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À l'été 2023, RTE va publier un « Bilan prévisionnel pluriannuel de l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité ». Ce document important « permettra notamment d’alimenter le débat public sur la future programmation énergie-climat ainsi que sur le coût du mix, dans la perspective d’une réforme de l’architecture de marché ». Un appel à contributions vient d'être lancé dans le cadre de son élaboration : vous pouvez donner votre avis sur les « hypothèses de travail provisoires » jusqu'au 28 mars 2023 (voir en fin d'article).
Une hausse des perspectives d’évolution de la consommation « particulièrement nécessaire »
Le Bilan prévisionnel sur lequel RTE lance un appel à contributions porte sur la période 2023-2035. Le document final « se déclinera en une analyse détaillée des perspectives d’évolution du mix électrique sur la période 2024-2027 et des états possibles du système électrique à l’horizon 2035 ».
Au sujet de la consommation d'électricité, le gestionnaire de réseau rappelle que la demande française « structurelle, corrigée des aléas météorologiques, est restée globalement stable sur l’ensemble de la décennie 2010-2020 » et a même « nettement baissé au cours des dernières années au gré de la crise sanitaire puis de la crise énergétique ».
Mais la politique énergie-climat de la France (notamment la stratégie nationale bas carbone) mise sur une forte électrification de nos usages. Dans le rapport « Futurs énergétiques 2050 » publié en octobre 2021 par RTE, le scénario de référence envisage notamment une hausse de la consommation française d'électricité de 35% entre 2020 et 2050. Le vecteur électricité pourrait compter pour « environ 55% de la consommation d’énergie finale en 2050, contre 27% aujourd’hui », indique le gestionnaire de réseau.
Et « la prochaine décennie est celle durant laquelle doit se déployer un effort massif d’électrification », insiste RTE. Autrement dit, « un rehaussement des perspectives d’évolution de la consommation à l’horizon 2030-2035, par rapport à celles envisagées dans la trajectoire de référence des Futurs énergétiques 2050, semble donc particulièrement nécessaire pour tenir compte du renforcement des objectifs climatiques au niveau européen sous l’effet du paquet « Fit for 55 » et des nouvelles orientations des politiques publiques françaises en matière d’énergie et d’activité économique ».
Partagez-vous la nécessité de réévaluer à la hausse les trajectoires de consommation à l’horizon 2030-2035, par rapport aux Futurs énergétiques 2050, pour tenir compte des nouveaux objectifs climatiques et de réindustrialisation ?
Quelle borne haute d’évolution de la consommation vous semble réaliste et à intégrer dans les études pour le prochain Bilan prévisionnel ?
La production : quel « ajustement du mix » d'ici à 2035 ?
La période 2023-2035 sur laquelle porte le Bilan prévisionnel est « celle de l’ajustement du mix d’aujourd’hui » : « les choix sont par nature plus limités que ceux ouverts durant la concertation des Futurs énergétiques 2050, d’autant que le cadre géopolitique, économique et industriel de la transition est de plus en plus contraint », indique RTE.
D'ici à 2035, le gestionnaire de réseau estime que « le moyen d’augmenter le potentiel de production d’électricité décarbonée est de mettre en service de nouvelles installations de production renouvelable, le moyen de ne pas le diminuer est de poursuivre l’exploitation des réacteurs nucléaires existants ».
RTE souligne que le discours d'Emmanuel Macron à Belfort en février 2022(1) constitue certes « une mise à jour essentielle de la doctrine de l’État sur le parc nucléaire et son évolution à long terme » mais considère que sur la période 2023-2035 « aussi courte, aucun nouveau réacteur nucléaire ne peut être mis en service », hormis l'EPR de Flamanville pour lequel RTE « propose de retenir une hypothèse de mise en service conforme à celle communiquée par EDF (au 1er trimestre 2024) ».
Quelles conséquences sur le développement des différentes filières renouvelables (hydraulique, éolien terrestre, éolien en mer, solaire, bioénergies…) considérez-vous nécessaire d’envisager suite à l’adoption de la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables ?
Est-il envisageable que des SMR soient construits pour le système électrique français sur la période 2030-2040 en accompagnement du déploiement des EPR2 ? Si oui quelles capacités, quelles localisations (sites existants / nouveaux sites), quelles échéances, et quelles disponibilités envisagez-vous pour ces unités ? Pour quels usages (électrique, autres) ?
La consultation de RTE sur le Bilan prévisionnel porte sur un ensemble d'hypothèses (dépassant le cadre de l'offre et de la demande) « qui seront retenues dans le cadre de l’analyse de sécurité d’approvisionnement du Bilan prévisionnel 2023 : hypothèses de cadres macroéconomiques, de demande, d’évolution du parc de production, des coûts complets de production, de calendrier de développement d’interconnexion, ou encore hypothèses relatives aux mix énergétiques des pays voisins ».
Les hypothèses présentées dans le document de consultation constituent « des hypothèses de travail provisoires, pour discussion avec l’ensemble des parties prenantes, et ne préjugent pas de celles qui seront retenues dans la publication finale du Bilan prévisionnel », souligne RTE.
Les réponses à cette consultation doivent être adressées d’ici au 28 mars inclus, soit sur la page dédiée du site www.concerte.fr, soit par mail à l’adresse [email protected].