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Le gouvernement péruvien a doublé vendredi son estimation de la quantité de pétrole qui s'est déversée au large des côtes de ce pays, de 6.000 à 12.000 barils, dont plus d'un tiers ont été récupérés.
Le 15 janvier, une fuite de pétrole s'est produite pendant le déchargement d'un tanker dans la raffinerie de La Pampilla, propriété du groupe pétrolier espagnol Repsol, située à 30 km au nord de Lima. La nappe de pétrole a été poussée par les courants jusqu'à 140 km au nord de la raffinerie. Elle a entraîné la mort de milliers de poissons et d'oiseaux marins et mis des centaines de pêcheurs artisanaux au chômage. En plein milieu de l'été austral, le secteur touristique de la zone est également touché de plein fouet.
Selon le gouvernement, plus de 180 hectares de littoral ont été souillés, ainsi que 713 hectares de zone maritime.
"Nous avons pour le moment le chiffre de 11.900 barils" répandus en mer au cours de la marée noire du 15 janvier, contre 6.000 estimés auparavant, a déclaré le ministre péruvien de l'Environnement Ruben Ramirez à l'occasion d'une conférence de presse. Quelque 11.900 barils correspondent à environ 1.700 tonnes de pétrole.
A titre de comparaison, le naufrage en 1978 du supertanker Amoco Cadiz avait provoqué la fuite de 227.000 tonnes de brut sur les côtes françaises. En 1999, 20.000 tonnes de fioul lourd avait fini dans la mer après le naufrage de l'Erika; après un mois de nettoyage, 115.000 tonnes d'un mélange de fioul et de déchets ont été récupérées.
La raffinerie rejette la responsabilité de l'accident sur la forte houle présente en mer ce jour-là après la puissante éruption volcanique aux îles Tonga qui a provoqué un tsunami dans le Pacifique. Ses responsables affirment que les autorités maritimes péruviennes n'avaient pas émis d'alerte.
Dans une décision rendue vendredi, la justice péruvienne a interdit à quatre responsables du groupe Repsol, dont son président au Pérou, l'Espagnol Jaime Fernandez-Cuesta Luca de Tena, de sortir du pays pendant 18 mois, le temps de poursuivre l'enquête sur la marée noire.
"La demande du parquet est fondée", a déclaré le juge Romualdo Aguedo au cours d'une audience en ligne, validant cette décision .
M. Fernandez-Cuesta Luca de Tena fera l'objet d'une enquête comme "auteur" présumé du délit de "pollution de l'environnement aggravée" à l'encontre de l'Etat péruvien, passible de quatre à six années de prison, et les trois autres responsables péruviens comme "complices", selon le parquet.
"Nous continuerons à coopérer pleinement à toute enquête pénale, comme nous le faisons avec l'enquête préliminaire en cours", a réagi le groupe espagnol depuis Madrid dans un courrier électronique envoyé à l'AFP.
"Notre principale préoccupation est le nettoyage de l'environnement. Repsol concentre tous ses efforts dans les travaux de nettoyage avec la plus grande célérité pour progresser dans les zones affectées", a-t-il ajouté.
Le parquet a également déclaré qu'il était "nécessaire" d'enquêter sur les éventuelles responsabilités de dirigeants d'institutions publiques péruviennes supervisant les opérations maritimes et pétrolières.
Réclamation de 4,5 milliards de dollars de dommages et intérêts
Un tribunal civil péruvien a accepté mercredi d'instruire une plainte en réclamation de 4,5 milliards de dollars de dommages et intérêts contre le géant espagnol de la pétrochimie Repsol et cinq autres sociétés en réparation de la marée noire de janvier.
Le gouvernement péruvien estime qu'au moins 5.000 pêcheurs et commerçants ont été directement impactés par la marée noire de la raffinerie La Pampilla, située à 30 km au nord de Lima.
L'Institut national pour la défense de la concurrence et la protection de la propriété intellectuelle (INDECOPI) réclame trois milliards de dollars pour les dommages environnementaux causés et 1,5 milliard de dollars supplémentaires au titre de compensation pour le manque à gagner.
Un accord d'indemnisation
"Le gouvernement a obtenu de Repsol la signature d'un accord de compensation économique en faveur des personnes touchées par la marée noire dans la mer de Ventanilla", lors du déchargement d'un tanker dans la raffinerie La Pampilla propriété de Repsol, a indiqué sur Twitter Anibal Torres, chef de cabinet du président Pedro Castillo.
"La société s'engage à payer jusqu'à 3 000 soles (environ 731 euros) par personne à titre d'avance", a-t-il ajouté, dans l'attente que soient fixés les montants d'indemnisation individuels.
Repsol, dans un communiqué, a réitéré son "engagement à remédier aux dommages que la marée noire a causés aux communautés de la zone affectée", soulignant qu'elle a déjà débloqué une aide d'environ 3,3 millions de soles (800 000 euros). La compagnie pétrolière a rappelé que l'accident était dû au "mouvement incontrôlé" du pétrolier Mare Doricum en raison de la forte houle provoquée par la puissante éruption volcanique aux îles Tonga qui a provoqué un tsunami dans le Pacifique. Elle a présenté une demande d'indemnisation à la société italienne Fratelli d'Amico Armadori, propriétaire du tanker.
Repsol a assuré le 18 février avoir collecté 98% du pétrole déversé, bien que ce volume diffère des chiffres estimés par les autorités péruviennes. Le ministère de l'Environnement estime qu'au moins 1 400 hectares de terre et de mer ont été touchés, dont 500 hectares de réserve de faune marine protégée.