Taxe CO2 et fermeture d'une centrale au lignite : l'Allemagne veut démarrer l'année en « vert »

  • AFP
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L'Allemagne lance avec la nouvelle année deux projets phare de sa transition énergétique : la facturation de chaque tonne de CO2 émise par les transports et les habitations et la sortie, très progressive, du charbon avec la fermeture d'une première unité de centrale thermique.

Dans les deux cas, ces mesures sont le fruit de longues négociations politiques de la coalition d'Angela Merkel, sous la pression des défenseurs du climat qui jugent que les décisions ne sont pas assez ambitieuses. Dès vendredi, le prix de la tonne de CO2 va coûter 25 euros, avant de passer à 30 euros par tonne de CO2 en 2022, puis d'augmenter jusqu'à 55 euros par tonne de CO2 en 2025.

Les entreprises recourant aux combustibles fossiles - essence, diesel, fuel et chauffage au gaz - vont acheter des droits d'émission sous forme de certificats à prix fixe. Sur les quatre années à venir, le gouvernement table sur 56,2 milliards d'euros de recettes, a indiqué un porte-parole du ministère allemand de l'Environnement à l'AFP.

Côté charbon, c'est avec la mise hors service d'un premier bloc de 300 mégawatts de la centrale de lignite de Niederaußem (ouest), lancée en 1968, que la première économie européenne va inaugurer son ambitieux projet d'abandonner ce combustible polluant à l'horizon 2038. Parallèlement, 4,7 gigawatts de capacité seront débranchés au 1er janvier sur plusieurs centrales à houille du pays. Approuvée au Parlement en juillet, la loi sur la fin du charbon ("Kohleverstromungsbeendigungsgesetz") indique que l'échéance de 2038 pourrait être avancée de trois ans en fonction de bilans d'étape.

Exceptions

Pour l'ONG environnementale allemande "Alliance pour le climat", le prix du carbone fixé dans la loi "n'apporte pas la contribution nécessaire" à la réalisation des objectifs climatique, déclare sa directrice Christiane Averbeck. L'Allemagne a prévu dans le cadre de son paquet climat une baisse de 55% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, par rapport au niveau de 1990, et une production d'électricité couverte à 65% par des renouvelables.

Or l'outil de la taxe carbone est affaibli "par des exceptions de grande portée pour des branches entières de l'industrie", décidées afin de ne pas entraver leur compétitivité, déplore Mme Averbeck. Pour éviter que des entreprises ne délocalisent leur production dans des contrées aux normes moins exigeantes, mieux aurait valu "soutenir les investissements respectueux du climat", souligne une étude du think tank écologique FÖS.

Chauffage plus cher

Dans l'immédiat, les consommateurs allemands vont subir la répercussion du prix du carbone sur les factures à la pompe et pour le chauffage. Le litre de diesel devrait se renchérir de huit centimes d'euro et de sept centimes pour le super E10 dès la première année, a calculé le club d'automobilistes ADAC.

Pour soulager les contribuables, Berlin a prévu une légère baisse de la taxe "EEG" de soutien aux énergies renouvelables, financée grâce aux recettes des certificats carbone. Et l'allocation logement va être revue à la hausse de 10% en 2021 pour plus d'un million de bénéficiaires, selon le ministère de l'Intérieur.

Parallèlement, Berlin subventionne le recours aux produits plus respectueux du climat. Cela a conduit en 2020 à l'envolée des achats de voitures électriques ou hybrides consécutive au doublement de la prime à l'achat entré en vigueur en juillet.

"Le nombre de systèmes de chauffage et de pompes à chaleur sans CO2 a également augmenté de manière significative", a déclaré à l'AFP Oliver Krischer, député du parti des Verts.

Au troisième trimestres 2020, la première économie européenne a encore tiré un peu plus de la moitié de son électricité d'énergies fossiles, avec une part de 26% pour la houille et le lignite. L'abandon du charbon, énergie bon marché à l'origine du développement industriel de l'Allemagne, est compliqué par le chantier de sortie du nucléaire à l'horizon 2022.

