitaine sur la période) ». L’impact est jugé nul au-delà, dès que la distance entre habitations et éoliennes dépasse 5 km(4).
L’Ademe souligne que l’impact mesuré est « comparable à celui d’autres infrastructures industrielles (antenne téléphonique, centrale thermique, décharge/incinérateur, ligne haute tension) ».
Des nuances en cas de proximité immédiate ou pour un « bien d’exception »
L’étude de l’Ademe « permet également de confirmer statistiquement que les biens situés à proximité des parcs restent des actifs liquides, l’éolien ne bloquant pas les ventes ».
L’Ademe souligne toutefois « la dimension sociologique très marquée » du sujet de son étude, jugeant à ce titre « intéressant d’analyser la façon dont les résultats peuvent varier dans le temps et selon les sujets » : l’image liée à une infrastructure reste « très variable selon le contexte local » et peut à ce titre « avoir un impact sur le marché des biens immobiliers à sa proximité ».
Par ailleurs, des cas « spécifiques (et très peu nombreux) » peuvent potentiellement être bien plus affectés par l’implantation d’éoliennes à proximité, par exemple dans le cas d’un « bien d’exception (château, manoir, demeure de luxe, situation ou bâti remarquable) » ou si les habitations sont « très proches » des éoliennes (de l’ordre de 500 à 1 000 m) ».
Des analyses complémentaires seront lancées, notamment pour préciser les impacts sur des espacements inférieurs à 5 km entre éoliennes et habitations. Selon l’Ademe, les maisons situées à moins de 2,5 km d’une éolienne ont compté pour 2,8% des transactions effectuées en France métropolitaine entre 2015 et 2020.
L’Ademe souligne enfin que l’impact de la proximité d’éoliennes sur le prix de l’immobilier « n’est pas absolu, il est de nature à évoluer en fonction des besoins ressentis par les citoyens vis-à-vis de leur environnement, de leur perception du paysage et de la transition énergétique ».