Embargo européen et prix plafond : quel impact sur les revenus pétroliers de la Russie ?

parue le
Roubles

Les recettes de la Russie liées à ses exportations d'énergies fossiles s'élèvent actuellement à près de 640 millions d'euros par jour selon le CREA. (©Pixabay)

L'embargo européen sur les importations russes de pétrole brut et l'instauration d'un prix plafond auraient réduit de « près de 160 millions d'euros par jour » les revenus de la Russie, selon l'estimation publiée ce 11 janvier par le CREA (Centre for Research on Energy and Clean Air).

Embargo et prix plafond

Pour rappel, l'embargo de l'Union européenne portant sur les importations de pétrole russe par voie maritime est entré en vigueur le 5 décembre 2022. « Ce n’est donc pas un embargo total (la Hongrie continue à importer du pétrole russe par oléoduc), mais l’UE se prive d’au moins 90% ou plus des volumes de pétrole russe qu’elle importait avant la guerre en Ukraine », indiquait alors Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS(1)

Un prix plafond sur le pétrole brut exporté par la Russie a par ailleurs été décidé par le G7(2), l'UE et l'Australie, à un niveau de 60 $ par baril : ce plafonnement des prix « permet aux opérateurs européens de transporter du pétrole russe vers des pays tiers, à condition que le prix de ce dernier soit strictement inférieur au plafond »(3), les approvisionnements sont ainsi maintenus pour stabiliser les marchés tout en réduisant les revenus russes.

Au total, cet embargo et le plafonnement des prix ont, selon le CREA, « entraîné une réduction de 12% des exportations russes de pétrole brut et une baisse de 23% des prix de vente », ce qui a conduit à une chute de 32% des revenus de la Russie liés à ses exportations de pétrole brut.

L'arrêt, fin décembre 2022, des importations allemandes de pétrole par oléoduc depuis la Russie ont encore accentué cette chute (de près de 18 millions d'euros par jour).

Vers un prix plafond beaucoup plus faible ?

Les revenus de la Russie liés à l'ensemble de ses exportations de combustibles fossiles s'élèveraient actuellement encore à près de 640 millions d'euros par jour selon le CREA (contre environ 795 millions d'euros par jour entre septembre et novembre 2022).

Ces revenus pourraient chuter à près de 543 millions d'euros par jour après le 5 février 2023, l'embargo européen et un prix plafond s'appliquant également aux produits pétroliers raffinés après cette date.

Mais le CREA appelle à encore baisser le prix plafond du pétrole importé, autour de 25 à 35 $ par baril pour pétrole brut (et 5 $ par baril plus cher pour les produits pétroliers). Cette fourchette de prix, « toujours bien au-dessus des coûts de production et de transport de la Russie, réduirait les recettes de la Russie liées à ses exportations de pétrole d'au moins 100 millions d'euros par jour », estime le CREA.

« En réponse au mécanisme de plafonnement des prix du brut du G7, la Russie a déclaré fin décembre qu'elle interdirait les livraisons de brut aux pays respectant le plafond de 60 $/b pendant cinq mois à compter du 1er février », rappelle par ailleurs IFP Énergies nouvelles qui considère que cette mesure « ne devrait pas avoir beaucoup d'impact »(4).