- Connaissance des Énergies avec AFP
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Un ancien associé d'Olivier Fric, l'époux d'Anne Lauvergeon, a été à son tour mis en examen jeudi pour délit d'initié dans un volet de l'enquête sur le rachat désastreux de la société Uramin par le géant du nucléaire en 2007, a appris l'AFP de source judiciaire.
Conseiller dans le domaine de l'énergie, Olivier Fric, 57 ans, avait été mis en examen le 23 mars pour délit d'initié et blanchiment. Son ancien associé, Franck Hanse, l'a à son tour été jeudi pour les mêmes chefs. Le mari d'Anne Lauvergeon est visé par une note de Tracfin, la cellule de renseignements de Bercy, selon laquelle il a pu tirer profit d'"une information dont n'ont pas bénéficié les autres acteurs du marché boursier" lors du rachat du groupe minier Uramin par Areva.
Dans cette note de juillet 2015, dont l'AFP a eu connaissance, Tracfin s'interroge notamment sur des achats de titres Uramin par une société suisse, Amlon Limited, dont Olivier Fric et Franck Hanse étaient les ayants droit économiques sans apparaître comme les gérants effectifs de la structure. "Il conteste sa mise en examen. Il a apporté tous les éléments et explications techniques qui devraient permettre à terme de le mettre hors de cause", a déclaré à l'AFP l'avocat de M. Hanse, Sébastien Schapira.
Dans sa note, la cellule de Bercy relève des achats importants de titres entre mai et juin 2007, peu de temps avant l'annonce officielle le 15 juin 2007 d'une OPA d'Areva sur Uramin. Ils avaient été revendus en bloc, le 20 juin 2007, permettant de dégager un bénéfice net de près de 300 000 euros.
Dans une interview au Parisien, l'ancienne patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, s'était défendue d'avoir laissé fuiter des informations à son mari. "C'est l'ex-associé de mon mari, un ancien tradeur, qui gérait les fonds de leur entreprise et décidait des placements", avait-elle aussi déclaré le 30 mars.
L'enquête porte plus largement sur le rachat d'Uramin: Areva a déboursé environ 1,8 milliard d'euros en 2007 pour cette opération qui a viré au fiasco financier. Après le départ de sa dirigeante emblématique, Areva avait divisé par cinq la valeur de cette société et le groupe avait dû inscrire dans ses comptes de 2010 et 2011 des provisions de près d'1,9 milliard d'euros.
Deux informations judiciaires sont en cours: l'une porte directement sur l'acquisition de la société, l'autre sur les provisions inscrites par Areva, les magistrats cherchant à établir si elles ont été délibérément prises trop tard pour retarder la découverte de l'effondrement de la valeur d'Uramin.