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Le président mozambicain Filipe Nyusi a affirmé mercredi que les islamistes armés qui terrorisent depuis trois ans la province stratégique car riche en gaz de Cabo Delgado (nord) étaient dirigés par des Tanzaniens, qui travaillaient à radicaliser la population locale depuis 2012.
Un groupe désigné localement sous le nom d'Al-Shabab ("les jeunes", en arabe) a lancé une sanglante insurrection en 2017 dans la province à majorité musulmane de Cabo Delgado (nord), frontalière de la Tanzanie, et fait en 2019 allégeance à l'État islamique.
S'adressant aux députés à l'occasion de son discours annuel sur l'état de la Nation, Filipe Nyusi a expliqué aux députés que le gouvernement était conscient dès 2012 du processus d'islamisation à l'œuvre dans la province. "La radicalisation était poursuivie par un citoyen tanzanien, Abdul Shakulo, qui incitait à désobéir aux lois et interdisait l'inscription des enfants musulmans dans les écoles publiques, affirmant qu'ils devaient étudier dans des madrasas (écoles coraniques)", a-t-il affirmé. "L'action criminelle de ces groupes qui se proclament islamistes a débuté en 2012. Le gouvernement du Mozambique connaissait déjà ce projet en 2012 et est parvenu à contenir son expansion jusqu'en 2017", a-t-il souligné.
C'est en 2017 que le groupe Al-Shabab a mené sa première attaque armée, visant des postes de police de la ville portuaire de Mocimboa da Praia, tuant deux policiers. Au total, 570 000 personnes ont fui les violences dans le nord du pays, a précisé le président mozambicain. Et le conflit a fait 2 400 morts, dont plus de la moitié de civils, selon l'ONG ACLED, qui répertorie aussi plus de 700 attaques depuis octobre 2017.
Les djihadistes contrôlent une bonne partie de la zone côtière, y compris le port de Mocimboa da Praia, pris en août, crucial pour l'arrivée du matériel nécessaire aux installations gazières.
Le président mozambicain, né dans la province de Cabo Degado, a énuméré les noms des principaux responsables du groupe djihadiste qui ont trouvé la mort lors d'affrontements avec les forces mozambicaines, soulignant que "leur haut-commandement est principalement composé de Tanzaniens". "Parmi les terroristes tués au combat, il y a des citoyens tanzaniens, congolais, somaliens, ougandais, kényans, et une majorité de Mozambicains", a ajouté Filipe Nyusi.
Plusieurs pays ont proposé leur aide au Mozambique pour combattre l'insurrection islamiste, dont le Portugal - ancienne puissance coloniale -, les États-Unis, la Russie ou la France. "Nous allons intensifier la coopération internationale pour combattre le terrorisme, tout en gardant en vue la priorité qui est de préserver notre intérêt national (...). Le gouvernement s'engage à intensifier la formation et l'équipement des forces de défense et de sécurité. C'est à nous de développer nos propres compétences. C'est à nous d'être en première ligne pour défendre notre pays", a insisté le président.
Le conflit se déroule dans une région stratégique pour l'exploitation d'immenses réserves de gaz naturel liquéfié, sur lesquelles compte ce pays pauvre d'Afrique australe pour augmenter ses revenus et devenir l'un des principaux exportateurs mondiaux.