Serge Rochain

@Diedisheim:
Je pourrais répondre bêtement à votre question en citant AIE qui voit dans le seul potentiel de l’éolien offshore de quoi satisfaire 11 fois le besoin mondial estimé d’électricité en 2040, soit 420 000 TWh/an :
https://www.connaissancedesenergies.org/mais-pourquoi-diable-chercher-c…
Sans contester leur chiffre je pense que ce ne peut être qu’une réponse idiote à une question mal posée.
Cette question n’a pas de sens si elle n’est pas assortie de quelques clauses restrictives. En effet, on peut toujours ajouter une éolienne, qui produira toujours quelque chose, même si c’est minime. Et tant que l’ensemble du territoire et des eaux territoriales ne sont pas constellés d’éoliennes cet ajout est toujours possible et accroit la potentialité. Il me semble important de limiter la question en imposant au moins que le coût d’investissement et d’exploitation sur la durée d’amortissement soit moindre que le montant de la vente d’électricité produite pour chacune des éoliennes entrant dans l’estimation de la potentialité répondant à la question.
Et on s’aperçoit rapidement que les deux critères coûts et gains sont variables dans le temps et dépendent également l’un de l’autre, en sens inverse et dans le temps. Plus le temps passe meilleures sont les performances des éoliennes et moindre est leur coût ce qui en faveur de la baisse de leur propre prix mais plus d’éolienne signifie produire plus d’électricité et en faire baisser le prix ce qui est en défaveur de la rentabilité de l’investissement.
Je ne crois pas que qui que ce soit sait ce qu’est ce point d’équilibre aujourd’hui et cela n’a d’ailleurs aucune importance car il sera très différent demain. Car si la chute des prix de l’éolien est moins rapide que celle du photovoltaïque elle reste tout de même assez prononcée dès que la technologie employée (Terrestre, offshore ancré ou flottant avec ses différentes variantes) est parfaitement maitrisé, ce qui n’est pas le cas du flottant aujourd’hui où toutes les entreprises soumissionnaires ouvrent de vastes parapluie pour se mettre à l’abri des surprises en négociant des MWH au moins au prix du MWh-EPR. Cela se voit avec le prix négocié des attributions de concessions, entre un ancré comme dans le projet Dunkerque à 44€/MWh où l’expérience de plus de 20 ans du bénéficiaire n’a plus rien à découvrir et l’aventure dans le flottant très au large des côtes dans plusieurs concessions en Atlantique à plus de 110€/KWh (ref. EPR). Par exemple Dieppe-Tréport à 131€/MWh, St. Brieuc 155€/MWh… Vous trouverez cela ici : https://www.mer-ocean.com/le-prix-de-leolien-francais-en-mer-les-futurs…
Vous y verrez aussi une estimation pour l’offshore donnant pour la France un potentiel de 46% de la production électrique actuelle … sans aucune explication sur l’étude qui le conclue…. A voir.
Il y a plus intéressant avec l’étude faite par EngieGreen :
https://participons.debatpublic.fr/uploads/decidim/attachment/file/438/…
Mais pour moi cette question est sans fondement. Pour avoir du 100% ENR ce ne sera pas qu’avec de l’éolien, ni qu’avec du solaire, ni avec quoi que ce soit d’autre. A part le Soleil qui ne brille pas la nuit, chaque autre source pourrait fournir 100% du besoin à un coût exorbitant et de façon stupide, en couvrant chaque m2 du pays d’éoliennes, qui grâce au foisonnement comme le démontre l’étude d’Engie fournirait 100% du temps le nécessaire. Temps durant lequel il fournirait jusqu’à 500% du besoin durant plus de la moitié de ce temps ; produisant (avec les 400% excédentaires) une quantité énorme d’hydrogène dont on aurait jamais besoin puisque cette débauche d’éoliennes garantirait le besoin permanent, avec un coût d’investissement que je n’ose même pas imaginer.
Il y a bien mieux à faire que cette hypothèse déjantée, il faut d’abord définir la « mission » allouée à chaque source d’électricité potentielle avec une place très importante (la plus importante à mon avis) au solaire. Je l’explique parce que d’une part le solaire est la moins imprévisible et la moins variable de sources … variables, et que d’autre part c’est lorsque le Soleil est abondant que nous avons le plus besoin d’électricité puisque c’est aussi le moment où l’activité économique est active. A cela s’ajoute le fait qu’aujourd’hui on a déplacé un certain nombre de consommations en période nocturne pour satisfaire à la monotonie de production du parc nucléaire dont moins du quart est apte à une relative pilotabilité.
C’est donc essentiellement entre l’éolien et le solaire PPV qu’il faut organiser la charge à partager mais en ménageant la ressource ENR permanente constituée de l’hydraulique, et du biogaz auxquels s’ajouteront dans le temps l’exploitation des marées, houles, courants marins, et stockages sous différentes formes certainement dont hydrogène sans doute des excédents de l’éolien à la variabilité imprévisible à long terme.
Je pense avoir répondu objectivement à votre question.
Serge Rochain