
Les émissions sonores des éoliennes sont réglementées par l’arrêté du 26 août 2011. (©Engie)
Les nuisances sonores occasionnées par les éoliennes figurent parmi les critiques des opposants au développement de cette filière en France (loin toutefois derrière l’impact paysager ou des considérations énergétiques).
D'où vient le bruit des éoliennes ?
Le bruit des éoliennes a principalement deux origines :
- les frottements des pales avec le vent (bruit « aérodynamique ») ;
- les vibrations mécaniques entre les composants de l’éolienne.
Bruit selon la distance par rapport à l'éolienne
Sous une éolienne
Au pied d’une éolienne, le bruit avoisine en moyenne 55 décibels (dBA), soit quasiment l’équivalent du « bruit d’un marché animé » selon Engie Green.
À 500 mètres
La loi française impose de ne pas implanter d’éoliennes à moins de 500 mètres de toute habitation. À cette distance minimum obligatoire, le bruit des éoliennes est réduit en moyenne entre 30 dBA et 40 dBA, soit le niveau sonore d’une conversation à voix basse selon l’Ademe(1).
Précisons que ce bruit varie en fonction du vent mais aussi de l’environnement du site où les éoliennes sont implantées (topographie, végétation, urbanisme, etc.).
À 1 kilomètre
À une distance d'un kilomètre, une éolienne produit un bruit d'environ 20 décibels, comparable à celui d'un vent léger.
Comparaison : échelle de bruit (source : Ademe)

L’échelle des décibels est une échelle logarithmique, ce qui signifie que 3 décibels supplémentaires équivalent à un doublement de l’énergie sonore, et que 10 décibels supplémentaires multiplient celle-ci par 10, rappelle le Cerema(2). « Cependant, si la gêne due au bruit augmente avec le niveau d’exposition sonore, son évolution ne suit généralement pas de loi simple et dépend de chaque source de bruit et de ses caractéristiques (bruit permanent, bruit impulsionnel, bruit grave/aigu, etc.) ».
Que dit la réglementation française ?
Les émissions sonores des éoliennes sont réglementées par l’arrêté du 26 août 2011 (article 26)(3) qui fixe, dans les zones dites « à émergence réglementée » (intérieur des habitations ou zones constructibles), un seuil d’ « émergence sonore » si le niveau de bruit ambiant (bruit comprenant le bruit de fond du site et celui du parc éolien) dépasse 35 dBA : la différence de bruit lorsque le parc éolien est en fonctionnement ou à l’arrêt ne doit pas dépasser 5 dBA en journée (entre 7h et 22h) et 3 dBA la nuit (entre 22h et 7h).
En bordure du périmètre du parc, tel que défini par l’arrêté, le niveau de bruit maximal ne doit pas dépasser 60 dBA la nuit et 70 dBA le jour.
Une étude acoustique est réalisée en amont de l’implantation d’un parc éolien. Des dépassements des seuils obligatoires après sa mise en service peuvent contraindre un exploitant à brider ou à arrêter des éoliennes lors de périodes « critiques » identifiées lors de l’étude (directions et/ou vitesses de vent particulières).
Exposition réelle des Français au bruit éolien
Selon une étude publiée en 2022 portant sur l'année de référence 2017(4), plus de 80% de la population exposée au bruit éolien l’est à des niveaux inférieurs à 40 dBA. La part de la population de France métropolitaine exposée au-delà de cette valeur varie de 0,08% (conditions nocturnes) à 0,18% (conditions diurnes), en fonction des conditions de propagation.
« À titre de comparaison, pour cette même année, la part de population de France métropolitaine exposée à plus de 40 dBA en condition nocturne était de 15% pour le bruit routier, 7% pour le bruit ferroviaire et de 0,7% pour le bruit aérien », précisent les auteurs de l'étude.
Progrès techniques réduisant le bruit
La filière éolienne connaître des perfectionnements techniques constants qui permettent entre autres de réduire le bruit des installations : engrenages de précision silencieux, montage des arbres de transmission sur amortisseurs, capitonnage de la nacelle, etc.
L'Ademe mentionne également un système en forme de peigne installé au bout des pales (« système de serration ») qui « atténue les turbulences du vent à l'arrière des pales, ce qui réduit le bruit aérodynamique ».
Les études en cours
Certaines craintes ont par ailleurs été émises concernant les infrasons (fréquences inférieures à 20 Hz) et sons basse fréquence émis par les éoliennes (la gêne liée au bruit audible concerne essentiellement les fréquences supérieures à 50 Hz).
Selon l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), les études disponibles actuellement ne mettent toutefois « pas en évidence d’argument scientifique suffisant en faveur de l’existence d’effets sanitaires liés » à ces infrasons. « À titre de comparaison, les infrasons émis par notre organisme (battements cardiaques ou respiration) et transmis à notre oreille interne sont plus intenses que ceux émis par les éoliennes », souligne l'Ademe.
Plusieurs projets de recherche portant sur le bruit des éoliennes sont en cours en France : le Cerema pilote notamment le projet « PIBE » (Prévoir l’impact du bruit des éoliennes)(5) qui a pour objectif d'améliorer les méthodes de prévision de l'impact sonore des éoliennes, en étudiant de nouvelles solutions de réduction du bruit.
Le projet « RIBeolH », pilotée par l’Université Gustave Eiffel, s’intéresse quant à lui à l’impact des effets du bruit éolien sur la santé humaine et sur la perception des basses fréquences.