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Sur les bords du lac de retenue qui alimente l'une des principales centrales hydroélectriques du Vietnam, Dang Thi Phuong pointe du doigt le sol craquelé où vivaient avant la sécheresse les poissons, la source de ses revenus.
Après la canicule, entre un record de chaleur en mai (44,1 degrés Celsius) et une sécheresse sans précédent, le niveau des eaux au Nord du Vietnam a atteint la cote d'alerte, plongeant les habitants qui dépendent des ressources aquatiques dans de graves difficultés économiques.
Les scientifiques affirment que le réchauffement climatique exacerbe les conditions météorologiques extrêmes, et le Vietnam, à l'image de nombreux pays d'Asie du Sud et du Sud-Est, a subi une vague de chaleur prolongée au cours des dernières semaines.
À la centrale hydroélectrique de Thac Ba, dans la province de Yen Bai, à 160 kilomètres au nord de la capitale Hanoï, l'eau du réservoir est à son niveau le plus bas depuis 20 ans, selon les médias d'État, soit 15 à 20 cm en dessous du niveau minimum nécessaire au fonctionnement de la centrale.
La rivière Chay, non loin de là, n'est guère plus qu'un ruisseau, le filet d'eau ayant laissé apparaître le lit rocheux.
"Normalement, je peux gagner jusqu'à trois millions de dongs (115 euros) par mois en pêchant dans le lac, mais maintenant il n'y a plus rien pour moi", a déclaré Phuong, âgée de 42 ans.
Même ses buffles souffrent de cette pénurie, n'étant plus en mesure de se baigner dans les eaux devenues peu profondes.
Elle s'inquiète aussi pour ses rizières et sa famille.
Brûlures
"Nous utilisons l'eau d'un puits voisin pour notre rizière. Cette année, il s'est asséché", décrit-elle auprès de l'AFP. "Si les choses continuent ainsi, je crains que nous n'ayons plus d'eau pour notre vie quotidienne", assure-t-elle.
La sécheresse a mis à rude épreuve l'approvisionnement en électricité dans le Nord du Vietnam, provoquant des coupures d'électricité soudaines, de plus en plus fréquentes, qui ont mis à mal le secteur économique.
Cette crise frappe notamment le secteur manufacturier, crucial pour le pays, dont les usines ne peuvent plus tourner de manière normale, selon des dirigeants interrogés par l'AFP.
Sur le terrain, Hoang Van Tien, un pêcheur de 60 ans, a déclaré que même s'il y avait du poisson, il faisait trop chaud pour rester sur l'eau.
"J'ai déjà connu ce genre de sécheresse par le passé, mais il ne faisait pas aussi chaud", dit-il.
"Aujourd'hui, il fait trop chaud pour aller au lac (pour pêcher). Il fait trop beau, je m'assois sur le bateau avec une capuche pour me couvrir, mais la chaleur monte de l'eau et me brûle la peau"