Un ex-astronaute costaricain veut changer son pays grâce à l'hydrogène « vert »

  • AFP
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L'ancien astronaute costaricain Franklin Chang pense que dans dix ans son pays sera "transformé": plus riche et plus propre grâce à la production d'hydrogène vert, un projet sur lequel il travaille depuis dix ans.

"Nous pouvons nous transformer en cinq ou dix ans. On a besoin d'une innovation disruptive et l'hydrogène peut être cela. C'est ce qui s'est passé avec les avions, les ordinateurs, les téléphones cellulaires... En peu d'années, tout a changé", dit à l'AFP le fondateur de l'entreprise Ad Astra Rocket.

C'est à Liberia, dans la province de Guanacaste, qu'il a créé une unité de production d'hydrogène vert à petite échelle.

Lors de ses sept séjours dans l'espace avec des équipages de la NASA, entre 1986 et 2002, Franklin Chang a découvert l'hydrogène vert. L'idée est alors née d'en produire, non pas pour des stations spatiales, mais à échelle industrielle sur la planète Terre.

Pour M. Chang, l'hydrogène vert doit en priorité être utilisé pour le transport. Ce secteur représente 65% de la consommation d'énergie au Costa Rica, majoritairement avec des carburants fossiles importés pour un coût annuel de 2 milliards de dollars, selon les statistiques officielles.

Pour l'ancien astronaute, l'hydrogène vert peut rendre le Costa Rica indépendant des importations de produits pétroliers en étant utilisé à court terme pour les bus, les camions, les bateaux et les avions.

Il peut également être employé pour la production d'engrais, d'acier, de verre, de ciment..., assure Juan del Valle, directeur de production d'Ad Astra Rocket, en soulignant que c'est la seule manière de décarboner ces industries.

Franklin Chang, ingénieur nucléaire de formation, aujourd'hui âgé de 71 ans, explique que "la production d'hydrogène vert est basée sur l'électrolyse de l'eau avec de l'électricité produite avec de l'énergie propre et renouvelable (solaire, éolienne, géothermique et issue de la biomasse), alors qu'au Costa Rica nous avons de l'eau et de l'électricité en abondance".

"L'hydrogène est une puissante source d'énergie, plus que l'essence ou les batteries", relève le scientifique. L'oxygène produit lors de l'électrolyse de l'eau est pour l'instant rejeté dans l'atmosphère, mais il pourrait avoir d'autres usages... par exemple être stocké pour les hôpitaux", s'enthousiasme-t-il.

Soutien de la NASA

Ad Astra Rocket produit de l'hydrogène avec de l'électricité générée par 40m2 de panneaux solaires et une éolienne, explique Franklin Chang, qui reconnaît que pour l'instant le coût de production est élevé.

C'est pourquoi il projette des unités industrielles de production.

Son entreprise, qui a aussi développé le moteur à plasma VASIMR pour les missions spatiales, a obtenu le soutien financier de la NASA. Des entreprises privées se sont aussi lancées dans l'aventure, comme Toyota, qui lui a donné les quatre premiers véhicules légers d'Amérique latine à fonctionner à l'hydrogène vert.

La ville de Connecticut, aux Etats-Unis, lui a donné un autobus à hydrogène baptisé Nyuti, étoile en langage autochtone à Guanacaste, où il a été testé comme véhicule de transport public.

Le plein d'hydrogène de ces véhicules prend entre cinq minutes et un quart d'heure dans la station-service d'Ad Astra Rocket.

Des pays latino-américains comme la Colombie et le Chili testent aussi cette technologie, mais, affirme M. Chang, le Costa Rica est pionnier et bénéficie de toutes les conditions pour être leader mondial comme producteur et exportateur. Ce gaz peut être déterminant pour la décarbonation de l'énergie d'ici 2050 sur une planète en surchauffe, conformément à l'objectif fixé par les Accords de Paris, souligne-t-il.

Le gouvernement costaricien s'est fixé un ambitieux plan de décarbonation et le président Carlos Alvarado a signé en décembre un décret pour promouvoir le développement de l'hydrogène vert.

"Les grandes économies sont loin de produire beaucoup d'électricité renouvelable. En revanche, le Costa Rica produit à 99,8% son électricité d'énergies renouvelables. C'est pour cela que nous sommes en avance. Nous avons même la capacité de produire encore plus d'électricité renouvelable", a insisté le président costaricien.

Selon une étude publiée l'année dernière par le consultant en énergie renouvelable Hinicio, le Costa Rica pourrait produire chaque année six millions de tonnes d'hydrogène vert, soit 8,5% de la demande mondiale actuelle.

L'Allemagne, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et le Canada, notamment, seraient intéressés pour décarboner leur économie, assure M. Chang.

Des entreprises étrangères pourraient investir au Costa Rica pour produire le gaz ou de l'ammoniaque vert, a dit à l'AFP le vice-ministre costaricien de l'environnement et de l'énergie Rolando Castro.

Selon l'étude d'Hinicio, d'ici 2050, le secteur pourrait créer 221.000 emplois et contribuer chaque année pour 484 millions de dollars au PIB du pays.

Commentaires

RB
La biomasse comme le bois n'est pas une énergie propre. Faut il le rappeler.
@Vlady
Dans un feu ouvert la combustion n ' est pas complète , elle émet des particules nocives . Dans un poêle fermé où la température est plus élevée , c ' est déjà plus propre , un poêle à pellets n ' émet quasi plus rien , une installation de chauffage industriel n ' émet pus rien du tout ..... Où est le problème ??
BEE
dans un poêle à pellet, c'est mieux certes, mais pas pour les polluants dangereux. L'OMS recommande de ne jamais brûler le bois pour garantir un air non dangereux pour les animaux. Certes il faut permettre un arbitrage des ressources disponibles et interdire le bois n'est pas intelligent. Mais s'obstiner à refuser la cuisson au GPL (parfaite pour l'OMS) et n'envisager que la cuisson au bois/charbon de bois (85% en Afrique), est le problème. Le bois en Afrique n'est pas renouvelé, mais les institutions internationales insistent sur l'utilisation du bois, en n'acceptant pas les arbitrages de ressources en faveur des Africains (et certains Asiatiques et latino Américains). On doit pouvoir autoriser la cuisson au GPL et stopper la déforestation. https://www.newyorker.com/news/daily-comment/dont-burn-trees-to-fight-climate-changelet-them-grow
@Vlady
En Inde , pour cuisiner , on utilise des "cuiseurs solaires" : il s ' agit d ' une parabole qui concentre les rayonnement solaires , c ' est tout simple !! Ce que les Indiens peuvent faire .... Le gros problème en Afrique est la démographie : elle double à chaque génération , c ' est ça qu ' il faut résoudre avant tout .....
BEE
En Inde, avec 22kg/cap de GPL, soit 88% de la cuisson au GPL, le problème est résolu. Il reste des poches rurales complexes à traiter (pb de castes à gérer dans un contexte réglementaire qui se modifie lentement). Il existe plein d'essais en tous genres, que l'Inde regarde avec condescendance, comme s'ils n'avaient pas le droit de mériter le GPL, comme dans un grand nombre de pays (100% de l'Amérique Latine, 40% de l'Europe, 80% de l'Asie, seule l'Afrique est à la peine). En Afrique, le GPL est partout avec plein de compagnies locales, à la recherche de financement pour les investissements GPL, que les institutions Européennes leur nie... car c'est favoriser du fossile (ils doivent préférer détruire la forêt et la biodiversité, sans doute, en l'absence d'alternative)

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