Les membres du projet IHES - débuté en 2016 - ont conçu le flotteur et le système houlomoteur Wavegem. (©Jacques Vapillon - Geps Techno)
Le consortium IHES piloté par Geps Techno(1) a installé le 21 août une plateforme de récupération de l’énergie de la houle au large du Croisic. Présentation de ce prototype.
Une campagne d’essais de 18 mois
La plateforme dite « Wavegem » exploite l’énergie houlomotrice : elle produit de l’électricité à partir des vagues successives nées de l’effet du vent à la surface de la mer. Pour rappel, différentes technologies houlomotrices ont été développées jusqu’ici : systèmes à déferlement, à flotteur, colonnes d’eau oscillantes, etc.
Dans le cas du prototype de Geps Techno, le principe consiste à « mettre en circulation fermée de l’eau de mer, contenue dans plusieurs compartiments par gravité à l’aide des mouvements du flotteur. Cette circulation d’eau produit de l’électricité via un turbinage dans des turbines basse vitesse », explique Jean-Luc Longeroche, dirigeant de Geps Techno. Cette technologie « unique au monde […] est déjà commercialisée depuis 2015 sous la forme de bouées de monitoring et de dispositifs de stabilisation à récupération d’énergie », précise-t-il.
Outre son système houlomoteur, le prototype Wavegem - qui mesure 21 m de long, 14 m de large et 7 m de haut - est équipé de 68 m2 de panneaux photovoltaïques. L’installation dispose d’une puissance totale de 150 kW (80% houlomoteur, 20% solaire), Geps Techno indiquant « viser une puissance moyenne d’environ 30 kW » durant la période d'essais. Un dispositif de stockage, composé « de supercapacités(2)pour le stockage court terme et de batteries pour le stockage moyen terme », est intégré au prototype (avec une capacité de stockage de 300 kWh).
L’installation Wavegem doit être testée durant une période de 18 mois sur le site du SEM-REV (une zone d’essais de Centrale Nantes dédiée aux énergies marines renouvelables, à 20 km des côtes du Croisic(3)). Cette campagne de tests doit permettre de démontrer la fiabilité de cette technologie « mais aussi de tester et comparer les performances de différents sous-systèmes de la plateforme : turbines, génératrices, contrôle-commande…» en conditions réelles.
Sur le site du SEM-REV, le prototype Wavegem qui près de 200 tonnes été raccordé à 4 lignes d’ancrage (déjà installées sur le site en juillet 2019) en moins de 6 heures, démontrant « la simplicité des systèmes d’ancrage mis en œuvre » selon Geps Techno. (©Jacques Vapillon - Geps Techno)
Des îles non connectées et des installations pétrolières offshore
La plateforme Wavegem a vocation à servir de « maison témoin » pour les futurs clients situés dans des zones dépourvues d’accès à l’électricité : installations maritimes (notamment dans l’offshore pétrolier), systèmes insulaires isolés, etc. Geps Techno a débuté sa prospection de nouveaux marchés « depuis près d’un an pour conclure les premiers contrats commerciaux pour des puissances allant de 50 à 500 kW ».
Ces contacts sont « indépendants de la vitesse de développement des énergies marines en France », souligne Jean-Luc Longeroche : « les côtes françaises et particulièrement les côtes ultra-marines disposent de ressources importantes en houle mais la majorité des contacts commerciaux sont des pistes de contrats à l’export », explique-t-il.
Le coût total du projet Wavegem est de 5 millions d’euros, Bpifrance ayant contribué à son financement dans le cadre du Programme des Investissements d’Avenir (dispositif PIAVE). Le coût de production attendu in fine n’est pas communiqué (il serait actuellement pour la filière de l'ordre de 200 à 300 €/MWh selon IFP Énergies nouvelles(4)) mais Jean-Luc Longeroche précise que cette question « ne se pose pas dans des termes habituels dans la mesure où les prospects sont la plupart du temps demandeurs de lever un verrou technique pour déverrouiller une nouvelle application : en conséquence, les négociations se déroulent principalement autour de coûts d’investissements et non de coût du kWh ».
IFP Énergies nouvelles rappelle que le Conseil mondial de l’énergie a évalué à 10% le potentiel théorique de la demande annuelle mondiale d’électricité pouvant être couverte grâce à l’énergie houlomotrice. En France métropolitaine, le potentiel de production est estimé à 40 TWh/an, principalement sur la façade atlantique (avec une puissance installée de 10 à 15 GW).