(©Pixabay-cromaconceptovisual)
La production d'électrolyseurs est amenée à fortement augmenter et les projets pilotes pour de « nouvelles utilisations de l'hydrogène prolifèrent » mais « ces domaines restent une petite partie du paysage global de l'hydrogène », rappelle l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un nouveau rapport publié ce 22 septembre(1).
État de la production et de la consommation d'hydrogène dans le monde
En 2021, la consommation mondiale d'hydrogène s'est élevée à 94 millions de tonnes (Mt) selon l'AIE, un record (le précédent pic de la demande atteint en 2019 était de 91 Mt). Mais la hausse de la demande concerne en grande majorité des « utilisations traditionnelles de l'hydrogène dans le raffinage et l'industrie », précise l'Agence.
Les projets concernant de « nouvelles » utilisations de l'hydrogène (démonstrateur pour la production d'acier, flotte de trains à hydrogène mise en service en Allemagne, production d'électricité, etc.) sont en forte augmentation, comme en témoignent également les « plus de 100 projets pilotes et de démonstration d'utilisation de l'hydrogène et de ses dérivés dans le transport maritime ». La demande d'hydrogène pour ces « nouvelles » applications a au total augmenté de 60% en 2021, indique l'AIE. Mais cette croissance « se réfère à un niveau antérieur de consommation si faible que la demande en question a seulement atteint... 40 000 tonnes » en 2021.
La croissance de la consommation mondiale d'hydrogène en 2021 a par ailleurs été largement satisfaite par une production supplémentaire d'hydrogène à partir d'énergies fossiles sans captage du CO2. Autrement dit, elle n'a pas « pas présenté d'avantage pour atténuer les changements climatiques ». En 2021, la production d'hydrogène « bas carbone » (principalement à partir d'énergies fossiles mais avec captage du CO2) s'est limitée à moins d'un million de tonnes, même si de nouveaux projets se développent à « une vitesse impressionnante », indique l'AIE.
Quelles perspectives ?
Sur la base des politiques et mesures annoncées dans le monde, l'AIE estime que la demande mondiale d'hydrogène pourrait atteindre 115 Mt en 2030 (soit près de 22% de plus que le niveau de 2021), dont 2 Mt seulement concerneraient des « nouveaux usages » de l'hydrogène.
L'AIE estime que le niveau de la demande planétaire d'hydrogène devrait s'élever à 130 Mt en 2030 (dont un quart consacré à des nouveaux usages de l'hydrogène) pour que les différents pays parviennent à respecter leurs différents engagements climatiques. Et même à 200 Mt à cet horizon pour espérer atteindre la neutralité carbone au niveau mondial en 2050.
La croissance des capacités « de production d'électrolyseurs est en particulier essentielle au déploiement des chaînes d'approvisionnement en hydrogène » bas carbone, constate l'AIE. À l'heure actuelle, ces capacités s'élèvent à près de 8 GW par an selon l'Agence mais elles « pourraient dépasser 60 GW par an d'ici à 2030 selon les annonces des industriels ». L'AIE souligne que la flambée actuelle des prix des énergies fossiles rend plus compétitive la production d'hydrogène à partir d'énergies renouvelables.
Depuis septembre 2021, l'Agence internationale de l'énergie a comptabilisé 9 nouvelles stratégies nationales pour favoriser le développement de l'hydrogène, portant leur nombre à 26 au niveau mondial. Toutefois, elle déplore encore dans son rapport un manque de soutien politique « pour favoriser une demande d'hydrogène, point essentiel pour sécuriser des accords d'approvisionnement, l'absence de création de demande entravant les décisions finales d'investissement ».
