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Le président ukrainien a déclaré dimanche que le gazoduc russo-allemand Nord Stream 2 était "une dangereuse arme géopolitique du Kremlin", en recevant à Kiev la chancelière allemande qui s'est battue pour ce projet.
Ce tuyau sous-marin qui est sur le point d'être achevé et passe sous la mer Baltique, reliera directement la Russie et l'Allemagne, privant l'Ukraine d'au moins 1,5 milliard de dollars par an qu'elle touche actuellement pour le transit du gaz russe par son territoire et d'un outil de pression diplomatique face à son adversaire russe.
"Nous examinons ce projet uniquement dans l'optique de la sécurité et le considérons comme une dangereuse arme géopolitique du Kremlin", a déclaré Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec Angela Merkel. "Personne ne peut nier que les principaux risques avec l'achèvement de Nord Stream 2 pèseront sur l'Ukraine", a-t-il insisté.
La chancelière, qui quitte le pouvoir à l'automne, a essayé une fois de plus de rassurer Kiev, notant avoir trouvé un compromis avec les États-Unis, qui tentaient de bloquer le chantier, pour permettre au projet de se faire à condition que Moscou ne s'en serve pas pour affaiblir l'Ukraine et prolonge son contrat de transit gazier au-delà de 2024.
Mme Merkel a rappelé avoir demandé vendredi à Moscou au président Vladimir Poutine que le "contrat de transit de gaz russe à travers l'Ukraine expirant en 2024 soit prolongé". "Nous sommes d'accord avec les Américains que le gaz ne doit pas être utilisé comme une arme géopolitique, et au final on le verra en fonction du renouvellement du contrat. Le plus vite sera le mieux", a-t-elle ajouté.
Mais le président Zelensky a estimé qu'il n'avait entendu jusqu'ici sur la question de la prolongation de l'accord de transit que "des choses d'ordre très général". La chancelière a déclaré comprendre "les grandes inquiétudes" du président Zelensky tout en relevant que Berlin avait "une responsabilité particulière" en la matière. L'accord germano-américain permet justement "des sanctions si (le gaz) est utilisé comme une arme", a-t-elle assuré. Angela Merkel a enfin promis que ces engagements étaient "contraignants aussi pour de futurs gouvernements" allemands alors qu'elle s'apprête à tirer sa révérence après 16 ans au pouvoir.
L'Ukraine, un allié de l'Occident, est le théâtre d'une guerre séparatiste pro-russe dans l'Est depuis 2014, déclenchée dans la foulée de l'annexion par Moscou de la Crimée ukrainienne. Si les autorités ukrainiennes sont reconnaissantes à Mme Merkel pour son soutien face à Moscou sur ces dossiers, elles lui reprochent d'avoir exclu du champ des sanctions européennes la question gazière, insistant sur la construction du gazoduc Nord Stream 2.