Vue aérienne du parc photovoltaïque géant de Catalina Solar dans le désert de Mojave, en Californie. (©EDF-Frederic Neema)
L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié le 2 octobre son « Medium-Term Market Report » consacré aux énergies renouvelables qui délivre des projections sur leurs perspectives de croissance à l’horizon 2020. Une grande partie de ce rapport porte sur les filières renouvelables productrices d’électricité dont nous vous proposons un état des lieux en 3 questions.
Production d’électricité d’origine renouvelable : quel potentiel de croissance ?
En 2014, les nouvelles capacités électriques renouvelables installées dans le monde ont atteint un niveau inégalé de 130 GW. Cela correspond, selon l’AIE, à 45% de toutes les additions nettes de capacités, c'est-à-dire des puissances électriques maximales installées durant cette année. Dans les 5 ans à venir, la puissance du parc électrique renouvelable pourrait encore augmenter de 700 GW au niveau mondial, soit de 140 GW en moyenne par an. Cela correspondrait à deux tiers des additions nettes de puissances électriques installées d’ici à 2020 d’après les projections de l’AIE. Les nouvelles unités de production électrique renouvelables seraient principalement installées en Chine (pour 38% des nouvelles capacités), dans l’Union européenne (13%), aux États-Unis et en Inde (9%) ou encore au Brésil et au Japon (5%).
Il est toutefois nécessaire de prendre en compte le facteur de charge des différentes unités de production électrique (ratio entre l’énergie produite et l’énergie qui aurait été produite si l’unité produisait constamment à sa puissance maximale) pour connaître leur impact réel en matière de production.
Or, si les énergies renouvelables ont vocation à long terme à fournir l’essentiel de l’électricité mondiale selon l’AIE, elles ne comptaient en 2013 que pour 22% du mix de production globale (loin du charbon à partir duquel plus de 40% de l’électricité mondiale est générée). En 2020, leur part dans la production mondiale d’électricité devrait atteindre 26% selon l’AIE.
D’ici à 2020, l’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque devraient chacun compter pour un tiers des nouvelles puissances renouvelables installées. L’hydroélectricité restera toutefois de loin la première source renouvelable productrice d’électricité. Elle comptera pour un cinquième des nouvelles capacités renouvelables mais pour un quart de la hausse de production associée, compte tenu de son facteur de charge bien plus élevé que les énergies renouvelables intermittentes. Le caractère intermittent et plus ou moins aléatoire des parcs renouvelables qui vont le plus se développer dans les années à venir (éolien et photovoltaÏque) exige en outre le développement de solutions de stockage et plus globalement de « smart grids ».
Coûts des énergies renouvelables : baissent-ils vraiment ?
Entre 2010 et 2015, les coûts de production électrique des nouvelles éoliennes terrestres auraient baissé d’environ 30% en moyenne selon l'AIE. Dans le cas des nouvelles installations photovoltaïques, ces coûts auraient même été réduits des deux tiers. D’ici à 2020, l’AIE envisage une poursuite de la baisse de ces coûts, d’environ 10% pour l’éolien terrestre et 25% pour le solaire photovoltaïque.
Malgré cette baisse des coûts, ces énergies renouvelables nécessitent encore des politiques de soutien et des cadres réglementaires stables afin qu’elles attirent les investisseurs. En 2014, les investissements mondiaux dans les nouvelles capacités électriques renouvelables ont avoisiné 270 milliards de dollars. D’ici à 2020, ils devraient légèrement baisser et se situer à hauteur de 230 milliards de dollars par an (selon le principal scénario envisagé par l’AIE). L’AIE impute cette baisse en partie à la réduction des coûts des filières renouvelables les plus matures.
Chute des cours du pétrole : quel impact pour les énergies renouvelables ?
Le prix du baril de Brent se situe actuellement en-dessous de la barre des 50 $ alors qu’il était de plus de 100 $ en août 2014(1). Pour les énergies renouvelables productrices d’électricité, l’impact est toutefois assez « limité » selon l’AIE. La baisse profite aux centrales au fioul mais celles-ci ne fournissent qu’environ 5% de l’électricité mondiale. Elle a également un impact sur les centrales à gaz dans les zones où les contrats de fourniture sont en partie indexés sur le pétrole, par exemple en Europe ou en Asie.
L’AIE répète toutefois que le volontarisme politique reste bien le principal facteur conditionnant le développement des énergies renouvelables dans le secteur électrique. Ces dernières devraient à ce titre profiter du contexte de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et des engagements nationaux relatifs à la COP21.