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Le gouvernement a renoncé cette nuit à la taxe qui devait porter sur les émissions de CO2 des centrales à charbon en France. Lors des débats à l'Assemblée nationale sur le projet de loi de finances pour 2017, le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, conscient de "l'émoi considérable" suscité par cette question, a assuré que cette dernière allait être gérée "dans le temps".
C’est lors de la dernière Conférence environnementale fin avril 2016 que François Hollande avait annoncé la mise en place d’un prix plancher du carbone dans le secteur électrique en insistant sur le fait que celui-ci serait fixé « unilatéralement » pour « montrer l’exemple ». Durant l'été, Ségolène Royal avait précisé que cette mesure se limiterait aux centrales à charbon à partir de 2017.
Mais l'amendement visant à taxer davantage la production d'électricité à partir du charbon, qui avait été adopté par la commission du Développement durable de l'Assemblée, n'a pas été soutenu cette nuit dans l'hémicycle et n'est donc pas intégré au projet de loi, au grand dam des ONG qui y voient un mauvais signal environnemental à l'approche de la COP22.
"Il serait judicieux d'avoir un étalement dans le temps des dispositions qui correspondent à un principe sur lequel nous souhaitons avancer", le prix plancher du carbone, en faveur de l'environnement, a déclaré le secrétaire d'Etat, qui a souligné que la programmation pluriannuelle de l'énergie prévoyait "au plus tard en 2023 de mettre fin à ces centrales".
Des manifestations à Saint-Nazaire, au Havre et à Marseille
Des rassemblements, à l'appel de la CGT Mines-Energies et de la CGT Port et Docks, se sont déroulés jeudi à Nantes/Saint-Nazaire, au Havre et à Marseille, ainsi que dans quatre centrales thermiques, pour protester contre la « taxe charbon ».
Selon la CGT, cette taxe risquait d'entraîner la fermeture dans les deux ans à venir de quatre centrales électriques et la suppression de 5 000 emplois directs et indirects en France. Environ 400 personnes, selon la CGT - des agents de la centrale thermique EDF de Cordemais, du port de Nantes/Saint-Nazaire et d'autres employés d'entreprises du bassin - se sont rassemblés dans le calme jeudi matin devant le terminal charbonnier de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire, pour demander au gouvernement au minimum un report de la mise en place de la taxe carbone.
A la centrale de Cordemais, "une tranche a été arrêtée" jeudi matin, et l'activité du port était en arrêt depuis 06h00, selon Gwenaël Plagne, secrétaire CGT du CE de Cordemais. Il s'agit d'un "premier coup de semonce pour se faire entendre du ministère de l'Ecologie et de l'Energie", a-t-il averti.
Au Havre, un débrayage a eu lieu jeudi matin à la centrale thermique de 10h00 à 12h00, a-t-on appris auprès de la direction de la centrale de 600 MW. La production est tombée à 50% de la normale, a-t-on précisé. A l'extérieur de la centrale, plusieurs centaines de salariés ont distribué des tracts aux automobilistes, protestant contre la taxe carbone, a-t-on indiqué de source syndicale.
Un arrêt de travail a également été observé entre 12h00 et 14h00 par les syndicats CGT du Grand Port Maritime de Marseille, de la centrale de Gardanne et des dockers de Fos. La grève a été "très suivie", a affirmé Serge Couturis, responsable CGT des dockers de Fos. "Selon nos estimations, la taxe entraînerait quelque 1 000 suppressions d'emplois à Gardanne et Fos", a-t-il dit.
Selon la direction d'Uniper (ex-Eon), qui gère la centrale de Gardanne et s'oppose également au projet de taxe, la centrale a subi une baisse de charge d'environ 35% entre 14h00 et 16h00. Aucune perturbation n'a été enregistrée dans le port de Marseille, selon le Grand port maritime de Marseille (GPMM). Au moins deux autres actions étaient prévues - un meeting avec Philippe Martinez le 27 octobre à Gardanne et une manifestation à Paris le 8 novembre sous les fenêtres du ministère de l'Ecologie - si la CGT n'obtenait pas de réponse de la part du ministère.