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Le spécialiste français du combustible nucléaire Orano pose jeudi la première pierre du chantier de l'extension de son usine d'enrichissement d'uranium Georges-Besse II au Tricastin, dans le sud de la France, qui doit lui permettre d'augmenter d'un tiers ses capacités et grignoter des parts de marché au mastodonte russe du secteur.
Une mise en service complète prévue en 2030
"Cette extension de capacités répond aux demandes de nos clients électriciens de renforcer leur sécurité d'approvisionnement, grâce à une première production prévue dès 2028 et une mise en service complète en 2030", a indiqué le groupe dans un communiqué.
D'un montant estimé à 1,7 milliard d'euros, ce projet permettra à Orano d'augmenter ses capacités de production d'uranium enrichi de plus de 30% sur son site du Tricastin (Vaucluse/Drôme). II consistera à construire 4 modules d'enrichissement complémentaires aux 14 modules existants au sein de l'usine baptisée Georges-Besse II, inaugurée en 2011.
À travers ce projet, le groupe entend répondre à une demande de groupes électriciens qui souhaitent diversifier leur approvisionnement en uranium enrichi, un composant de la fabrication du combustible des réacteurs.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a mis en évidence une volonté dans des pays occidentaux comme les États-Unis, de moins dépendre du mastodonte russe Rosatom pour l'uranium des centrales nucléaires.
Seulement 4 acteurs « enrichisseurs », Rosatom en tête
Le marché de l'uranium compte seulement quatre acteurs "enrichisseurs" dans le monde : le russe Rosatom (43%), premier exportateur, le groupement européen Urenco (31%), le chinois CNNC (uniquement pour son marché intérieur), et Orano (12%), qui traite de l'uranium naturel en provenance du Canada et du Kazakhstan.
"Nous avons obtenu des engagements de nos clients" et "sans ces engagements qui se sont traduits par des commandes fermes, on n'aurait simplement pas pu engager le groupe sur un investissement", de cette ampleur, a expliqué à l'AFP François Lurin, directeur des activités Chimie-Enrichissement.
"Nous avons notamment obtenu des engagements de clients américains, sur de longues durées", a-t-il ajouté. En parallèle, Orano travaille à un projet d'enrichissement d'uranium au Tennessee, pour sécuriser une présence sur le sol américain.
Au pic du chantier, dont le génie civil a été confié à Vinci Construction, la construction mobilisera jusqu'à 1.000 personnes. Les travaux préparatoires ont déjà commencé il y a plusieurs mois.
Ce projet permettra d'alimenter "120 millions de foyers" en électricité et "fait partie des cinq plus importants projets industriels en cours en France aujourd'hui", a indiqué Nicolas Maes, directeur général d'Orano, cité dans le communiqué.