Denis Margot
Les coefficients d’émissions fournis par l’ADEME incluent l’analyse de cycle de vie, sinon le nucléaire, l’éolien, l’hydro seraient à 0 g/kWh, ou à peu près. Si l’hydrogène s’avère un jour un bon vecteur énergétique, le seul critère à retenir vis-à-vis de la lutte contre les changements climatiques est ce fameux coefficient, certainement pas sa provenance (renouvelable / nucléaire). Supposons un fabricant de PV fournissant un mauvais produit mais très bon marché :
- Durée de vie = 10 ans
- Rendement moyen 300 kWh/j par m2
- Consommation d’énergie à la fabrication : 3000 kWh
Ce panneau fournit une énergie renouvelable ET décarbonée, c’est donc la panacée, youpi, on va lui faire produire de l’hydrogène révolutionnaire ! Pourtant ce panneau n’a pas eu le temps de rembourser son coût énergétique de fabrication qu’il est déjà périmé. Si on ajoute en plus le mauvais rendement hydrolyse/H2, on récupère au bout de 10 ans un maigre 1000 kWh pour un investissement de 3000 kWh. Maintenant, on est là pour ça, après tout, si on regarde le bilan CO2 des PV fabriqués en Chine, le temps pour rembourser le CO2 émis lors de la fabrication varie entre 10 et 30 ans, et ce PV ne vivra pas assez longtemps pour ne serait-ce que justifier sa fabrication pour réduire l’empreinte carbone.
Bref, votre critère RENOUVELABLE n’est pas recevable et le seul qui compte (enfin presque, mais passons), c’est DÉCARBONÉ. Lorsque vous dites que « les énergies non renouvelables n’ont rien à faire dans ce comparatif », vous vous défaussez un peu facilement d’un irritant, à savoir que, malgré votre allergie négawattienne à l’énergie nucléaire, le nucléaire reste une excellente solution, si tant est que l’option H2 démontre sa pertinence. Et voyez-vous, la sobriété énergétique, que j’approuve totalement, n’est pas une vertu renouvelable, elle est tout autant nucléaire qu’éolienne ou hydro.