Voyager en voiture électrique est possible mais mieux vaut bien se préparer : test sur les routes de France et de Belgique

  • AFP
  • parue le

Partir en vacances en voiture électrique, c'est possible : un périple de 900 kilomètres entre la France et la Belgique montre que les bornes de recharge sont bien là, mais qu'il est impératif de préparer son trajet pour éviter la panne sèche, tant le réseau reste embryonnaire par rapport aux stations-service traditionnelles.

Le voyage effectué par une équipe de l'AFP illustre le titanesque défi financier et industriel auquel l'Europe fait face alors qu'elle veut interdire la vente de véhicules à essence ou diesel d'ici 13 ans.

Au départ de Paris, pas de problème dans les bouchons de l'agglomération parisienne : la batterie peut tenir des heures à ce rythme. Mais en arrivant sur l'autoroute, l'électrique dévoile un de ses principaux défauts : l'autonomie passe de 250 kilomètres à moins de 100, en bien moins de temps qu'il ne faut pour les parcourir.

Après une première recharge, on arrive avec la jauge à zéro sur l'aire de Verdun (Meuse). Pour une dizaine d'euros, on remplit la batterie à 80%, les derniers 20% étant plus lents.

Il est essentiel d'anticiper son parcours en fonction de la voiture et de la température extérieure, la batterie se déchargeant plus vite en hiver. Pour atteindre la Belgique, il faudra charger quatre fois, pendant une trentaine de minutes à chaque pause. "La recharge en itinérance est essentielle dans l'esprit des gens pour passer à l'électrique", souligne Cécile Goubet, de l'Avere, l'organisation des professionnels du véhicule électrique. Tesla l'avait bien compris, en lançant à ses frais des stations de recharge en parallèle de ses berlines, des stations qui comptent aujourd'hui jusqu'à 40 bornes individuelles chacune, bien plus que les stations concurrentes.

Petites routes

Lorsque l'on quitte l'autoroute pour passer en Belgique, via les départementales, la consommation baisse, comme la peur de la panne. De nombreux chargeurs de moyenne puissance sont disponibles devant des mairies, chez des concessionnaires, ou devant des supermarchés.

La nuit tombe alors que Bruxelles approche : il faut maintenant trouver un hôtel ou un logement où recharger ses batteries, histoire de repartir avec 100% d'autonomie. L'offre se limite encore à des hôtels plutôt huppés ou à quelques Airbnb.

Sur l'aire de Nazareth, près de Gand, des Hollandais enhardis par la performance de leur réseau de bornes s'arrêtent pour une première charge rapide sur le chemin de la France. "Le problème, c'est qu'entre la Belgique et l'Espagne, il y a la France", plaisante Frank Berg, 55 ans, qui se rend en Espagne avec sa femme Olga.

La France en retard

Par rapport aux Pays-Bas, ou à l'Allemagne, le réseau de recharge rapide français est encore bien incomplet. Après l'échec du réseau Corri-Door, lancé en 2015 par des filiales d'EDF et Engie, des opérateurs comme Ionity, TotalEnergies ou FastNed prennent le relais.

Par décret, toutes les aires d'autoroute françaises doivent être équipées d'ici la fin de l'année. Après des années d'hésitation, "il y a beaucoup d'enthousiasme autour de ce business model", confirme Florian Nägele, du cabinet McKinsey. Des géants nationaux et européens devraient se consolider dans les prochaines années, prévoit l'expert du secteur.

Isabelle Inder, 34 ans, fait aussi le voyage vers la Champagne avec sa compagne Antalaya. Elles ont choisi récemment un petit SUV de la marque chinoise MG, qui affiche environ 300 km d'autonomie "pour protéger l'environnement", et pour balader leur gros chien. "On recharge par petits coups chaque fois qu'on s'arrête. C'est pas si compliqué, et c'est pas mal non plus de prendre une pause toutes les heures et demie", explique Isabelle. "Il faut planifier son voyage, mais parfois les apps ne sont pas à jour et la borne ne fonctionne pas".

On en fait l'amère expérience sur l'autoroute Lille-Paris : alors qu'il reste 60 kilomètres à parcourir, une station de recharge est fermée pour travaux, on rate une sortie pour la suivante, et on se retrouve quasiment à zéro sur une station... où la charge rapide ne fonctionne pas.

