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Un an de sursis : le gouvernement français a décidé de protéger un an de plus les ménages des soubresauts du marché de l'électricité en prolongeant jusqu'à début 2025 le bouclier tarifaire mis en place en octobre 2021 pour limiter les hausses de factures, alors qu'il était jusqu'à présent seulement prévu jusque fin 2023.
"Je nous donne deux ans, d'ici début 2025, pour sortir du bouclier sur l'électricité", en raison des tarifs qui restent "très élevés" par rapport à la situation d'avant-crise, a annoncé vendredi le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, sur LCI.
Ce bouclier tarifaire, annoncé à l'automne 2021 par le Premier ministre d'alors Jean Castex au moment où les prix de l'énergie commençaient à augmenter fortement, devrait coûter 45 milliards d'euros cette année aux finances publiques. Auxquels s'ajoutent d'autres aides énergétiques pour les ménages (carburants, fioul, bois...) et pour les petites et moyennes entreprises.
Malgré ces dépenses, le gouvernement ne cesse de proclamer la fin du "quoi qu'il en coûte", préférant parler d'aides ciblées n'ayant pas vocation à être pérennisées. La production d'électricité par EDF reste "un peu en-dessous de ce à quoi nous pouvions nous attendre, donc ça fait des tarifs qui sont encore plus élevés", a précisé Bruno Le Maire. La sortie de ce bouclier sera donc progressive "pour ne pas inquiéter" les Français.
Les prix de marché de l'électricité restent en effet élevés compte tenu notamment des interrogations sur la bonne marche du parc nucléaire d'EDF, affecté par des difficultés de production, notamment en raison de problèmes de corrosion.
La hausse du tarif réglementé de l'électricité, plafonnée par l'Etat grâce à des subventions, a été de 4% en 2022 et 15% en 2023.
"C'est en soi une bonne chose pour les consommateurs, c'est une mesure positive, puisqu'elle va éviter une explosion des tarifs de l'électricité", a réagi auprès de l'AFP François Carlier, de l'association de consommateurs CLCV.
Pas le gaz
En revanche, le ministre estime que la prolongation du bouclier tarifaire sur le gaz n'est plus justifiée car les cours du gaz naturel ont beaucoup baissé depuis les pics inédits de 2022, causés par la guerre en Ukraine et la fin des exportations de gaz russe vers l'Europe de l'Ouest. Le bouclier s'arrêtera "dès cette année", a annoncé Bruno Le Maire.
Pour le gaz, "il n'y a pas de raison de maintenir le bouclier", a dit Bruno Le Maire, en raison des prix qui "sont revenus à la situation d'avant-crise, à 50 euros le mégawattheure".
Vendredi, le cours de référence du gaz naturel en Europe était de l'ordre de 40 euros le MWh, soit le niveau de l'été 2021, qui était certes déjà environ le double des prix moyens des années précédentes.
S'agissant de l'électricité, M. Carlier indique que, si le bouclier avait été levé comme prévu fin 2023, le tarif réglementé de vente, qui concerne une majorité de clients, aurait explosé quelle que soit l'évolution des marchés, en raison de la façon dont il est calculé par la Commission de régulation de l'énergie.
S'il dépend pour partie d'éléments stables comme le prix du nucléaire produit par EDF et le coût du réseau qui augmente peu, une fraction dépend de la moyenne du prix de l'électricité sur les marchés de gros sur les deux dernières années, explique M. Carlier.
Ne pas pénaliser les consommateurs et avec eux la croissance tout en préservant les comptes publics, l'équation est délicate pour le gouvernement, comme le résume M. Le Maire dans une interview accordée au Courrier Picard : "Il est impératif d'accélérer le désendettement de la France avec un objectif de réduction en 2027 de la dette publique de 4 points supérieurs à ce qui était prévu l'année dernière", explique-t-il.
Parmi les leviers évoqués, la sortie du bouclier tarifaire et la fin des chèques exceptionnels pour l'énergie.