Dépendance aux énergies fossiles russes : commentaires de l'Académie des technologies

parue le

©Pixabay

L’Académie des technologies vient de publier un rapport « Sortir de la dépendance aux énergies fossiles russes »(1) dans lequel elle décrit le poids des relations énergétiques entre Europe et Russie et les pistes pour s'affranchir de la dépendance aux hydrocarbures russes. Morceaux choisis.

Dépendance mutuelle

L’Académie des technologies insiste sur la relation d’interdépendance entre Russie et l’Europe : « si l’Europe dépend de la Russie pour son approvisionnement énergétique, la Russie dépend de l’Europe pour financer son budget via les excédents de sa balance commerciale ». En 2021, 74% du gaz exporté par la Russie a en effet été livré en Europe (et environ la moitié du gaz importé en Europe provient de Russie).

Destinations des exportations russes de combustibles fossiles en 2021

Sobriété

Pour réduire le besoin d’hydrocarbures russes, « le seul levier à effet immédiat est la sobriété ». Par exemple, la réduction des températures des logements d’1°C « permet d’économiser environ 7% d’énergie (plus la température de départ est déjà réduite, moins ce bénéfice est grand», rappelle l’Académie des technologies. Toute réglementation en la matière semble toutefois compliquée à mettre en œuvre. Une autre mesure « symbole » est mentionnée : sur la base d’une évaluation du Commissariat général au Développement Durable, « réduire la vitesse autoroutière à 110 km/h économiserait un peu plus de 1,5% de la consommation française de produits pétroliers ».

En parallèle de larges campagnes de sensibilisation « antigaspi », l’Académie des technologies suggère de « renchérir artificiellement le prix des hydrocarbures russes » pour s’assurer que les baisses de consommation affectent directement ceux-ci (le bénéfice d’une taxe pourrait être reversé aux ménages précaires face à la hausse des prix de l’énergie).

Prix du CO2

Le prix du CO2 sur le marché carbone européen avoisine actuellement 80 €/t et a même atteint 100 €/t début février 2022 (contre 30 €/t début 2021), rappelle l'Académie des technologies. « La politique volontaire de la Commission pour faire monter ce prix a donc réussi » mais ce prix des quotas d'émission reste « trop bas pour accélérer les investissements de décarbonation des grands industriels et des producteurs d’énergie ».

Pour accélérer la tendance haussière du marché carbone européen, l’Académie des technologies appelle à réduire les autorisations d’émission, et juge que le montant de la valeur tutélaire du carbone dans les politiques publiques suggérée par France Stratégie (250 € par tonne en 2030) est « sans doute insuffisant pour accélérer la décarbonation de l’économie ».

Production d’électricité

Pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures russes, l’Académie des technologies préconise d'accélérer en France le calendrier d’adoption de la nouvelle stratégie sur l’énergie et le climat, « d’autant que les grandes décisions à prendre seront tranchées par le débat électoral ». Actuellement, il est prévu « une loi de programmation de l’énergie et du climat mi 2023, et une actualisation de la SNBC et de la PPE en juillet 2024 ».

Au niveau européen, l'Académie des technologies juge par ailleurs qu'il faut « accepter dans les quelques années prochaines une augmentation des consommations de charbon au détriment des consommations de gaz, et donc reporter la fermeture de centrales au charbon », tout en reportant également par ailleurs la fermeture des centrales nucléaires opérationnelles.