Près de 300 000 bornes lentes (+ 30% sur un an) et 50 000 rapides (+ 30% aussi) ont été installées en Europe en 2021, selon l'Agence internationale de l'énergie. L'Allemagne, le Royaume-Uni, la Norvège ou la France ont notamment redoublé d'efforts au cours des derniers mois.

Mais cette augmentation de 30% sur un an reste insuffisante face à l'explosion prévue du marché des voitures électriques. Il faudrait un réseau de 6,8 millions de chargeurs d'ici 2030, soit une installation de 14 000 chargeurs par semaine, pour répondre aux besoins, selon l'association européenne des constructeurs d'automobiles.

Commentaires

M
Il est peu probable que l'auteur de cet article ait réellement utilisé une voiture électrique. Voyager avec des arrêts de 1/2h tous les 100km, et l'incertitude permanente de tomber en panne, c'est totalement irréaliste pour de longs trajets, à fortiori pour partir en vacances. Donc deux options aujourd'hui: - Réserver la voiture électrique pour une utilisation "locale" , et louer/emprunter une voiture thermique pour les "longs" trajets, ou utiliser un autre moyen (train, car...) - Ou bien acheter une voiture avec une très "grosse" batterie, mais le prix est fort élevé, et l'autonomie réelle ne dépasse pas 250-300 km. Messieurs les journalistes, donnez nous des informations documentées et réalistes. Sinon, abstenez vous. Merci
Serge Rochain
Et il est peu probable que vous rouliez autrement qu'en fumante car vous tenez les propos de tous les rouleurs en fumante.....vous affirmez sur un sujet dont vous ignorez tout. Regardez plutôt les messages de ceux qui savent de quoi ils parlent comme ThB par exemple... Et pour ma part j'écrirais un peu la même chose, donc c'est inutile. Seul Fluchère fait ici des remarques fondées (une fois n'est pas coutume).
Marc Diedisheim
Tout dépend des parcours. Voici une expérience documentée car vécue de nombreuses fois: faire Sud de Nantes--- Est de Paris avec 50 kWh '(Peugeot e-208) est sans angoisse, avec en tout 50 minutes de temps en plus par rapport à une thermique. Le réseau Ionity, par exemple, est (devenu) particulièrement fiable. Mais ne le répétez pas. L'angoisse des uns, qui les tient hors des autoroutes, réduit le nombre de véhicules en quête de recharge sur les autoroutes, et favorise ceux qui osent ! Et comme ceux qui osent ont en général plus de 50 kWh, ils se rechargent moins souvent que ceux qui ont 50 kWh ou moins, et donc "libèrent" du temps de borne. Mais cela ne durera probablement pas. Un grand distributeur d'énergie électrique envisage des stations de recharge sur autoroute avec 200 connecteurs pour absorber le flux envisagé à terme. Essayez d'imaginer un tel endroit ! Bien cordialement.
serger1162
Il existe au moins un constructeur qui propose des voitures qui font plus de 400kms réels d'autonomie et qui dispose d'un réseau efficaces de bornes de recharge rapide. Je fais régulièrement des trajets Annecy Bordeaux et Annecy Strasbourg (en passant par la Suisse et l'Allemagne) en ne m'arrêtant que 15 Minutes pour recharger eb cours de trajet. Je vous laisse deviner de quel constructeur il s'agit...
Jean FLUCHERE
D'abord il est grand temps que les autorités décident d'une borne de recharge normalisée avec paiement par carte bancaire et choix de la puissance de charge. Ce ne doit pas être très compliquée mais c'est indispensable pour le développement du VE.
jean-philippe …
Je ne sais pas s'il faut rire ou pleurer à la lecture de cet article! On nous parle tous les jours de "planification écologique", mais je trouve qu'il est difficile de faire mieux en termes de désordre total, menant à une catastrophe probable sur nos routes .Les gens se battront pour recharger leur voiture électrique! Quelle folie.....
Serge Rochain