Si l'exploitation de plusieurs mines de lignite à ciel s'arrêtera également, celle de Garzweiler, près de Cologne, une des plus grandes d'Europe, continuera de s'étendre, au grand dam des écologistes, en condamnant à la disparition plusieurs villages du bassin rhénan. Des indemnités de plusieurs milliards d'euros sont prévues pour les exploitants afin de compenser l'arrêt des centrales et 40 milliards d'euros iront aux régions minières pour les aider à rebondir.

Commentaires

Gautier
La consommation en Décembre 2020 en thermique fossile a largement dépassé décembre 2019. L'avenir va être effectivement difficile et coûteux pour les consommateurs avec ces nouvelles mesures !
Robin
Le Luxembourg vient de se mettre aussi à la taxe CO2 à partir du 1er Janvier 2021 (à 20 €/T, un peu moins cher donc que les allemands). Dommage que la mesure ait été mal préparée/expliquée/compensée en France et y ait échouée ... Quelle catastrophe pour le climat que de sortir du nucléaire en 2022 et de continuer le charbon jusqu'en 2038! En éspérant qu'en 2038, sans nucléaire, ils auront trouvé et suffisemment développé d'autres moyens que du gaz naturel pour pallier l'intermittance de l'éolien et du solaire, pas tellement plus propre que le charbon point de vue GHG compte-tenu des fuites de CH4 tout au long du processus de l'extraction à la distribution ... Pas sûr non plus qu'une grosse voiture électrique qui roule en Allemagne avec de l'électricité à 420 g CO2/kWh soit meilleure pour le climat qu'une voiture diesel plus petite ... Vraiment les lobby anti-nucléaires ont une responsabilité dramatique dans la catastrophe climatique qui menace de plus en plus ... Je ne suis pas spécialement pro-nucléaire sur le trés long terme, mais à court/moyen terme, fermer une centrale nucléaire en bon état et continuer à brûler du charbon ou du gaz est un non sens dramatique ...
Gautier
Les centrales thermiques fossiles sont particulièrement sollicités ces temp-ci car l'éolien ne fournit pas beaucoup dans l'ensemble quand la demande est forte. Un parc nucléaire beaucoup plus important, avec un bon facteur de production à ce moment de l'année, abaisserait substantiellement les émissions. Mais une certaine opposition irrationnelle l'interdit.
Schricke
C'est vrai que cet aveuglement des décideurs, politiques, notamment, (il est vrai, conseillés par les précieux "acolytes" et "complices" de Mr Rochain !...) est incompréhensible !... Je crains que le choc prochain contre le mur des réalités sera rude, et qu'il sera difficile de s'en remettre ! Hélas !
Dominique Wenger
La nécessité du nucléaire a court terme n'est plus a établir et son avantage sur le charbon est évident. Bien que monté en épingle, la fermeture d'un bloc à Niderhaussern, est sans intérêt. - Un bloc de 300 MW (soit un sixième de Fessenheim) et âgé de plus de 50 ans - Rappelons qu' Datteln, près de Dortmund le bloc thermique de 1100 MW mis en chantier en 2007, est entré en service en 2020. Les "escrologistes" (vous m'accorderez bien ce néologiste bien parlant) dont le lobbyisme a entraîné l'arrêt du nucléaire allemand sont responsables des dégâts causés par les centrales thermiques (GES, réchauffement et toutes les séquelles dont souffrent les riverains), je pense que beaucoup ici en sont parfaitement conscients. Si l'avenir à mon sens est soutenu par le nucléaire, je rejoints ici M. Robin qui y voit une solution immédiate et qui devra être remplacée à terme par des énergies renouvelables et les capacités stockage qui va avec. Aujourd'hui, le nucléaire conjointement au développement des renouvelables constitue la seule alternative viable que je conçoive. L' opposition nucléaire, renouvelables est à mes yeux une escroquerie démagogique. Je profite de ce post pour vous souhaiter à tous (même à M. Rochain) une très bonne et énergétique nouvelle année.
Gautier
Fermer un site nucléaire en bon état de marche, c'est se priver d'une source décarbonée d'électricité et devrait être considéré comme un "crime d'écocide.

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