Nucléaire: le "grand carénage" d'EDF conditionné à la prolongation des centrales

  • AFP
  • parue le

Le déploiement du "grand carénage" d'EDF, un vaste programme d'investissements de l'énergéticien dans ses centrales nucléaires, dépendra de la prolongation de la durée de vie des réacteurs jusqu'à 50 ans, a indiqué mardi son PDG, Henri Proglio.

"Il est légitime d'imaginer que la décision définitive du grand carénage ne sera prise que si on a le sentiment que la durée de vie peut aller jusqu'à 50 ans", a déclaré M. Proglio lors d'une audition devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les coûts de la filière nucléaire.

"Ce n'est pas une décision binaire", a-t-il ajouté, précisant que si certains des projets d'investissement prévus dans le cadre de ce plan "ont déjà commencé", "la majorité reste à venir".

La durée de vie des centrales nucléaires a été initialement fixée à 40 ans lors de leur conception, mais EDF plaide pour un allongement de leur durée d'exploitation.

Le plan "grand carénage" d'EDF prévoit de mener pour 55 milliards d'euros de travaux de maintenance et de modernisation des 58 réacteurs nucléaires français qu'il exploite, à l'horizon 2025.

Sur cette enveloppe, 10 milliards d'euros concernent des investissements de mise aux normes des centrales après la catastrophe de Fukushima, en 2011 au Japon, 20 autres milliards pour améliorer la sûreté des réacteurs, 15 milliards pour la maintenance lourde et 10 milliards pour des projets patrimoniaux.

Le gouvernement a réaffirmé à plusieurs reprises sa volonté de réduire de 75 à 50% la part de l'énergie nucléaire dans la production électrique française à l'horizon 2025. Mais les moyens d'y parvenir divisent, entre partisans d'une sortie progressive du nucléaire, défenseurs du tout atome et ceux qui prônent la prolongation de la durée de vie de certaines centrales en échange de la fermeture de plusieurs autres.

Par ailleurs, Henri Proglio n'a pas souhaité se prononcer sur le coût unitaire d'un réacteur de troisième génération EPR, dont le prix avait été estimé de 6 à 6,5 milliards d'euros en février par Hervé Machenaud, le directeur exécutif d'EDF en charge de la production et de l'ingénierie.

"Je ne valide pas tel ou tel chiffre", a-t-il déclaré, estimant que c'était "malvenu" dans le contexte de négociations que l'électricien mène actuellement avec la Grande-Bretagne, qui lui a déjà acheté deux EPR.

L'estimation de M. Machenaud représente près du double du prix affiché lors du début des premiers chantiers en Finlande et en France de ce réacteur de troisième génération de 1.650 mégawatts conçu par Areva. EDF est le maître d'oeuvre à Flamanville (Manche), alors que c'est Areva qui dirige le chantier finlandais.

"Le nucléaire restera un outil très compétitif de production d'électricité à long terme", a insisté Henri Proglio, défendant la position de la France dans le secteur du nucléaire, alors que le président de la République François Hollande s'est engagé à fermer la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) d'ici à la fin 2016.

Le PDG a rappelé qu'en cas de fermeture de la doyenne du parc nucléaire français par l'Etat, il était "naturel que l'entreprise sollicite une indemnisation". Mais les évaluations de son montant "n'ont pas encore été arrêtées" et "seront transmises en temps voulu", a-t-il ajouté, refusant de lancer "une polémique qui n'a pas lieu d'être aujourd'hui".

Ajouter un commentaire