- AFP
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Les pays du monde entier ont jusqu'en février 2025 pour déposer leurs nouvelles feuilles de route climatiques à l'ONU, selon les obligations de l'accord de Paris de 2015, duquel 195 pays sont membres, en incluant les Etats-Unis qui pourraient en sortir sous la présidence de Donald Trump l'an prochain.
- A quoi oblige l'accord de Paris?
L'accord de Paris de 2015 vise à maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale "bien en dessous de 2°C" par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C. Le monde s'est déjà réchauffé de 1,2°C ou 1,3°C en moyenne, selon la période considérée.
L'originalité du texte onusien est qu'il ne fixe pas à chaque pays des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Chaque Etat fixe ses propres objectifs.
Mais le texte prévoit de faire des bilans mondiaux réguliers (le premier ayant eu lieu en 2023), et d'obliger les pays à mettre à jour tous les cinq ans leurs plans d'action climatique afin d'essayer de combler le retard.
Ces plans sont formalisés dans un document appelé "contribution déterminée au niveau national" (CDN - ou NDC en anglais).
Actuellement, les pays ont des objectifs à 2030. Les nouveaux plans doivent fixer des objectifs pour 2035.
Le chiffre le plus scruté est la réduction promise d'émissions de gaz à effet de serre (et pas seulement de CO2), en général par rapport à 1990 ou 2005 selon les pays.
- Emirats et Brésil -
Les Emirats arabes unis, hôtes de la COP28 l'an dernier, viennent de publier, juste avant la COP29 qui s'ouvre à Bakou lundi, une feuille de route prévoyant une baisse de 47% de leurs émissions d'ici 2035 par rapport à 2019.
Le Brésil, hôte de la COP30 dans un an, a publié vendredi les grandes lignes de son nouvel objectif 2035: -59 à -67% d'émissions nettes par rapport à 2005. Mais des ONG ont critiqué le manque de détails.
- Que faire pour les tenir?
A l'issue de la COP28 de Dubaï, les pays ont été encouragés à adopter une nouvelle mise à jour de leurs plans climatiques qui soit compatible avec une trajectoire de réchauffement limité à 1,5°C.
"Plus nous retardons l'action aujourd'hui, plus ce sera difficile de rester sous 1,5°C et plus importantes seront les conséquences", met en garde Sofia Gonzales-Zuniga, de Climate Action Tracker (CAT).
"C'est pourquoi nous demandons aux gouvernements de passer en mode urgence", a-t-elle dit à l'AFP.
- Sommes-nous sur le bon chemin?
Non.
La mise en oeuvre intégrale des CDN dites "inconditionnelles" mettrait le monde sur la voie d'une hausse des températures de 2,8°C, selon l'ONU Environnement. Les promesses conditionnelles (par exemple conditionnées à l'obtention de financements ou à des efforts d'autres pays) limiteraient cette hausse à 2,6°C.
Les engagements climatiques actuels des pays mènent à seulement 2,6% de baisse des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 2019, au lieu des 43% préconisés par l'ONU.
- Et les énergies fossiles?
Selon le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, les nouveaux plans doivent refléter l'engagement des pays du monde entier à Dubaï d'engager la transition vers la sortie des énergies fossiles - charbon, pétrole et gaz.
"Les nouvelles CDN doivent concrétiser cette promesse", a-t-il pressé.
L'Azerbaïdjan, nation productrice de gaz, a promis d'aligner sa feuille de route avec la limite de 1,5°C.
Mais elle fait partie des pays producteurs d'hydrocarbures qui affirment que le monde a encore besoin de nouveaux projets pétroliers et gaziers - pourtant jugés incompatibles avec l'ambition forte de l'accord de Paris, selon l'Agence internationale de l'énergie.
- Comment rendre les plans crédibles?
"Le strict minimum est de retirer toute référence à l'expansion des énergies fossiles" dans les plans climatiques, estime Paola Yanguas Parra, de l'International institute for sustainable development.
Pour les pays qui n'en font déjà pas mention - comme les Etats-Unis, premier producteur mondial d'hydrocarbures - reconnaître la nécessité de s'éloigner de ces énergies serait "un pas en avant", selon elle.
Il est d'ailleurs probable que les Etats-Unis déposent officiellement leur propre feuille de route avant le départ de Joe Biden de la Maison Blanche le 20 janvier.