Installation de captage direct de CO2 dans l'ai à Hinwil dans le canton de Zurich. (©Climeworks)
Le captage direct de CO2 dans l’air « joue un rôle croissant » dans les scénarios censés mener à la neutralité carbone, souligne l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport dédié publié début avril(1).
18 installations en service aujourd’hui
Le captage direct de CO2 dans l’air (« DAC » pour « Direct air capture » en anglais) n’est « pas une alternative à la réduction des émissions ou une excuse pour retarder l'action, mais fait partie d'une stratégie globale » pour tendre vers la neutralité carbone, assure l’AIE. Dans son scénario « Net Zero Emissions » à l’horizon 2050, l’Agence prévoit que ces technologies aient la capacité de capter « plus de 85 Mt CO2 en 2030 et environ 980 Mt CO2 en 2050 », contre moins de 0,01 Mt CO2 par an actuellement.
L’AIE fait état de 18 installations de captage direct de CO2 dans l’air en service dans le monde à l'heure actuelle (aux États-Unis, en Islande, en Suisse, en Allemagne, au Canada, en Italie et aux Pays-Bas)(2). Le plus grand site en service, inauguré en Islande en septembre 2021, doit permettre de capter et stocker 4 000 t de CO2 par an. La première centrale de « grande taille » (capable de capter 1 Mt CO2 par an) pourrait commencer à fonctionner au milieu de la décennie aux États-Unis.
Une réutilisation du CO2 capté
La contribution des technologies de « DAC » dépasse le cadre du captage de CO2, souligne l’AIE : le CO2 capté dans l'air peut servir de matière première pour un ensemble d’usages nécessitant une source de carbone, « des boissons aux carburants synthétiques pour l'aviation et aux produits chimiques ».
Dans le scénario « Net Zero Emissions », environ 350 Mt des 980 Mt CO2 captés dans l'air en 2050 servent par exemple à produire des carburants de synthèse (notamment pour l’aviation, « l'une des rares options disponibles pour réduire les émissions du secteur ».) À l’heure actuelle, seules 2 des 18 installations de captage de CO2 en service dans le monde ne vendent pas le CO2 capté pour une réutilisation.
Le coût en question
Il n’en reste pas moins que la « DAC » est le moyen le plus coûteux de capter du CO2, celui-ci étant très dilué dans l’atmosphère en comparaison avec les fumées d’une centrale électrique ou d’une cimenterie. Les coûts de captage du CO2 dans l’air pour une installation de grande échelle construite aujourd’hui sont estimés « entre 125 $ et 335 $ par tonne de CO2 », une fourchette très large compte tenu des incertitudes. L’AIE estime toutefois que ces coûts pourraient chuter « en dessous de 100 $ par tonne » dès 2030 dans les zones disposant d’importantes ressources renouvelables pouvant y être dédiées et en utilisant les meilleures technologies disponibles.
La compétitivité de ces technologies dépendra également du niveau de soutien public et privé, souligne l’AIE. Depuis début 2020, les gouvernements ont « consacré presque 4 milliards de dollars de financements spécifiquement au développement et au déploiement du captage direct de CO2 dans l’air ».