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Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a appelé mardi l'Iran à appliquer des "mesures très concrètes et tangibles" afin de répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur l'avancement de son programme nucléaire.
« Régler les différends » sur le dossier nucléaire
Rafael Grossi a insisté sur la nécessité de "régler les différends" sur le dossier nucléaire alors que le Moyen-Orient vit "des temps difficiles", notamment avec la guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, soutenu par l'Iran, dans la bande de Gaza. "Parfois, le contexte politique met des obstacles à une coopération à part entière" entre l'Iran et "la communauté internationale", a-t-il souligné au second jour de sa visite en Iran.
Pour surmonter ces obstacles, "nous devons proposer des mesures concrètes qui nous aideront à nous rapprocher des solutions dont nous avons tous besoin", a souhaité M. Grossi au cours d'une conférence sur le nucléaire organisée par les autorités iraniennes à Ispahan (centre).
Il a qualifié d'"importantes" les discussions avec les autorités iraniennes qui se sont concentrées "sur les mesures très concrètes, pratiques et tangibles qui peuvent être mises en œuvre pour accélérer le processus".
Depuis la dernière visite de M. Grossi en mars 2023, les relations se sont détériorées entre Téhéran et l'agence basée à Vienne, qui est chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien. Les inspections des sites iraniens ont été fortement réduites, des caméras de surveillance ont été débranchées et l'accréditation d'un groupe d'experts a été retirée.
« Actions hostiles »
M. Grossi avait regretté en février que l'Iran ait restreint "d'une manière sans précédent" sa coopération et dénoncé une "prise en otage". Cette situation renforce les craintes de la communauté internationale alors que Téhéran dispose de suffisamment de matière pour fabriquer plusieurs bombes atomiques, selon des experts.
L'Iran, qui nie avoir de telles intentions, s'est affranchi progressivement des engagements pris dans le cadre de l'accord international de 2015 encadrant ses activités nucléaires en échange d'une levée des sanctions internationales.
Ce pacte, connu sous l'acronyme JCPOA, avait volé en éclats après le retrait unilatéral des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.
"Nous avons le droit légal de réduire nos engagements lorsque les autres parties ne respectent pas leurs obligations", a réaffirmé le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, le principal interlocuteur de M. Grossi.
Le responsable iranien a toutefois affirmé la volonté de son pays de renforcer sa collaboration avec l'AIEA dans le cadre du TNP" (Traité de non-prolifération des armes nucléaires de l'ONU), qui est "au premier plan des politiques" de Téhéran.
Faire fasse à la hausse de la demande iranienne d'électricité
Il n'est pas entré dans les détails techniques, notamment concernant les inquiétudes exprimées par l'AIEA au sujet de traces d'uranium découvertes sur deux sites non déclarés, Turquzabad et Varamin. M. Eslami a dénoncé "les actions hostiles contre le programme nucléaire de la République islamique", en mettant notamment en cause Israël, l'ennemi juré de Téhéran.
En réponse, M. Grossi a affirmé que les relations entre l'AIEA et l'Iran n'étaient pas influencées par "des parties extérieures". Le chef de l'agence atomique avait dit son inquiétude après une attaque le 19 avril dans le centre de l'Iran attribuée à Israël en représailles à des tirs iraniens contre Israël le week-end précédent.
Les sites nucléaires iraniens connus sont notamment situés dans le centre du pays, à Ispahan, Natanz ou Fordo, ainsi que dans la ville portuaire de Bouchehr, où est implantée l'unique centrale nucléaire. M. Eslami a confirmé que l'Iran souhaitait développer son parc nucléaire pour faire face à la hausse de la demande en électricité.