- AFP
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L'Ukraine et la Russie ont échangé de nouveau frappes et accusations vendredi, à quelques jours de pourparlers sous l'égide des Etats-Unis portant sur un moratoire limité à certaines attaques aériennes.
La Russie a ravagé le réseau énergétique ukrainien en trois ans d'invasion, tandis que l'Ukraine, en représailles de ces attaques quotidiennes, a détruit de nombreux terminaux pétroliers russes avec des drones pour tenter de dérégler la logistique de l'armée russe.
Cette semaine, les présidents américain et russe, Donald Trump et Vladimir Poutine, se sont accordés sur une trêve - validée par leur homologue ukrainien Volodymyr Zelensky sous la pression de Washington - qui ne concerne que les frappes sur les infrastructures énergétiques. Malgré cet engagement verbal, les deux camps s'accusent de continuer à s'en prendre à de telles installations.
Dernières à avoir été touchées, celles de la station de mesure de gaz de Soudja dans la région russe frontalière de Koursk.
Russes et Ukrainiens se sont mutuellement rejeté la responsabilité de cette frappe.
- Station en flammes -
Le site, qui permettait autrefois le transport du gaz russe vers l'Europe via le territoire ukrainien, est occupé par les soldats ukrainiens depuis l'été 2024. Mais les militaires russes s'en sont fortement rapprochés ces dernières semaines, reprenant la ville-même de Soudja, à quelques kilomètres de là.
Vendredi matin, la chaîne de télévision d'Etat russe Rossia 24 a publié des images de la station en flammes.
Le ministère russe de la Défense a accusé les forces ukrainiennes de l'avoir "délibérément fait exploser" et dénoncé "une provocation" destinée à "discréditer les initiatives de paix du président américain".
Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a quant à lui estimé qu'une telle attaque montrait que Moscou ne pouvait pas avoir "confiance en la parole" de Volodymyr Zelensky.
D'autant plus, a-t-il assuré, que l'ordre de Vladimir Poutine de ne pas frapper des cibles énergétiques en Ukraine était toujours "en vigueur", selon lui, après que Kiev eut accusé la Russie de violer cet engagement.
- Pas de "volonté de paix" -
L'état-major de l'armée ukrainienne a, de son côté, dénoncé des accusations "sans fondement", affirmant que les Russes ont "tiré des obus d'artillerie" dans la nuit sur la station de Soudja.
Celle-ci avait déjà été visée "l'été dernier par des bombes aériennes guidées et, il y a trois jours, les Russes l'ont de nouveau frappée avec des bombes guidées", a-t-il assuré.
Outre les combats quotidiens dans la région de Koursk, l'armée russe a envoyé dans la nuit 214 drones contre l'Ukraine et lâché des bombes guidées, selon les autorités ukrainiennes.
Le président Zelensky a déploré une nouvelle attaque aérienne "massive".
Plusieurs régions ont été ciblées, a relevé l'armée ukrainienne, qui a fait état d'"incendies dans un centre commercial et plusieurs magasins" dans celle d'Odessa (sud). "Un immeuble résidentiel a été endommagé" et trois enfants ont été blessés, a-t-elle ajouté.
Sur place, un journaliste de l'AFP a vu dans la matinée un bâtiment largement consumé par les flammes.
Dans la région méridionale de Zaporijjia, "six personnes ont été blessées par des bombes aériennes russes, dont un enfant de quatre ans", a encore dit l'armée urainienne.
Volodymyr Zelensky a appelé ses alliés, y compris les Etats-Unis de Donald Trump, qui assure se trouver "au milieu" entre les deux belligérants, à faire "pression" sur la Russie pour parvenir à la fin de la guerre.
"C'est une pression commune sur la Russie, accompagnée de sanctions plus sévères et d'un soutien plus fort à la défense à notre pays, qui ouvrira la voie à la fin de ce type de terreur", a-t-il plaidé sur les réseaux sociaux.
Le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, qui pousse pour faire entendre la voix de l'Europe dans le règlement de la situation en Ukraine, a quant à lui estimé sur X que les dernières attaques nocturnes montraient que la Russie ne voulait "pas la paix".
La Russie a, pour sa part, affirmé que son territoire avait été pris pour cible dans la nuit par 43 drones mais qu'il n'y avait pas eu de dégâts majeurs.
L'Allemagne a de son côté approuvé vendredi une nouvelle enveloppe d'aide militaire à l'Ukraine d'un montant de trois milliards d'euros.
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