Non, personne ne se battra plus que pour les pompes à essence. Remontez (si vous êtes assez vieux pour cela) de 60 ans en arriere, traverser la france était une véritable galère car les déserts de pompes étaitent bien plus étendus que les déserts de bornes aujourd'hui, et il fallait faire des crochets qui augmentaient d'au moins 50%la durée et le kilométrage du trajet au plus court pour trouver une pompe car elles n'étazient pas indiquées sur les cartes Michelins, comme aujourd'hui les bornes sur la carte de l'écran de votre ordinateur de bord. De plus personne n'avait de puits de pétrole dans son jardin comme on a une prise dans le garage aujourd'hui permettent de faire la premiere partie du parcours carton plein en électron dès le départ. Quelque fois c'est même la totalité du parcours qui est fait avec le 100% au départ avec des autonomies réelles proches de ce qui, est annoncé au WLTP si vous ne prenez pas l'autoroute. Et si vous choisissez l'autoroute c'est même assez simple c'est à peu près les 3/5 du WLTP annoncé. C'est ce que je fais et ça marche à tous les coups ca qui fait que pour un de mes voyage favoris je le fais d'une traite par les nationales et départementales, et si je prends l'autoroute je dois recharger une fois en prenant 1/2 heure pour cela mais malgré ça je gagne prés d'une heure sur le temps totale de trajet. Au lieu de fantasmer sur les catastrophes que vous voyez se profiler à l'horizon avec vos yeux de béotien, faites confiance à ceux qui roulent déjà en VE et dont la premiere demande est bien de pouvoir payer avec la CB sur n'importe quelle borne et au KWh chargé et non au temps de recharge, exactement comme à la pompe (le seul avantage que je lui concède)
pessione alain
En 1975, on dénombrait près de 47 500 stations-service en France. Il en existait 10 000 de moins seulement 7 ans plus tard. La baisse a été particulièrement marquée dans les années 1980, décennie durant laquelle le nombre de stations-service a diminué de 41%. Depuis lors, le rythme de cette baisse s'est ralenti mais les stations peu rentables continuent de disparaître (perte « nette » de 79 stations en 2018). Seules 11 068 stations-service étaient encore en activité en France à fin 2018 Il est donc faux de dire que les détours étaient fréquents, quand aux 50% de parcours en plus il faut oublié Trop peu de rigueur nuit grandement au débat
Serge Rochain
Ce qu'il y a de faux dans votre raisonnement c'est que vous ne savez pas compter ! 60 ans en arriere cela fait 1962 pas 1975 ! Je sais bien ce que j'ai vécu moi même à cette époque et pire encore dans mes souvenirs d'enfant dans la voiture de mon père. à la fin des années 40. Pourtant il y avait déjà des voitures à pétrole depuis ....au moins 40 ans, et les pompes à essence étaient à cette époque peut-être 10 fois moins nombreuses que ne le sont les bornes de recharge électrique aujourd'hui après même pas 15 ans d'existence ! OUI TROP PEU DE RIGUEUR NUIT TRES GRANDEMENT AU DEBAT.
ThB
Possesseur d'un véhicule électrique depuis janvier 2019 avec 45 000 km au compteur, je n'ai jamais eu de sueur froide pour recharger. Il est exact que certaines bornes ne fonctionnent pas, mais avec 480 km d'autonomie si l'on roule à 80 km/h ou 350 km si l'on roule à 120 sur l'autoroute il est facile de trouver une borne fonctionnelle. Je précise aussi que mes trajets sont souvent supérieurs à 450 km, que l'angoisse de la recharge je l'ai eu le premier mois d'utilisation de mon véhicule (ce n'est pas une Tesla) car j'avais un peu trop lu les réseaux sociaux qui parlaient des bornes de recharges en panne. Je suis allé au sport d'hiver avec mon petit fils de 2 ans (600 km) si j'avais eu le moindre doute de tomber en panne je n'aurais pas fait le voyage avec lui. Mon véhicule consomme en moyenne 14,8 kWh/100 sur 45 000 km. Avec une batterie de 64 kW, cela me donne 432 km d'autonomie réelle.
Albatros
Les "fumantes" c'étaient les chaussettes. Les électriques ne sont que des "fumantes" qui ont délocalisé leurs nuisances pour la bonne conscience de leurs heureux propriétaires, non ? Il ne serait pas déraisonnable de réserver l'électrique à l'urbain en priorité, tout en laissant à chacun la liberté de choisir son type de motorisation pour les grands trajets.

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture