La turbine WMS 1000, actuellement en phase de test, pourrait être commercialisée cette année. (©Eole Water)
Une société française a développé une éolienne atypique produisant de l’eau potable à partir de la condensation de l’eau présente dans l’air. Cet usage peut être couplé à la production d’électricité si besoin.
1 000 litres d’eau potable par jour
La société Eole Water, localisée dans les Alpes-de-Haute-Provence, a développé une technologie ouvrant la voie à une diversification des usages des éoliennes. Celles-ci utilisent l’humidité dans l’air ambiant pour produire de l’eau potable. Le dernier modèle d’éolienne développé par la société, dit « WMS 1000 », est composé d’un mât de 24 m de haut, d’un rotor de 13 m de diamètre et pèse plus de 10 tonnes. Il permet selon Eole Water de générer, en situation tempérée (à 25°C avec 60% d’humidité dans l’air), jusqu’à 1 000 litres d’eau par jour.
Cette opération est rendue possible grâce à un condenseur d’humidité intégré dans l’éolienne et alimenté par un générateur électrique de 30 kW. Composé d’un alliage en acier inoxydable, ce condenseur peut fonctionner des années sans risque de corrosion.
L’eau récupérée dans l’air transite ensuite par un système de traitement en différentes étapes : filtration, stérilisation, ultrafiltration, minéralisation. L’eau produite répond ainsi à toutes les normes de qualité fixées par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Elle s’écoule par le mât puis est stockée dans un réservoir protégé au pied de l’éolienne.
Une phase de test aux Emirats arabes unis
Le système développé par Eole Water a vocation à être installé partout dans le monde. Plus de 780 millions de personnes, soit près de 11% de la population mondiale, n’ont actuellement pas accès à l’eau potable d’après l’OMS. Or, l’atmosphère terrestre regorge d’une importante capacité d’eau : près de 13 000 milliards de m3 selon les estimations d’Eole Water(1).
Après avoir été expérimentée un an et demi en France, la turbine WMS 1000 est actuellement en phase de test à Abou Dabi. En zone désertique, les performances de l’installation diminuent naturellement mais l’éolienne peut toujours produire près de 350 litres par jour.
Cette nouvelle technologie présente l’intérêt de collecter uniquement de l’eau dans l’air ambiant, sans toucher aux ressources d’eau naturelle classiques (eau souterraine, lacs, rivières, océans, etc.).
Une réponse aux besoins de collectivités isolées
La technologie WMS est développée afin d’être tout à fait autonome. Dans cette optique, les opérations de maintenance sont censées être limitées, notamment grâce à un système interne de nettoyage automatique et à diverses protections pour résister aux conditions climatiques extrêmes.
Notons que l’éolienne WMS 1000 peut également produire de l’électricité si besoin, en modulant les différents usages : 50% eau / 50% électricité, 25% eau / 75% électricité, etc. Un tableau de bord permet d’ajuster les différentes productions selon les besoins.
L’intérêt de cette éolienne réside toutefois dans la production d’eau potable qui pourrait permettre d’alimenter des zones reculées ne disposant pas d’autres ressources…que celle de l’air.
Breveté au niveau mondial, le dispositif d’Eole Water est le seul à ce jour à tirer profit de l’eau contenue dans l’air à l’aide d’une éolienne. (©Eole Water)