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Une nouvelle concession accordée au géant pétrolier américain ExxonMobil par le Guyana a ravivé la tension avec le Venezuela voisin, qui a rejeté samedi "fermement" le permis, estimant que la zone concernée se situe dans les eaux en dispute avec Georgetown.
Une capacité de production supplémentaire de 1,3 million de barils par jour
ExxonMobil a annoncé vendredi dans un communiqué avoir reçu le feu vert du gouvernement guyanien pour développer un nouveau projet d'exploitation dans le bloc Stabroek, une vaste zone offshore où se trouvent d'énormes gisements de pétrole.
Le projet "augmentera la capacité de production du pays à environ 1,3 million de barils par jour", a déclaré Liam Mallon, président d'ExxonMobil, cité dans le communiqué. Le pétrolier prévoit un investissement de 12,7 milliards de dollars, selon le texte.
Une « licence illégale » selon le Venezuela
Le Venezuela "rejette fermement la licence illégale de production de pétrole accordée par le gouvernement de la République coopérative du Guyana à des compagnies pétrolières dans le bloc Stabroek, prétendant disposer de ressources énergétiques dans des zones maritimes à délimiter", a réagi samedi le gouvernement vénézuélien dans une déclaration publiée par le ministre des Affaires étrangères, Yvan Gil.
"Toute concession que le Guyana accorde ou a l'intention d'accorder dans les zones en question est inacceptable, car elle viole le droit international et la souveraineté du Venezuela", selon Caracas.
Le contentieux autour de l'Essequibo
Le lancement en septembre 2023 d'appels d'offres pétroliers par le Guyana dans des eaux au large du territoire de l'Essequibo a relancé le contentieux entre les deux pays sur cette région de 160 000 km2 riche en pétrole et ressources naturelles sous administration guyanienne mais revendiquée par Caracas.
Caracas a organisé en réaction un référendum en décembre sur le rattachement de l'Essequibo au Venezuela. D'un côté, Georgetown répète qu'il est souverain sur "l'intégralité" de son territoire. Le Guyana argue que la frontière, datant de l'époque coloniale anglaise a été entérinée en 1899 par une cour d'arbitrage à Paris.
De l'autre, Caracas estime que l'accord de Genève signé en 1966 - avant l'indépendance du Guyana - jette les bases d'un règlement négocié qui doit se poursuivre et soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. En décembre, les deux présidents se sont rencontrés, faisant baisser une tension grandissante en convenant de ne jamais "recourir à la force". Les deux pays continuent toutefois leur bataille de déclarations.
L'Essequibo compte quelque 125 000 habitants, soit un cinquième de la population du Guyana, et représente les deux tiers de la superficie du pays.